Les évêques ne sont pas tous d' accord sur la démarche ayant abouti au communiqué signé par le président Mgr Victor Tonye Bakot.Un communiqué paru dans le numéro 458 (du 1er au 14 juillet 2009), du journal L'Effort camerounais est venu ajouter à la vague de positions déjà prises par différents acteurs de la scène publique camerounaise suite au rapport commis par l'Ong française, le Comité catholique contre la faim et pour le développement (Ccfd). Le document intitulé "la déclaration des évêques du Cameroun sur la prétendue fortune du chef de l'Etat", contrairement aux autres textes de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenc), n'aurait pas suivi une trajectoire classique d'acheminement à la rédaction du journal. "Les textes de la conférence épiscopale parviennent généralement à la rédaction du journal L'Effort camerounais par le biais soit du cardinal, soit de l'archevêque coadjuteur de Douala.
Mais dans le cas d'espèce, le document a transité plutôt par l'un des journalistes de l'Effort camerounais. Les deux responsables sus cités ne l'ont découvert que dans le journal", affirme une source à la cathédrale de Douala. "Le document signé le 10 juillet 2009 est arrivé à la dernière minute à la rédaction du journal. Il n'y avait plus d'espace, voilà pourquoi le texte a paru intégralement en première page", poursuit notre source. Les responsables de la rédaction de L'Effort camerounais, contactés par Mutations, n'ont pas souhaité faire de commentaire sur cette question de procédure. Même chose au niveau de l'archidiocèse, où l'on renvoie le reporter de Mutations vers le secrétariat général de la Conférence épiscopale à Yaoundé.
Joint au téléphone, le secrétaire général de cette instance, Mgr Joseph Akonga lève d'abord, avant toute explication, un pan de voile sur le contenu du communiqué. Il était question, soutient-il, de faire la différence entre l'église catholique et cette Ong française qui porte aussi le qualificatif de catholique.
Sons discordants
Qu'en est-il donc de la démarche ayant abouti à cette déclaration. Les évêques du Cameroun se sont-ils, oui ou non, réunis pour arrêter de commun accord cette position? "Les évêques se sont réunis jusqu'au 28 juin dernier. La prochaine rencontre aura lieu le 11 août. Et c'est vrai aussi qu'entre les deux dates, il n'y a pas de rencontre prévue", reconnaît-il. "Toutefois, pour certaines questions précises, le président de la Cenc a le pouvoir de prendre position au nom de la Conférence, après avoir contacté quelques évêques", poursuit-il. Mgr Tonye Bakot a-t-il donc associé certains de ses collègues à cette décision? Une fois de plus, le secrétaire général de la Conférence épiscopale est formel. "Effectivement, un évêque m'a appelé pour me faire part de la sollicitation de Mgr Tonye. Mais je ne peux pas savoir qui sont les autres évêques qui ont été contactés", affirme t-il. Dans l'entourage de certains évêques (dont la majorité se refuse à toute déclaration), l'on ne conteste pas seulement la démarche, mais l'on ne s'identifie pas à ce communiqué.
"Ce n'est pas à l'église catholique qui est au Cameroun de prendre ce genre de position. Il appartenait à celle qui est en France, puisqu'il s'agit d'une Ong française, de faire cet éclairage", réagit un dignitaire de l'Eglise rencontré à Douala. En l'espace d'un mois, la Conférence épiscopale du Cameroun a ainsi émis deux sons discordants. Quelques jours après l'appel du cardinal Christian Tumi à la signature d'une pétition suivie d'une marche dans certaines artères de la ville de Douala pour manifester contre la ratification par le Cameroun du protocole de Maputo, le président de la conférence épiscopale avait déjà émis de réserves sur cette initiative, tout en indiquant que la Conférence épiscopale allait se prononcer plus tard sur cette question.
Même si au lendemain de la tenue des assises de la Cenc, les évêques du Cameroun allaient finalement dénoncer l'article 14 du protocole de Maputo. Quelques jours après, le 10 juillet, le président de la conférence épiscopale, l'archevêque de Yaoundé, Mgr Victor Tonye Bakot a signé donc ce communiqué, au nom des évêques du Cameroun. D'après le communiqué querellé, les évêques du Cameroun tiennent à faire la déclaration qui suit: "Le Ccfd (Comité catholique contre la faim et pour le développement) est une Ong d'inspiration et d'origine catholique, certes, mais elle jouit de son autonomie. C'est-à-dire que ses prises de position et déclarations n'engagent en rien l'Eglise catholique en général, encore moins celle qui est Cameroun en particulier. Ses opinions n'engagent qu'elle-même et elle seule".
Lazare Kolyang
mboasawa
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