Emigration : Un billet retour de Russie

Le roman retrace les turpitudes d'un sans-papier africain au pays de Vladimir Poutine.
Justin Blaise Akono





Le roman " Billet retour " est pourtant imprimé depuis novembre 2006. Il a même été présenté au public de Yaoundé l'année dernière. C'est seulement depuis une semaine que le roman est disponible, quelques mois seulement après la série d'actes racistes vécus par les Africains à la Fédération de Russie. Le Cameroun, à travers ses étudiants, a été concerné. Et " Billet retour ", sous la forme d'une fiction, retrace le parcours de l'un d'entre eux baptisé Essomba, qui, après avoir terminé ses études à Moscou, y reste pour se faire un peu d'argent en travaillant. Malheureusement, n'ayant plus droit au permis de séjour, lors d'un contrôle de la milice locale , il est arrêté puis incarcéré pendant plusieurs mois, avant d'être rapatrié dans son pays d'origine, le Cameroun.

L'auteur s'est incarné en Essomba, puisque les souvenirs de son enfance, ses voyages pour les vacances dans un petit village dans le département de la Haute-Sanaga, ou son parcours académique le démontrent à souhait. Son triste séjour au pays des Kolkhozes et des ex-communistes. Les rêves d'Essomba s'envolent lorsque le capitaine russe Ivan Vladimirovitch l'interpelle dans l'appartement de son ami Epolé et se retrouve comme prisonnier du camp n° 9 où il devra attendre d'être expatrié " dans trois mois au plus tard ", selon la justice russe.
A cet endroit, l'on n'a droit qu'à une seule douche par semaine. Plusieurs nationalités s'y retrouvent : Iraquiens, Chinois, Vietnamiens, Turcs, Africains, etc. L'auteur raconte comment son héros, Essomba, après initiant une grève de la faim afin que ses compères et lui soient rapatriés dans leurs différents pays. La Russie refusant d'avouer qu'elle n'était pas disposée à mettre un avion à la disposition des sans-papiers. Certains camarades sont morts durant leur incarcération avant le rapatriement. Raison pour laquelle " Billet retour a vu le jour ", explique Alphonse Ngang'hi. Son héros, mieux, lui-même, sous les oripeau du roman, écrira alors aux autorités russes en ces termes : " … Nous vous prions donc d'ordonner notre libération pure et simple ou notre renvoi dans nos pays respectifs ". Ce, afin de briser les chaînes.

Le retour d'Essomba, gorge serrée, au pays natal, n'est qu'un retour à la case départ. L'accueil au village suscite moult commentaires, genres, ce monsieur qui revient du pays des Blancs si démuni ! ", ou " " n'était-il pas dans un pays voisin où il a été expulsé ? ". Toujours est-il que Essomba, après avoirs pris quelques jours sabbatiques au village, doit revenir sur terre. Il doit renter en ville et de trouver un boulot afin de s'occuper de la jeune fille qu'il avait abandonnée pour son aventure, et leur fils, âgé déjà de sept ans. Essomba doit commencer une nouvelle vie, avec de nouveaux espoirs pour l'avenir.
Il est plus comblé lorsqu'il reçoit de son ami et colocataire Moulen ses diplômes qu'il avait laissés en Russie. " Billet retour " n'est pas une simple relation des faits vécus par les étrangers en Russie et relayés en mondovision. L'histoire est racontée avec force détails dans la description des faits et des lieux digne d'un polar, les dialogues rendent vivant le roman et attrayante la lecture très opportune, le sujet restant d'actualité dans un pays où l'on parle de racisme de et xénophobie.

mboasawa

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