Au Cameroun, l’Upc représente les espoirs suscités par les luttes nationales et continentales d’émancipation. Seulement, les trahisons et les secousses internes qui caractérisent aujourd’hui ce parti presque réduit à néant, depuis l’avènement du multipartisme en 1991, remettent en question son statut de parti nationaliste.
L’essentiel du livre ? L’Upc a été victime de l’acharnement d’une France obnubilée à étendre son hégémonie et n’entendant pas laisser aux mains de supposés « communistes » cette réserve de matières premières qu’était le Cameroun. Aussi a-t-elle mis tous les moyens en œuvre pour mater son leadership et surtout son leader, Um Nyobè, « cette araignée » de l’ombre, trahie et tuée en septembre 1958.
« L’Upc face au marasme camerounais - L’esprit d’Avril à la rescousse ! » donne également des informations sur Ernest Ouandié exécuté en 1971, Roland Félix Moumié, empoisonné à Genève en 1960, Ossende Afana, tué en 1968. L’échec de l’Upc, la lourde ardoise politique laissée par le « transfuge Woungly Massaga et son ralliement au régime de Paul Biya » sont aussi évoqués.
La première partie du livre traite des racines du mal camerounais. La deuxième dénonce le pouvoir actuel qui multiplie « les Upc-bidons » et montre (P.51) que le « Rdpc = amalgames, mégestion, répression ». La troisième partie insiste sur l’Esprit d’Avril, c’est-à-dire les qualités indispensables que l’Upc avait à la naissance.
Le préfacier Jean-Michel Mabeko-Talo, historien, politiste et universitaire congolais, est bien fondé quand il écrit que le livre de Daniel Tom vise à réfléchir sur « le sort actuel de son parti, les défis majeurs auxquels il fait face ». Toutefois, la désillusion nationale de l’Upc, due aux « promesses fallacieuses d’un Renouveau post-Ahidjo » ne se justifie pas. Les upécistes de toutes les tendances, naïfs ou « réalistes », pour la plupart, sont responsables du naufrage de ce parti qui avait pignon sur rue. Puissent-ils retenir cette formule de Ernest Ouandié : « L’unité c’est notre baguette magique (...) Donc l’unité c’est la victoire ».
Jean-Philippe Nguemeta