Le président héritait, en 1982, d‘un pays économiquement fort. Malgré les avertissements de la communauté financière internationale, les Camerounais, jusqu’en 1992, ne se sentaient pas concernés par la crise économique. Puis, les paysans furent durement frappés, le cacao se vendant très mal. L’argent disparut. Biya en fut tenu responsable. Dans une mélodie funèbre et lugubre, les femmes de Nkol-Afeme se désolent et explosent : Se brade le manioc alors que la viande de boeuf est intouchable La banane se vend mal, la ville de Yaoundé est chère Paul Biya où est l’argent ? Mais où donc s’en est allé l‘argent ? Qu’as-tu donc fait de l‘argent? Un autre groupe, Espoir du Renouveau: Papa Paul Biya, pourquoi abandonnes-tu Espoir de Renouveau ? II nous faut vivre décemment papa Paul- Pourquoi donc papa nous laisses-tu à la traîne? Plus subtil, peu agressif, et ironique, le groupe de Nkol-Bikok incite le peuple à aller chez Paul au moindre désir,Paul est allé en courant dans son palais, pour nous observer, nous, mourant... Soit pour nous empêcher de mourir, soit pour nous laisser mourir. P. Biya, prévoyant la crise, réfugia (se préc;Pita) à Étoudi, [croyant que nous mourrons Alors, si tu as quelque peine, rends-toi chez ton père, il te sauvera Si le sel venait à te manquer, ma soeur, pourquoi pleurer ? Le groupe Espoir du renouveau exhorte Biya à gouverner franchement, à veiller à la construction du pays et à punir les destructeurs. Pourquoi regardes-tu le pays se détruire As-tu les yeux pour ne pas voir ? je te le demande, ah Paul Biya. Traditionnellement, les femmes ont toujours eu droit à la libre expression dans notre société. Aujourd’hui, elles s’adressent directement au pouvoir, non plus par allusion, mais de manière claire. Elles revendiquent leurs droits, disent leurs déceptions pour sauver l’avenir de leurs enfants et changer une société corrompue. La chanson est le code d’expression publique (6). Outre l’évidente fonction ludique et distractive de la danse, la population brave publiquement et impunément l’autorité établie, consacrant ainsi le caractère démocratique de la société. J’ai pu, dans les villages, recueillir soixante-quinze pièces. Certaines correspondent à celles de Nama, de Nkomo (7), de Mbia ou de Mbarga. J’ai obtenu de la radio, par enregistrement direct, trente-deux (( morceaux )) livrés au public tous les samedis matin, ou lors des émissions spécialisées. J’analyserai ces textes en vue de dégager les différentes fonctions du bikut-si. Socialement, la chanson traditionnelle assume, chez les Beti, plusieurs fonctions. Outre la revendication, la dithyrambe, la moralisation et l’éducation participent à la thématique fonctionnelle des bilmt-si. La fonction laudative Elle sert de propagande au pouvoir. Les présidents Ahidjo.et Biya ont eu droit aux bikut-si célébrant leur action et leurs missions. Biya est même l’élu et l’envoyé de Dieu, qui mérite, selon la chanson, respect et vénération. c Papa Paul, assume ta tâche, c’est Dieu lui-même qui te l’a confiée. )) A travers la chanson politique, se révèlent le fidèle engagement et I’indqectible attachement au père de la Nation, membre du clan. Elle marque l’adhésion tribale à l’idéologie et à la politique du chef de 1’Etat. Voici trois extraits Nous, nous exultons, car un des nôtres gouverne le pays. Papa Paul Biya, que crains-tu? Nous les femmes, nous sommes derrière toi Les détracteurs ne peuvent rien te faire puisque nous te soutenons Continue ta mission, nous sommes avec toi. Ainsi les belles-familles engageaient-elles des joutes, pour exalter les qualités de la mariée, ou pour déplorer Ia peste qui arrive avec les commérages, la paresse et les pires dqauts. On utilise ici des métaphores pour nommer la cible. Mongo Beti en donne un exemple Divers sujets de contestation fleurissent des pièces recueillies à la radio. Les plus récurrents sont la crise économique (21 Yo) et la dénonciation crue de l’injustice sociale (40 Yo), la croissance du pays (15 Yo), la léthargie ou la complicité du pouvoir devant les malversations (8 Yo). Ces thèmes se chevauchent, et une même pièce peut en contenir plusieurs. Aucune ambiguité lexicale, sauf cas rare, n’autorise de lecture floue de ces chants aujourd’hui prisés par les auditeurs et les populations. Ces thèmes étalent sur la place publique les critiques des Be i à leur président. Le territoire où se chante le bikut-si couvre la zone politique qui soutient le président Biya. En début ou en cours de chant, le groupe décline son identité départementale et provinciale. Je relève que les déceptions