Livre : La baguette magique de l’Upc

Daniel Yagnye Tom décrit la naïveté de certains upécistes et ouvre de nouvelles stratégies pour ce parti.


Au Cameroun, l’Upc représente les espoirs suscités par les luttes nationales et continentales d’émancipation. Seulement, les trahisons et les secousses internes qui caractérisent aujourd’hui ce parti presque réduit à néant, depuis l’avènement du multipartisme en 1991, remettent en question son statut de parti nationaliste.

Daniel Yagnye Tom  veut informer « le peuple et surtout la jeunesse de ce qui s’est réellement passé au Cameroun » pour prendre conscience des racines du mal qui gangrène notre société et pour savoir « jusqu’où les mauvais bergers peuvent nous entraîner ». Il estime que le régime hérité d’Ahmadou Ahidjo s’est donné comme tâche politique prioritaire de réduire à néant l’Upc. A ses yeux, les divisions actuelles de ce parti chargé d’histoire relèvent des serviteurs upécistes du « pouvoir Biya » qui bénéficient des distributions de poste de ministres ou de députés.
L’essentiel du livre ? L’Upc a été victime de l’acharnement d’une France obnubilée à étendre son hégémonie et n’entendant pas laisser aux mains de supposés « communistes » cette réserve de matières premières qu’était le Cameroun. Aussi a-t-elle mis tous les moyens en œuvre pour mater son leadership et surtout son leader, Um Nyobè, « cette araignée » de l’ombre, trahie et tuée en septembre 1958.
« L’Upc face au marasme camerounais - L’esprit d’Avril à la rescousse ! » donne également des informations sur Ernest Ouandié exécuté en 1971, Roland Félix Moumié, empoisonné à Genève en 1960, Ossende Afana, tué en 1968. L’échec de l’Upc, la lourde ardoise politique laissée par le « transfuge Woungly Massaga et son ralliement au régime de Paul Biya » sont aussi évoqués.
La première partie du livre traite des racines du mal camerounais. La deuxième dénonce le pouvoir actuel qui multiplie « les Upc-bidons » et montre (P.51) que le «  Rdpc = amalgames, mégestion, répression ». La troisième partie insiste sur l’Esprit d’Avril, c’est-à-dire les qualités indispensables que l’Upc avait à la naissance.
Le préfacier Jean-Michel Mabeko-Talo, historien, politiste et universitaire congolais, est bien fondé quand il écrit que le livre de Daniel Tom vise à réfléchir sur « le sort actuel de son parti, les défis majeurs auxquels il fait face ». Toutefois, la désillusion nationale de l’Upc, due aux « promesses fallacieuses d’un Renouveau post-Ahidjo » ne se justifie pas. Les upécistes de toutes les tendances, naïfs ou « réalistes », pour la plupart, sont responsables du naufrage de ce parti qui avait pignon sur rue. Puissent-ils retenir cette formule de Ernest Ouandié : « L’unité c’est notre baguette magique (...) Donc l’unité c’est la victoire ».


Jean-Philippe Nguemeta

mboasawa

3713 Blog posts

Comments