Emploi des jeunes : la difficile insertions

Dépourvus de formation précise, manquant d’expérience, ils sont nombreux à faire face au chômage.

Cinq ans. Cela fait exactement cinq ans que Patrice Ebogo a obtenu sa licence en histoire à l’Université de Yaoundé I. Cinq ans qu’il se bat pour obtenir un travail décent quelque part. Sans succès. Partout, il reçoit les mêmes réponses. « Quand on daignait jeter un coup d’œil à mes dossiers et que je passais les entretiens, on me disait à chaque fois qu’une licence en histoire n’aide pas et que ça n’a pas de valeur. Je me voyais enseignant d’histoire mais là encore, il faut retourner à l’école et c’est une autre histoire », explique Patrice Ebogo. Le jeune homme s’est rabattu sur plusieurs petits boulots pour survivre. « Actuellement, je suis bendskineur. Je déteste ça mais je n’ai pas le choix », reconnaît-t-il.

Maurice Tsoungui a pour sa part très vite compris que sa licence en philosophie ne l’aiderait pas beaucoup à trouver du travail. « Ça ne veut absolument rien dire, ce diplôme. Je n’ai aucune formation concrète, surtout si on me compare à ceux qui ont fait des études de médecine, de journalisme ou d’ingénieur. Aussitôt ma licence en poche, j’ai décidé de suivre une autre formation pour maîtriser quelque chose de concret », raconte Maurice. C’est ainsi qu’il se retrouve chez un plombier pour apprendre le métier. « J’avais des opportunités de ce côté et je me suis dit que j’y gagnerai mieux ma vie qu’en comptant sur ma licence en philosophie. Aujourd’hui, je suis à la tête d’une petite entreprise de cinq employés et je m’en sors pas mal », affirme le plombier.

En dépit des efforts du gouvernement et de quelques entreprises du secteur privé, l’insertion des jeunes dans le milieu professionnel reste un véritable problème. Manque d’expérience et formation inadaptée sont reprochés à ces jeunes chercheurs d’emploi. « Nous avons de plus en plus de programmes favorisant la professionnalisation des enseignements dans les universités. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut permettre à ces jeunes d’avoir des compétences précises et surtout leur donner les moyens de financer des microprojets », estime Louis Kamga, de l’Association pour la promotion des jeunes.

La précarité du monde de l’emploi a ainsi favorisé une ruée vers des métiers comme l’informatique, le commercial et la …couture. « Il paraît que l’informatique mène à tout désormais. C’est pourquoi on trouve de plus en plus de structures de formation. Beaucoup de jeunes chômeurs se lancent aussi dans la couture. Le secteur est en expansion et il ne nécessite pas de grands moyens. Nous avons financé l’année dernière une dizaine de jeunes, de sexe féminin comme masculin, qui voulaient ouvrir des ateliers », ajoute Louis Kamga. Le chemin est encore long et semé d’embûches mais des initiatives comme la Semaine de l’emploi jeune du Fonds national de l’emploi (FNE) permettent de garder l’espoir. Un mince espoir, mais un espoir quand même.

Josiane R. MATIA

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