L’Affaire Diboulé bloquée à Yaoundé

La procédure engagée depuis l’assassinat en mai 2006 de Grégoire Diboulé, militant du Sdf, est bloquée au parquet d’instance du Mfoundi.


“ Nos militants sont détenus de manière injustifiée. En tant que avocat, j’ai entrepris toutes les démarches. Le ministère public bloque toute la procédure. Et garde en prison illégalement nos militants. Cette affaire est devenue une affaire politique. ” Ainsi s’exprimait récemment à Yaoundé Me Mbah Ndam. C’était au cours d’un point de presse qu’il a convoqué dans son bureau à l’Assemblée nationale, jeudi 24 janvier. L’avocat des militants du Social democratic front (Sdf), emprisonnés suite à la mort de Grégoire Diboulé, militant de ce qui était alors la fraction Sdf dirigée par Me Bernard Muna, voulait ainsi attirer l’attention des médias sur ce qu’il considère comme “ une détention infinito ” de ses 21 camarades.
Il a commencé par rappeler le contexte de cette affaire partie d’un congrès convoqué par une tendance du Sdf d’alors. Des militants du Sdf, affidés de Fru Ndi, avaient été interpellés suite à l’assassinat de Diboulé. “ L’information judiciaire ouverte à ce propos s’est achevée en décembre 2006. Depuis cette date jusqu’à ce jour nos militants n’ont pas été renvoyés devant une juridiction de jugement”, affirme Me Mbah Ndam. Il évoque les actions entreprises entre temps : les requêtes pour mise en liberté provisoire, puis les requêtes pour libération immédiate déposées au parquet d’instance du Mfoundi. “ A chaque fois, le ministère public a opposé une fin de non recevoir. Aujourd’hui, nous n’avons plus de voie de recours pour libérer nos militants ”, explique-t-il.
L’article 222 du Code de procédure pénale dispose qu’après 18 mois, la procédure engagée au parquet doit connaître une issue. Les individus inculpés et mis sous mandat de dépôt sont soit renvoyés devant une juridiction de jugement, soit alors c’est un non lieu qui est prononcé. Ce même article menace de sanction les magistrats qui n’obéissent pas à cette disposition du Code de procédure pénale. Me Mbah Ndam explique : “ Dans le cas d’espèce, nos militants qui sont actuellement au nombre de 21 (un est mort et un autre est gravement malade) sont accusés de meurtre, violence, complicité d’assassinat, blessure légère et coaction. Le juge d’instruction a fini son travail. Et l’information judiciaire ne semble pas avoir confirmé ces accusations. Ces gens doivent normalement être libérés ”.
Pour Mbah Ndam, “ il s’agit bien d’une affaire politique. Le pouvoir en place au Cameroun dans cette affaire veut utiliser la justice pour contrôler le Sdf, pour qu’il ne manifeste pas lors de la révision constitutionnelle qu’il prépare en ce moment. Nous sommes parfaitement au courant. ” Au parquet d’instance du Mfoundi, c’est le silence absolu. “ L’affaire est encore en instruction. Le procureur ne peut rien dire aux médias. Il faut laisser la justice suivre son cours ”, explique un greffier approché par Le Messager. Du côté de l’Afp, dont Me Muna est le président national, on préfère aussi “ faire confiance à la justice, et s’abstenir de commentaires ”.
 

Par Jean François CHANNON

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