HUBERT MONO NDJANA : “AUCUNE DISSOLUTION N’EST PROGRAMMEE”

A la veille du conseil d’administration de la Sociladra, son président, de passage à Douala, a bien voulu répondre aux questions de La Nouvelle Expression. Et surtout situer l’objet et les enjeux du conclave.

Qu’est-ce qui explique votre présence à Douala ?
Nous sommes venus à Douala procéder au recouvrement des droits d’auteur. Nous avons, par ailleurs, appris que le directeur général par intérim de la Sociladra a réuni les employés, pour leur annoncer une probable dissolution de la Sociladra et, peut-être, la création d’une nouvelle structure un peu comme cela se fait à la Socidrap. Nous sommes venus porter un communiqué, pour rassurer les employés, les membres, les artistes et l’opinion. Il n’y a aucune dissolution programmée, car ce n’est que l’assemblée générale qui peut prononcer la dissolution lorsque le conseil d’administration lui aura expliqué les difficultés. Il n’y a pas de dissolution administrative. L’assemblée générale n’ayant pas siégé ni le conseil d’administration, nous sommes outrés d’apprendre que notre société sera dissoute.

Pouvez-vous nous parler de l’objet du conseil d’administration qui se tient demain ?
L’objet est l’adoption du budget de l’exercice 2007. En même temps, nous allons évaluer le travail accompli par le directeur général par intérim nommé le 18 juillet 2006. Il est question qu’il nous fasse un rapport d’activités, voire sur sa gestion financière. Nous aimerions profiter de cette occasion, pour clarifier nos relations avec tout l’environnement institutionnel. Notamment avec la commission permanente de médiation et de contrôle des organismes de gestion collective. Tous les administrateurs ont senti que cette commission était envahissante. Nous acceptons le jeu institutionnel de la commission. Mais, nous constatons qu’elle a cessé de s’exprimer en tant que commission. Elle a pris la voix d’une seule personne qui travaille en ses lieu et place. Elle a pourtant des règles de fonctionnement. Elle devrait prendre des résolutions à la majorité simple des présents et des votants. Tous les membres de cette commission sont encore vivants et disponibles. Malheureusement, ils ne se réunissent pas. Une seule personne s’arroge le droit de descendre dans toutes les sociétés de gestion collective donner des instructions. Pendant qu’on implantait les sociétés, nous avons usé de souplesse. Ce n’était pas de la faiblesse. Nous voudrions, aujourd’hui, que les choses soient clarifiées et que la commission s’adresse aux différentes sociétés en tant que commission. C’est-à-dire par l’intermédiaire des résolutions formellement prises. Ceci, pour éviter la dérive totalitaire, la volonté de puissance que nous sentons se manifester. Nous voudrions qu’il y ait un jeu institutionnel conforme aux règles et aux statuts de toutes les sociétés de gestion collective.

Que ferez-vous pour mettre fin à cette situation ou pour la contourner, si la Commission permanente de médiation et de contrôle continue de fonctionner de la manière que vous déplorez ?
Nous sommes une société civile jouissant d’une totale autonomie. Les décisions se prennent de manière souveraine, à travers le conseil d’administration qui, je le répète, avait fait preuve de souplesse. Mais, beaucoup ont pensé que c’était de la faiblesse. Nous voudrions faire jouer toutes nos prérogatives de société civile de droit privé. Nous ne sommes pas une société d’Etat, nous aimerions que l’on respecte la personnalité de la Sociladra, et qu’on nous laisse jouir de notre autonomie administrative à attirer l’attention sur les manifestations d’une volonté de puissance que nous ne pouvons plus continuer à accepter. Parce que, nous sommes là pour défendre les intérêts des artistes et des membres. Nous avons constaté qu’au lieu de servir les sociétés de gestion collective, certaines gens se servent plutôt des sociétés de gestion collective.

Jusqu’où entendez-vous aller dans la stratégie de récupération de votre souveraineté ?
Pour éviter qu’il y ait un clash, au moment où les sociétés s’implantaient encore, nous avions décidé de laisser faire. C’était d’un commun accord. Nous croyons qu’aujourd’hui, les sociétés sont suffisamment assises et notre volonté de nous libérer à pu inspirer l’autre volonté de dissoudre la corporation. Nous tenons à dire, haut et fort, que seule une Assemblée peut dissoudre une société comme la nôtre. C’est vrai que nous avons des difficultés financières. Ceci, parce que le président de la République a mis, à la disposition de tous les artistes camerounais, individuellement considérés, ou ceux de la gestion collective, un milliard de francs Cfa dans un compte appelé ”fonds d’affectation spéciale”. Les missions de ce fonds consistent à aider les artistes individuellement, pour produire les spectacles, diffuser, etc. d’autres missions de ce fonds consistent à appuyer les nouvelles sociétés en création. Or, depuis 3 ans, malgré les dossiers, que nous avons présentés, nous n’avons reçu aucun Kopeck. C’est inadmissible. Nous fonctionnons comme des orphelins.

Vous êtes-vous plaint à qui de droit ?
Nous n’avons pas voulu engager un contentieux. Nous avons fait un recours auprès de celui qui gère ce compte-là. C’est face à son silence que nous fonçons devant vous, pour alerter l’opinion et nous nous réservons le droit d’utiliser toutes les voies de recours pour avoir l’appui de ce compte. Les sociétés sont éligibles à ce compte d’après la volonté du président de la République. Nous ne comprenons pas pourquoi des sociétés créées par la volonté du législateur camerounais sont abandonnées alors que le président de la République a donné des moyens suffisants ? Si nous avions une partie de ce fonds, on aurait peut-être moins de difficultés. Nous travaillons très dur. Nous sommes ici en mission de recouvrement. Nous recevons un peu d’argent, nous augmentons le portefeuille et l’assiette. Nous ne voulons pas qu’une main mise étrangère vienne empêcher l’évolution et l’épanouissement de notre société.

Qu’est ce que le public peut attendre du conseil d’administration de la Sociladra prévu demain samedi ?
C’est le renforcement d’une très grande société. Nous n’entendons pas nous faire émasculer encore. Nous voulons rassurer tous les artistes membres et adhérents de notre corporation, leur dire que la Sociladra va fonctionner, selon les statuts, les lois et règlements en vigueur. De manière à garantir une grande survie à nos artistes et à notre corporation.

Entretien mené par
Publié le 07-12-2006
La Nouvelle Expression

mboasawa

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