Après plusieurs mois de maladie, le créateur du "Coupé-décalé" s’est éteint jeudi dernier.
Emile Zola Ndé Tchoussi
Le chanteur ivoirien Doukouré Stéphane (33 ans), plus connu sous le pseudonyme de Douk Saga, est mort jeudi après-midi à Ougadougou, capitale du Burkina Faso. De l’avis de ses derniers médecins traitants, le maître du rythme endiablé " Coupé-décalé " souffrait d’une " pathologie pulmonaire chronique ". Un mal qui le rongeait depuis six mois. Après plusieurs séjour dans les hôpitaux ivoiriens, français et suisses, il a été interné à la clinique Suga de Ouagadougou. "Nous l’avons interné le 16 septembre. Il y a eu une très nette amélioration de son état au bout de deux semaines de traitement. On voulait même le libérer. Mais il a fait une rechute, avec fièvre, et son état s’est dégradé progressivement et est devenu catastrophique. Il est mort à 15h45 et son corps a été transféré à la morgue de l’hôpital Yalgado hier soir ", a déclaré son médecin à un journal burkinabé.
Douk Saga s’en va, alors que ses fans commençaient à peine à s’habituer à " héros national ", son deuxième et dernier album, sorti en novembre dernier. Celui-ci, comme le premier, ne brillait pas par son originalité, mais l’artiste lui-même savait captiver et intéresser son monde. Notamment par ses pas de danse et les vêtements de classe qu’il arborait. Le train de vie de celui-ci n’avait d’ailleurs pas manqué de susciter un ensemble de rumeurs sur ses sources de revenu. Et pour se défendre, celui qui était titulaire d’un Bts en informatique de gestion et homme d’affaires depuis quelques années, répliquait qu’il avait toujours été à l’abri du besoin.
"Mon éducation a été confiée à ma grand-mère, Mamie Djénéba Cissé qui était par ailleurs la petite sœur du défunt président ivoirien ; Félix Houphouët Boigny. Ma grande mère n’a pas eu d’enfant biologique mais en a élevé d’autres. C’est ainsi que je suis arrivé chez elle, alors que j’habitais l’Hôpital central avec mon grand-père Doukouré Ibrahima, qui était le directeur de l’hôpital. J’étais donc dans les meilleures conditions de vie. A partir de 10 ans, j’ai vécu dans la cour présidentielle, d’abord à Bouaké, ensuite à Yamoussoukro", déclarait-il dans une interview accordée l’année dernière au mensuel Afrique Magazine.
La Sagacité, le mouvement à l’origine duquel était Douk Saga, est née en dehors de la Côte. C’est un courant dont les créateurs seraient des escrocs " repentis ", de jeunes Ivoiriens qui ont quitté leur pays pour se rendre en Europe au début des années 90 et ont fait tous les petits boulots possibles et inimaginables pour s’en sortir.
La mort de Douk Saga, qui en était l’une des têtes de file, avec Molaré, Solo Beton, Lino Versace… laissera certainement un vide dans la Jet Set, le groupe qu’ils avaient créé. Ses compagnons, qui ont participé le week-end dernier à une émission en direct sur Africa N°1, sont inconsolables. Au Cameroun aussi, on pleure Douk Saga qui a fait danser plusieurs jeunes. A la Reine d’Ivoire, le Centre culturel ivoirien de Yaoundé, un livre de condoléances a été ouvert. Et le directeur Toussaint Grah, annonce, pour le 28 octobre prochain, une journée spéciale en hommage à l’artiste qui s’en est allé.
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