Hausse drastique des prix à Laquintinie

Vie chère à Douala

Depuis le début du mois de février 2008, les coûts des prestations ont été revus à la hausse. Malgré le discours du chef de l’Etat contre la vie chère.

Devant le guichet unique de l’Hôpital Laquintinie de Douala, un papier volant y est accroché. On peut y lire : “Carnet de consultation 1500 Fcfa ”. Il a fallu que plusieurs patients qui en étaient encore à l’ancien prix (1000 Fcfa) protestent et soupçonnent d’arnaque les agents de guichet pour que ce papillon soit affiché. Alors que les malades croient qu’ils sont au bout de leurs peines, ils découvriront qu’à chaque étape de leur traitement, ils doivent faire face à une augmentation tacite des prix. “ Vous savez que Laquintinie fonctionne sous la formule des codes ; c’est lorsque nous allons payer les codes que nous nous rendons compte que presque tous les prix ont augmenté”, raconte Souaïbou, garde-malade.
Des hausses qui n’ont épargné aucun service, même pas ceux annoncés gratuits à l’instar du traitement Vih/Sida. Aussi bien au niveau du dépistage que de la prise en charge. Au pavillon du jour qui en a la charge, on apprend que toutes les prestations qui coûtaient 1000 Fcfa telles que la consultation, le renouvellement, pour ne citer que celles-là, ont été réévalués à 1500 Fcfa. C’est ainsi que les frais de laboratoire pour l’examen Hiv1 et Hiv 2 et le rétro fixés à 8.050 Fcfa reviennent actuellement de 12.250 Fcfa.
Même chose pour les autres services. La goutte épaisse qui coûtait 2500 Fcfa revient à 3.500 Fcfa, le Widal est passé de 5.500 Fcfa à 8.750 Fcfa, la numération formule sanguine (Nfs) qui s’élevait à 5.700 Fcfa est désormais à 7.875 Fcfa, le Pcv et l’antibiogramme qui valaient 12.850 Fcfa sont à 13.125 Fcfa. Les frais d’hospitalisation connaissent une augmentation de 600 Fcfa par jour. L’augmentation des coûts à l’hôpital Laquitinie (entre 20 et 50% pour la consultation, le laboratoire et l’hospitalisation) a une implication sociale énorme. En décembre 2007, pour soigner un sérieux paludisme, un patient dépensait en moyenne 30.000 Fcfa. Avec les augmentations, il doit désormais débourser près 45.000 Fcfa !

Ramer à contre courant
Cette augmentation conforte les populations dans leur dénonciation de la vie chère. La pratique, à l’Hôpital Laquintinie, rompt avec le discours politique qui ne s’accompagne sur le terrain d’aucune mesure concrète pour l’instant. On est encore à comprendre comment le Dr. Gérémie Sollé, directeur de l’établissement, en est arrivé à cette décision, alors même que dans le hall de son bureau, une grande affiche du ministère de la Santé publique reprend deux extraits forts importants du message du président de la république. “ Aucun Camerounais ne saurait être privé de soins…”, dixit Paul Biya le 8 juillet 2001. Et celui de l’ancien directeur de l’Oms sur le credo qui devrait sous-tendre les soins de santé publique. “ Nous ne devons pas oublier les malades. Notre profession n’est pas de nous faire de l’argent. Un personnel de santé est plus heureux quand il prend correctement soin de son malade ”, dixit Dr. Lee Jong-Wook, à Yaoundé le 21 février 2005.
A ce sujet nous avons appris que le Dr. Sollé a mis en place depuis un an, les bons de prise en charge vert et jaune qui permettent de soigner en cas d’urgence les malades dont les pronostics vitaux sont menacés et qui sont dépourvus de moyens financiers. C’est le cas des indigents, bandits et des cas issus des catastrophes. Selon les médecins de cet hôpital, la “ légère ” augmentation que connaissent les volets consultations et hospitalisations rentre dans une politique mise en place par l’administration de cet hôpital pour “ assurer les prestations de qualité qui faisaient défaut et lutter contre le rançonnement”. Notamment en essayant de couvrir les charges supplémentaires qui entrent dans chacune des prestations. Ce que soutient la direction de l’hôpital Laquintinie. “ C’est une augmentation qui a été discutée avec les médecins avant de le défendre au comité de gestion qui ne l’a pas accepté de gaieté de cœur ”, souligne Gérémie Sollé. Et de conclure : “Nous ne sommes pas dans une structure qui doit faire des bénéfices, mais au moins nous avons l’obligation d’équilibrer nos comptes ”.
 

Par Mathieu Nathanaël NJOG

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