La légitimité de la métaphysique en question

En s’inspirant d’Aristote, Kisito Stephen Forbi montre qu’elle décrit l’expérience de l’homme sans limitation.

Ce manuel de Kizito Stephen Forbi est une initiation aux questions métaphysiques fondamentales.
Il vise à aider le lecteur à acquérir «les compétences fondamentales en raisonnement et en analyse critique métaphysique par l’étude des types d’argumentations des structures logiques et les critères employés par les philosophes ».

En reprenant à nouveaux frais les problèmes traditionnels, Kisito Stephen Forbi veut lever le discrédit qui plane sur cette science qu’est la métaphysique. Par métaphysique, il faut entendre la possibilité de connaître l’être, le savoir abstrait et le plus exact, la science d’explications suprêmes, mieux, ce discours qui ne s’arrête à aucun objet d’expérience (sensible ou descriptible). Son étymologie indique qu’elle vise le dépassement de la nature ou de l’expérience. C’est précisément cet apparent éloignement de l’observation empirique qui pousse à croire qu’elle est une science obscure, hermétique. Elle irrite des étudiants, même si certains enseignants  anti socratiques peuvent se vanter d’être des « onto-métaphysiciens ». Sinon, comment comprendre les expressions telles que l’Etre, l’étant, l’être de l’étant, l’époqualité de l’être, onto-théologie, ontique… Même un enseignant de français n’y comprendrait rien du tout ! L’apprentissage du vocabulaire technique est donc indispensable. C’est pourquoi, on se demande par moments si la métaphysique est «une simple affaire de pensée » ou une simple « érudition académique ».

La science métaphysique que propose Aristote a pourtant une parfaite harmonie avec l’expérience. Le dissident platonicien  (Aristote) montre au contraire que la philosophie n’est pas désuète. Elle est certes abstraite mais les progrès scientifiques ne peuvent pas annoncer sa mort, car « l’Homme a toujours posé des questions sur sa vie sur terre (…) Qu’est-ce qu’il est venu faire sur terre ? Que deviendra sa vie après la mort ? » A cela, on peut ajouter les questions vitales auxquelles on ne peut pas se soustraire, telles que la mort, le bonheur, l’existence de Dieu, la liberté. Autant de préoccupations qui viennent rappeler la spécificité de l’activité philosophique, qui porte sur des questions distinctes des sciences « dures ». D’où l’intérêt de l’ouvrage qui démontre que l’Homme ne peut maintenir son humanité qu’en s’ouvrant à ce qui le dépasse.

L’ouvrage qui comporte onze chapitres décrit la science spéculative d’Aristote, traite de son objet, de la relation avec d’autres sciences, des outils de la métaphysique, de la structure de l’être statique, de ses propriétés intrinsèques et extrinsèques du devenir. Kisito Stephen Forbi est jésuite et enseignant à la Faculté de philosophie de l’université catholique d’Afrique centrale. Il est également l’auteur d’un précédent ouvrage intitulé « Rainbow of educational philosophies : methods and models ».
 

Kizito Stephen Forbi
Initiation à la problématique de l’être chez Aristote : Fondements de la métaphysique
Presses de l’Ucac
2010
211 p
 
 
 
 
 
 
Jean-Philippe Nguemeta

mboasawa

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