Bakassi, une colonie nigériane

Cameroun/Nigeria – Au quotidien

Les autorités camerounaises ne font absolument rien pour le contrôle efficace des îles de la région.

“ Nous attendons avec impatience le 14 août prochain. Nous verrons ce que fera le gouvernement pour faciliter la vie et viabiliser cette région majoritairement peuplée de Nigérians. Les Nigérians sont maîtres de tout dans ces îles. C’est eux qui contrôlent toutes les activités. ” Michaël Negu, Camerounais exerce comme convoyeur dans une pirogue (en planches) assurant le transport des produits halieutiques (poissons, crevettes, écrevisses) et autres marchandises entre Ekondo Titi au Cameroun et Ekang au Nigeria, via les îles de Bakassi. Il ne comprend pas pourquoi, jusqu’à lors, le Cameroun se limite à la revendication de son territoire, sans poser des actes concrets en vue de son contrôle effectif.
Villages de pêcheurs (ils sont tous des Nigérians), ces îles sont essentiellement habitées par les compatriotes de Umaru Musa Yar’Adua. Ils y sont installés depuis plusieurs années. C’est là que nombre d’entre eux sont nés et ont grandi. “ Demander aujourd’hui aux Nigérians qui vivent dans les îles de Bakassi de quitter la zone c’est créer un véritable drame social. Et puis, s’ils partent de là, il n’y aura, à proprement parler, plus beaucoup de personnes. Car, les Camerounais que l’on y trouve se comptent sur les doigts. En majorité des commerçants qui y viennent pour acheter des produits halieutiques aux Nigérians, ils y restent souvent quelques jours, juste pour attendre leurs marchandises ou alors que certains de leurs poissons soient bien séchés ”, explique Confort Ayuk, commerçante qui parcourt régulièrement les îles de Bakassi, à la recherche des produits halieutiques à acheter pour aller revendre dans des marchés sur terre ferme.

Les routes, les édifices…
Le véritable problème des populations des îles de Bakassi est à n’en point douter l’inexistence des voies d’accès routières dans cette région. On n’y accède que par voie maritime. Et, les chaloupes et pirogues sont toutes pilotées par des Nigérians. “ En l’état actuel, il est difficile de vivre à Bakassi sans les Nigérians. C’est eux qui sont au centre de toutes les activités de la région. S’ils refusent de piloter les chaloupes et pirogues, qui le fera ? S’ils refusent de pêcher, qui le fera ? Le gouvernement camerounais a donc intérêt à ne pas se limiter aux beaux discours. Il faut venir sur place voir la réalité, voir comment créer des voies d’accès par routes et faire développer réellement la région en créant diverses autres infrastructures qui peuvent attirer de nombreux camerounais ”, soutient la commerçante camerounaise Mercy Enow, habituée du trajet Cameroun – Nigeria en pirogue.
Cette femme va plus loin en faisant observer que les personnes vivant dans ces pêcheries sont confrontées à d’énormes problèmes. “ Au cours de mes multiples voyages, il arrive que le pilote accoste dans certaines de ces îles pour embarquer ou débarquer des passagers. Alors, je constate que la majorité des cases y sont construites sur pilotis. Et, en fait de case, il ne s’agit pour certaines que d’un assemblage de pailles ”, révèle-t-elle. Près d’elle, Peter Efeti, autre commerçant rencontré au Main Beach de Ekondo Titi, pense qu’ “ il sera difficile pour les Nigérians de laisser Kombo à Bedimo être entièrement contrôlé par les Camerounais car, ils y ont beaucoup investi et y tirent beaucoup de profit. Surtout que, Kombo à Bedimo est la dernière île avant le premier village nigérian. Ils pourront fermer les yeux pour ce qui est des autres îles. ”
Enfin, le souhait des Camerounais et des Nigérians rencontrés tant à Mudemba qu’à Ekondo Titi est que tout se passe bien pour qu’il y ait une cohabitation pacifique entre les deux peuples dans la région de Bakassi. Toute chose qui pourrait permettre d’éviter des situations comme celle enregistrée le 9 juin.
 

Par Honoré FOIMOUKOM Envoyé spécial dans le Ndian
Le 20-06-2008


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