L'analyse de la liste officielle des livres et manuels scolaires au programme de l'enseignement maternel, primaire, normal, secondaire général et secondaire technique par les ministères de l'Education de base et des Enseignements secondaires pour le compte de l'année scolaire 2008-2009
Marcelin VOUNDA ETOA Directeur des éditions CLE 
					 
					
					
						
 laisse apparaître des données riches de signification. En termes chiffrés, ce sont les supports didactiques et pédagogiques de cinquante neuf (59) éditeurs en provenance de quatre (4 pays) qui ont été retenus par ces deux ministères. Les pays en présence sont la France, la Grande Bretagne et l'Espagne d'une part et, naturellement, le Cameroun d'autre part. Du point de vue de leur nombre, le tableau laisse apparaître vingt deux (22) éditeurs français, dix sept (17) de Grande Bretagne, un (1) d'Espagne contre dix neuf (19) éditeurs camerounais. La forte présence des éditeurs étrangers dans le marché du livre scolaire camerounais est la preuve, s'il en était encore besoin, que ce secteur présente des intérêts financiers très importants. 
De l'analyse des données fournies par les statistiques ci-dessus, il apparaît qu'au Cameroun, les éditeurs du Nord dament le pion aux éditeurs locaux aussi bien dans le sous système anglophone que dans le sous système francophone. En effet, sur les 2426 titres inscrits au programme dans l'ensemble de notre système éducatif primaire, secondaire général, technique et normal pour le compte de l'année scolaire en cours, les dix neuf éditeurs nationaux ont seulement 400 titres à produire. 243 de ces livres et manuels scolaires figurent sur les listes du sous système d'enseignement francophone tandis que les 157 autres sont recensés dans le sous système d'enseignement anglophone. C'est donc 83.5% des livres officiellement inscrits sur les listes des programmes scolaires cette année qui sont produits par des éditeurs essentiellement français et Britanniques. Les 16.5% restants que sont supposés se partager les éditeurs locaux se réduisent comme peau de chagrin lorsque l'on descend sur le terrain où prévaut le principe de la prescription. 
Il convient de noter en effet que, dans le domaine du livre et du manuel scolaires, pour chaque discipline, ce sont généralement deux ou trois titres qui sont inscrits à la fois sur les listes officielles ; dans le cas de propositions multiples, c'est au Conseil d'établissement qu'il échoit de choisir le livre que les élèves devront effectivement utiliser dans les salles de classes. La prescription consiste donc, pour les éditeurs dont les livres sont en concurrence verticale, à en faire valoir les qualités auprès des des prescripteurs ultimes que sont es institutions scolaires. Cet ultime choix est assez souvent l'objet de rudes batailles. Au regard des enjeux, les arguments intrinsèques aux manuels et aux livres en compétition ne sont pas toujours, et pour tous les seuls que les éditeurs font valoir. En fin de compte, les 16.5 % des parts du marché qui théoriquement reviennent aux locaux peuvent donc être concrètement ramenées à environ 5% en termes de consommation réelle. A ces parts réduites de marché vient se greffer un phénomène pernicieux dont les éditeurs ont perdu l'espoir de venir à bout : la piraterie.