La première évangélisation est le cadre métaphorique de ce roman qui expose cependant des réalités actuelles.
Par Sandra Mefoude et M. Vounda Etoa
Roman constitué de onze chapitres qui relatent autant de tranches de vie de ses personnages. Yobo. La spirale de l'épreuve retrace l'itinéraire terrestre particulièrement douloureux de Yobo - ou Jude - son personnage principal ; itinéraire qui se résume en ces quelques en ces quelques mots : la spirale de l'épreuve. Du début à la fin de son existence, Yobo vivra dans un tourbillon de peines et de drames toutefois entrecoupés de plages de bonheur. Très jeune il, révèle une intelligence particulière et se destine aux études. Malheureusement, parvenu au CM1, il est frappé d'un mal mystérieux qui stoppe net ses velléités scolaires.
Sa foi, déjà bien fondée l'empêche de sombrer ; et après bien des tentatives infructueuses et des errances, il se rend chez des missionnaires presbytériens qui extirpent de son genou la maladie qui s'y était tapie. Rentré dans son village Biohu, il va à l'assaut de la forêt et crée une grande cacaoyère, malgré son handicap physique. Il se mêle à plusieurs activités parmi lesquelles l'initiation des enfants à l'école, l'enseignement du catéchisme. Cette période faste est couronnée par un mariage avec une jeune orpheline exquise et travailleuse, Nga-Mindzougou. Mais très vite, les moments heureux sont gâchés par la jalousie, l'envie et la haine de ceux que tant de bonheur rend méchants. Et l'absence d'enfant vient entamer la résistance du couple.
S'ensuit une quête effrénée au terme de laquelle naîtra une petite fille à l'intelligence extraordinaire, suivie quelques années après par un garçon doté d'autant de dispositions intellectuelles que son aînée. Cela faisait sans doute trop de bonheur pour la petite famille qui verra mourir tout à tour la mère et la fille, et de manière fort brutale. Yobo se retrouvera aussi pauvre que Job et comme ce dernier, il ne se détournera pas de son Seigneur, jusqu'à la fin. Une fin vécue dans l'indigence. Mais cette fin est aussi marquée par un remariage et une progéniture de la taille des disciples du Christ, un fils médecin et des obsèques populaires pendant lesquelles des signes sont aperçus dans le ciel. Le salaire du juste, en somme.
Yobo, ce n'est donc pas seulement cette histoire à la milite du conte, ou cette métaphore de " l'univers de la forêt attaqué sans cesse, violé, assailli, spolié par une foule de cupides générés par la société moderne ". Il faut y voir aussi un prétexte à l'enseignement, à l'initiation à la vie chrétienne dont les vertus fondamentales - la foi, l'espérance, la charité - irradient chaque page traversée par le personnage central.
Dans un monde où ces vertus ont foutu le camp, tous les moyens sont bons qui pourraient ramener les brebis égarées à la bergerie. Et BEFE ATEBA, l'écrivain prélat a expérimenté celui de l'écriture.
Romancier catholique, Joseph BEFE ATEBA l'est donc assurément, non pas parce qu'il est un prêtre catholique qui écrit des romans mais parce que monseigneur BEFE est un " romancier qui dépasse la simple analyse psychologique pour prendre en compte cette autre chose en l'homme qui est son âme ", selon la belle définition que Didier DECOIN donne du romancier catholique. A côté de François MAURIAC qui lui choisit de montrer l'homme aux prises avec la chair et ses désirs, BEFE ATEBA lui inscrit son écriture dans le registre de l'épreuve et du pathétique ; " le pathos, affirme-t-il dans l'avant propos de son roman, couvre une bonne part de l'existence humaine. "
* Yaoundé, CLE, 2003, 106 p.