Samedi 14 octobre dernier, les invités du centre culturel le Petit Tam-tam à Yaoundé pour la cérémonie de clôture du deuxième festival des arts et sports pour personnes handicapées, "Handicap sur scène ", n'avaient d'yeux que pour elle : Bernadette Ngono. Et un voisin de table de s'étonner qu'une si jolie fille mette des lunettes sombres à cette heure de la soirée (19h), avant de se raviser qu'il était parmi des handicapés (moteurs, mentaux, sourds muets, mal voyants et non voyants), dont mademoiselle Ngono faisait partie. L'autre temps fort intervient au moment où elle est invitée à recevoir son trophée de meilleur artiste du festival. Elle est conduite au podium par un guide, bien qu'ayant sa canne blanche. En guise de remerciements à l'endroit des organisateurs, Bernadette Ngono fend la nuit d'une voix perçante. Au bout, un couplet de l'un de ses contes chantés, " Abinga bi Ngole ". Conte lui ont permis de décrocher le prix.
Bernadette Ngono a perdu sa vue depuis l'âge de dix ans. Ce triste souvenir se perd dans la peine à travers la tête qu'elle baisse à la suite de la question. Triste souvenir qu'elle peine à évoquer. Cependant, son amour pour les contes naît précocement, alors qu'elle était encore au village, dans le département de la Lékié, province du Centre. " Tout petits, on se regroupait régulièrement tous les soirs et se racontait des histoires ", se souvient-elle. C'est seulement depuis l'année dernière qu'elle a décidé d'en faire un hobby : " c'est à la suite de mon élection comme Miss handicapée visuelle lors du premier festival Handicap sur scène que j'ai intégré le groupe " Au cœur de l'espoir " de Didier Onana. Nous avons alors commencé à travailler d'une manière sérieuse dans l'optique de monter des spectacles ".
L'objectif est presque atteint. Le conte "Abinga bi Ngole " (l'histoire d'un enfant né handicapé moteur, qui perd sa mère à la naissance et considéré par son père comme un objet encombrant) est représenté pour la première fois lors de ce festival. Bernadette Ngono rêve déjà de faire du conte un métier. La jeune conteuse est élève en terminale A4 Espagnol au Lycée d'Ekounou à Yaoundé. " J'aimerais devenir journaliste. Pour cette raison, je présenterai le concours de l'Esstic si j'obtiens mon Baccalauréat ", tel est son rêve. Elle flirte déjà avec la communication à travers une émission, " Au cœur de l'espoir " qu'elle co-présente sur les ondes de la radio Tiéméni Siantou.
Pendant les vacances, Bernadette Ngono, qui dit vivre seule dans une chambre et s'occuperait à vendre de petits articles pour survivre. D'ailleurs, Didier Onana, le coordonnateur de l'association " Au cœur de l'espoir ", la trouve dynamique. " Quand je travaille avec elle, je la considère comme une personne normale. Cela l'aide sûrement à être plus rigoureuse envers elle-même ". Agée de 25 ans, elle parle très peu de sa vie privée. Juste qu'elle se " débrouille toute seule ". Son physique d'athlète trahit bien ses multiples activités. Notamment l'athlétisme et le goalball (sport collectif pour handicapé avec un ballon sonore) qu'elle pratique régulièrement avec ses semblables. Très impliquée dans les activités de son association, Bernadette Ngono compte se produire en spectacles dans des écoles " afin de montrer au monde que les handicapés sont capables de bien de choses ".
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