Après l’hommage académique d’hier, l’anthropologue sera inhumé demain dans son village natal.
Parfait Tabapsi (Stagiaire)
" De mémoire d’enseignant dans cette université, jamais pareil hommages n’ont été organisées depuis sa création ". C’est par ce propos qu’un enseignant, entre deux pleurs, a achevé son hommage au professeur Abéga. Dans cet amphithéâtre où le défunt avait ses habitudes ; où il avait édifié nombre de ses étudiants dans des communications qui sont restées inoubliables pour beaucoup d’entre eux présents à l’heure de saluer la mémoire de leur enseignant.
Dans cet amphi donc, les étudiants côtoyaient la famille du défunt, leurs enseignants et de nombreux curieux accourus par cette cérémonie qui restera pour le moins inoubliable. Dans une atmosphère où il était impossible de se frayer un chemin tant les recoins les plus cachés avaient été pris d’assaut. A la table, toute la hiérarchie de l’Université catholique d’Afrique centrale qui l’a accueilli quinze années durant, s’était installée.
Avec pas loin des invités de marque comme l’attaché culturel Jean Michel Kasbarian de l’ambassade de France. Une cérémonie qui aura vu les professeurs Mbondji Edjenguélé et Jean Didier Boukoungou dire combien leur collègue était d’une " rigueur, d’un sens de l’humour " hors du commun.
Lui qui a su plus que d’autres égayer son entourage de petites histoires qui enchantaient ceux qui l’écoutaient. Avant que plus loin, le deuxième n’ajoute même que le collègue avait mis sa vie au sens de la connaissance et de la beauté ; qu’il était " l’une des figures les plus illustres de notre temps et de notre université ". Les uns et les autres pouvaient alors laisser éclater des sanglots longtemps contenus. Pour sa part, la veuve dans son voile blanc restait calme, rentrant sans doute sa douleur que ses traits tirés pouvaient laisser entrevoir. A ses côtés, les orphelins semblaient tout autant dignes, eux qui ne réalisent sans doute pas encore l’absence qu’ils vont devoir supporter pour le restant de leur vie en cette terre.
PleursAvant l’hommage académique et la messe qui l’a précédé en ce campus de la montagne des fourmis (c’est la signification de Nkolbisson), une foule nombreuse s’était tout autant donné rendez-vous à l’Hôpital Gynéco-obstétrique à l’autre bout de la capitale le matin. Prévue et commencée à l’heure, la levée du corps a finalement duré une soixantaine de minutes. Le temps que les uns et les autres puissent se rendre compte que le professeur Abega s’en était effectivement allé. Lui qui semblait devoir encore des comptes, notamment en termes de création littéraire et de recherche scientifique, à cette terre qu’il était prêt à butiner encore et encore. Il était couché là sur son catafalque dans un costume beige qui ne masquait pourtant pas son visage déterminé et luisant. Il semblait dire à ceux qui lui défilaient tout autour trente minutes durant qu’il ne partait pas, mais effectuait seulement une mue vers un monde où il aurait une vue plongeante sur celui qu’il venait de quitter et qui ne lui aura pris au final que cinquante deux ans. Des pleurs, il y en a aussi eu, sans qu’ils ne traînent pourtant en longueur. Surtout que le programme prévoit une veillée d’adieu en son domicile de Yaoundé avant le départ pour Ntom-Lebel par Sa’a. Il pourra alors rejoindre tranquillement les siens dans la nuit de l’éternité. Ce sera demain à 15 heures précises.