James Brown vient de mourir. Quelles images gardez-vous de cet artiste ?
Je pense que le monde entier perd un de ses dignes fils. C'était un monsieur hors pair de par la qualité de ses œuvres. De par la qualité de sa voix, une voix exceptionnelle qui a marqué beaucoup de générations. Il a eu une carrière riche et mouvementée. Je pense qu'il aura été exceptionnel dans tous les domaines et pour tout parachever, il est mort un jour exceptionnel. Il est mort à Noël. C'était un homme exceptionnel à tout point de vue.
L'écoutiez-vous comme Otis Reding qui a marqué votre jeunesse de mélomane et de musicien ?
Oui, bien sûr. James fait partie des musiciens dont je ne peux pas parler au passé. Quand je l'écoute c'est avec beaucoup de plaisir et c'est du bonheur. Je l'écoute jusqu'à maintenant et j'ai amené les enfants à aimer aussi James Brown.
Vous a-t-elle donc influencé, cette musique de Brown ?
Aucun artiste ne peut dire qu'il n'a pas été influencé par James ou par la puissance de son rythme, de ses écrits, de sa danse. Il a influencé toutes les générations jusqu'à celles d'aujourd'hui. On entend ses cris dans toutes sortes de musiques jusqu'à l'heure actuelle. Il a aussi influencé tous les courants musicaux, que ce soit le R'n B, le funk. C'est un monsieur qui avait du talent et tout ce qu'il abordait, il l'abordait avec une particularité dont il était seul à détenir le secret.
Et sur les musiciens africains qui allaient à la conquête de la scène internationale au moment où il était au sommet de son art ?
On ne pouvait pas le copier en Afrique en essayant de faire comme lui. Mais, chacun retenait un élément de lui qu'il estimait bon. Personne ne pouvait faire comme lui, il avait une voix exceptionnelle. Je pense qu'étant donné qu'il a eu des titres forts que tout le monde a aimés, on a dû se laisser influencer que l'on le veuille ou non. Et à moment donné, cela peut ressortir à travers une mélodie, un pas de danse ou même un cri que l'on pousse pour l'imiter.
Au sujet de Hot Koki, comment ce morceau est-il devenu une affaire ?
C'était mon premier album. Quand il [James Brown, Ndlr] est venu au Cameroun en mai 1975, je suis allé lui remettre cet album à l'hôtel des Cocotiers, l'actuel Méridien [à Douala]. Il a dû flasher sur la mélodie qu'il a interprétée. Ce qui m'a poussé à porter plainte, c'est qu'il n'avait pas marqué mon nom. Par l'intermédiaire des avocats nous l'avons traîné en justice et quatre ans après j'ai gagné le procès. Je regrette sa mort profondément comme tout artiste, comme tout être qui aime la musique. C'est une énorme perte pour nous tous.
Le jeune musicien que vous étiez alors a perçu cette affaire comme un vol ou une encourageante reconnaissance du talent naissant ?
C'était un sentiment mitigé. En même temps c'est un vol, en même temps c'est un honneur de se faire copier par un grand comme celui-là. Personne ne peut cracher dessus. C'est à la limite un souhait qu'un grand comme celui-là vous interprète. Il faut seulement qu'il prenne la peine de marquer le nom.
Cette affaire a-t-elle contribué à faire avancer votre carrière ?
Je n'ai pas pu évaluer cet incident malheureux. Je pourrai peut être un jour, dans le suite de ma carrière, revenir sur cette chanson pour l'exploiter. Il n'est pas tard.
Avez-vous jamais rencontré James Brown ensuite ?
Non. J'étais d'ailleurs en train de vouloir prendre contact avec lui, quand j'ai appris sa mort. Un ami m'a appelé des Etats-Unis, au sujet des deux versions de Hot Koki et Hustle [le single de Brown qui reprenait Tala], il était question de voir ce nous pouvions faire ensemble. Malheureusement…
Vous servez un nouvel album à la suite de Hot Koki et des autres cependant.
A ce sujet j'implore simplement les Camerounais de ne pas aller dans la rue acheter des pirateries.
Mutations
Voir une interview de André-Marie Tala
mboasawa
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