Bafoussam L’Eglise catholique jette 30 familles dans la rue

Malgré l’opposition introduite, elle vient de faire procéder au bornage de trois parcelles de terre ; non sans avoir fait molester et blesser les occupants qui s’y opposaient.

 

Dans la journée du mercredi 10 juin 2009, la commission chargée du règlement des litiges fonciers dans l’arrondissement de Bafoussam III, par Bamougoum, a procédé au bornage et à la levée topographique des terrains litigieux, au lieu dit Doumelong, au quartier Latsit 1.

C’était à la demande à l’Eglise catholique représentée par Monseigneur Joseph Atanga, évêque de Bafoussam. Ces parcelles de terrain qui viennent ainsi d’être immatriculées étaient occupées depuis plus de 70 ans par une trentaine de familles.

Avant ce bornage, elles ont introduit une opposition qui n’a pas abouti à cause, dit-on, du jeu trouble du sous-préfet, Chili Abdou. Dans un message porté du 26 mai 2009, il invitait les membres de la commission consultative à prendre part, le 29 mai, à une assise préparatoire de bornage de trois parcelles du domaine national suivant la demande de la mission catholique de Doumelong et le règlement du litige l’opposant à certaines personnes convoitant le même espace. Il demandait aussi aux occupants du site d’apprêter d’autres documents relatifs à ce terrain, la demande d’obtention du titre foncier ou tout autre titre de propriété.

Face aux menaces proférées par le chef de terre dans son message porté, le Collectif des familles s’opposant au bornage sollicité par la mission catholique de Doumelong saisit le gouverneur deux jours après pour une « intervention urgente.» «En effet monsieur le gouverneur, en date du 17 mars 2009, lors d’une séance de travail avec monsieur le sous-préfet de Bafoussam III tenue dans ses bureaux aux fins de régler le différend foncier qui oppose plus d’une trentaine de familles à la mission catholique qui a sollicité un bornage dans la zone, ledit sous-préfet avait intimé l’ordre aux opposants de produire des «mémoires de défense » pour justifier leur opposition. Ceci a été régulièrement fait dans les délais impartis et lesdits « mémoires» reçus par le sous-préfet», peut-on lire. Tout en dénonçant les menaces contenues dans le message porté du chef de terre, le collectif, représenté par Noutchene Bekpo, qui n’a pas pris part à la réunion du 29 mai, fait remarquer que : « Il ne fait donc l’ombre d’aucun doute que le sous-préfet a pris cause et faits pour la mission catholique et ne se cache plus quand il s’agit de menacer les opposants qui occupent, il faut le rappeler, ce terrain depuis plus de 70 ans pour certains…. Nous tenons à préciser que c’est nous qui avons gratuitement installé la mission catholique sur nos terres de culture et d’habitation.»

Violence et arrestations

Le 9 juin, veille du bornage, le chef de terre, sous couvert le commandant de brigade de gendarmerie de Kongso, envoi aux nommés Notchenebeck, Kankeu Fidèle José et Ndé Richard une lettre de mise en garde, en leur rappelant que la commission consultative chargée de la gestion du domaine national de l’arrondissement de Bafoussam III procèdera, le 10 juin 2009, à 9 heures, au bornage des parcelles querellées par la mission catholique et certains occupants. Au cours du bornage qui a eu lieu le lendemain, en présence des gendarmes et policiers, de l’évêque de Bafoussam et de ses collaborateurs, Innocent Mbe, Marie Matene, Pierre Kankeu, Bernard Tatsinkou et Rosalie Metehwo seront arrêtés et gardés à vue. Sous le regard complice de l’évêque et d’autres hommes d’église, des vieilles dames qui occupent les lieux depuis une soixantaine d’années seront copieusement bastonnées et blessées. Au regard du certificat médical produit, Mercedes Sapel Madoh s’en est sortie avec «un poly traumatisme, des blessures du tibia gauche, des douleurs dentaires et des lésions érosives.»

Par la voix de son directeur exécutif, Charlie Tchikanda, la Ligue des droits et libertés, basée à Bafoussam, dénonce et condamne « ce bornage au forceps qui vise à spolier les populations riveraines de leurs terres… Les opérations de bornage sont essentiellement une procédure consensuelle et amiable. Par conséquent la présence des forces de l’ordre sur les lieux ne se justifiait pas. Dès lors que tout acte posé sans ce consensus ni entente est réputé nul et de nul effet au regard de la réglementation en vigueur.» Tout en précisant qu’il ne prend partie ni pour les populations, encore moins pour l’église, Charlie Tchikanda regrette le fait que cette injustice soit soutenue et cautionnée par une autorité morale telle que le diocèse de Bafoussam. Dans une correspondance qui vient d’être adressée au délégué départementale des Domaines et des Affaires foncières de la Mifi, le collectif, constitué de 80 personnes, s’oppose à l’établissement du titre foncier sollicité par l’église, parce que «ce bornage frauduleux » a été fait en l’absence des notables et dans un climat de tension, de violence et de parti pris. Jusqu’à présent, les autorités religieuses incriminées n’osent pas se prononcer sur le sujet.


Blaise Nzupiap Nwafo


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