Espace livres : Anecdotes sur l’échec de l’aide à l’Afrique

Le Canadien Robert Calderisi explique comment le continent a pu se nuire si souvent à lui-même.
Justin Blaise Akono





L’aide publique au développement. Le sujet reste d’actualité au moment où l’on parle des retombées du point d’achèvement ou de la série d’arrestations des présumés auteurs de détournements de deniers publics au Cameroun. "L’Afrique peut-elle s’en sortir ? Pourquoi l’aide publique ne marche pas". Telle est la question que le Canadien Robert Calderisi pose à la couverture de son livre paru en août 2006. Et qui ressemble à un procès. Une sorte de rapport cinglant que fait ce fonctionnaire, qui a passé 23 ans à la Banque mondiale et a parcouru un certain nombre de pays africains. Rapport fondé sur les contacts et les échanges de l’auteur avec des milliers d’Africains, de l’humble paysan aux puissants chefs d’État.

"Avec seulement 10% de la population mondiale, 1% du commerce international, une influence diplomatique négligeable, des forces armées modestes qui ne se battent qu’entre elles, et un gros souci pour les services occidentaux d’immigration", rapporte-t-il. A l’issue de son expérience dans le continent, Robert Calderisi estime que l’Afrique pense que c’est "la faute aux autres". Parce que les gouvernements africains n’ont jamais expliqué pourquoi ils négociaient avec les agences internationales qu’ils dénigrent lorsqu’elles ont tourné le dos, leur attribuant la responsabilité de la crise.
Le Canadien indexe également ces "brutes au pouvoir". "Aucun autre continent n’a souffert de telles dictatures prolongées. Ils ont régné comme des rois, ne faisant aucune distinction entre leurs propres biens et ceux de la nation". Ce continent est-il maudit, comme se demande Raphaël Lakpé, un journaliste ivoirien dont Robert Calderisi rapporte les propos dans son livre ? Le Canadien pointe du doigt la corruption et l’indifférence des Africains. Parlant précisément de l’aide publique au développement, il dénonce l’enrichissement illicite et la mauvaise gestion de cette aide, en empruntant une pratique que le chef de l’Etat camerounais a condamnée récemment : l’organisation des séminaires.

"Si l’aide est inefficace, elle est aussi humiliante. Les spécialistes de l’aide s’habituent à voler en classe affaires et à tenir des séminaires sur la pauvreté dans des hôtels de luxe et en même temps ils se plaignent des extravagances des gouvernements", raconte-t-il, comme pour indexer les bailleurs de fonds. Robert Calderisi, qui se présente "humblement" comme l’amoureux de l’Afrique de longue date, propose dix façons de changer l’Afrique. La première, étroitement liée à l’actualité camerounaise, est "d’instaurer des mécanismes pour dépister les fraudeurs et récupérer les fonds publics volés". Ainsi, les chefs d’Etat, les ministres et les hauts fonctionnaires devront soumettre leurs comptes bancaires à l’examen public, fusionner la Banque mondiale, le Fmi et le programme des nations unies pour le développement et promouvoir les autres aspects de la démocratie, comme une presse libre et un système judiciaire indépendant, pour les plus essentielles.

mboasawa

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