viennent du Dja et Lobo (Province du Sud 20 Yo), de la Lékié, de la grande Mefou, du Nyong et Mfoumou et du Mfoundi (Province du Centre 60 Yo). Les populations sans accès à la parole publique exorcisent les déceptions engrangées depuis les promesses faites par P. Biya le 11 juin 1983, boulevard du 20-Mai. Ce jour-là, le. président avait juré de satisfaire les voeux exprimés. Auparavant, le délégué du gouvernement de Yaoundé assurait Biya du soutien de la grande province d’alors : (( Si certains vous roulent, nous, nous roulons pour vous... Nous les gens du centre-sud, nous sommes les hommes de parole, nous n’avons qu’une parole, nous vous donnons notre parole. )> La banane se vend mal, la ville de Yaoundé est chère Un autre groupe, Espoir du Renouveau, oeuvrant pour la promotion économique du village, se plaint de ne recevoir ni soutien de l’État, ni encore moins les crédits financiers pour le développement du village : Nous cultivons nos champs, nous récoltons les arachides Nos produits se vendent mal, et nous n’avons pas de crédit Pourquoi donc papa nous laisses-tu à la traîne? Plus subtil, peu agressif, et ironique, le groupe de Nkol-Bikok, Confiance, efficacité et solidarité, s’adresse au Père de la Nation. I1 réclame, comme des enfants, la pitance devenue rare depuis la crise. Diaphane, direct et précis, ce groupe incite le peuple à aller chez Paul au moindre désir, car papa Paul devrait avoir tout prévu. L’ambiguïté lexicale et structurelle du refrain est remarquable. Paul est allé en courant dans son palais, pour nous observer, nous, mourant... Soit pour nous empêcher de mourir, soit pour nous laisser mourir. (A lui cette responsabilité.) En 1983, les gens du Centre constatant que la capitale politique, Yaoundé, n’était reliée à aucun département par une route goudronnée le firent savoir à Paul Biya. I1 promit les routes. Treize ans après, la promesse court toujours. I1 en est de même pour la distribution de l’électricité et surtout pour celle de l’eau. Si, sur ce plan, 1’État dresse des bilans positifs, les populations attendent et réclament publiquement. Les mêmes revendications fixent de tous les villages ; voici trois exemples qui résument ces plaintes : Certains travaillent et peinent à la tâche, certains autres profitent Biya le vois-tu ? Certains s’acquittent de leurs devoirs et certains en profitent, Biya que fais-tu? Certains ont de l'eau, de la lumière, des écoles La plupart attendent dans le désespoir, Biya le vois-tu ? Si le silence dure, c’est que P. Biya ignore la réalité de son peuple. Il n’est pas au courant, dit la chanson comminatoire des femmes d’Obala. Avise-toi, sais-tu, Biya Paul, ce qui se passe dans ton pays? Sais-tu ce qui se passe dehors ? Connais-tu les tracas du dehors ? Les choses terribles se déroulent, tu regardes seulement. Les gens meurent, les gens volent, I‘argent manque, la douane [est élevée Paul Biya le sais-tu ? le dehors est pénible, le dehors est mauvais, [Biya Paul, le sais-tu ? La contestation, la révolte ébranlent le citoyen villageois qui souffre des exactions du pouvoir. Les villageoises d‘llkonolinga rejettent les injustices subies, en appelant au chef Biya pour dénoncer l’intolérable : Les impôts trop élevés qui, clières soeurs, inhibent le bien-être Les tentatives de contestation usaient des procédés stylistiques ambigus que décryptaient les seuls initiés. Aujourd’hui, les mots des bikut-si sont limpides et durs. Le double langage inspiré du parti unique a vécu. Les problèmes évoqués, autrefois subversivement mais tacitement posés pour combattre la dictature, sont aujourd’hui exposés à la radio, devant le président lui-même, lors des soirées culturelles. L’utilisation des mots simples, à sens dénotatif, est de mise comme le montrent nos différents extraits. J’observe néanmoins deux faits : le petit peuple demeure courtois, même devant l’inacceptable, par respect du code social. On retrouve ici une des caractéristiques des bikut-si : louer et corriger ou porter au forum la cible qui ne se sera pas amendée pour l’humilier. Y a-t-il pire châtiment chez les Beti que l’exclusion, l’humiliation et la honte ! Être responsable de sa chute morale et sociale n’engage que soi. A moins de n’être pas humain. Le deuxième fait concerne les thèmes évoqués. Ils proviennent des couches les plus défavorisées et les plus fidèles au pouvoir. Peut-on conclure à une démocratie nouvelle instaurée depuis les conférences nationales ? I1 me semble que, relativement à cette réflexion, rien n’est absolument nouveau. La chanteuse Koko Ateba n’avait été sanctionnée que pour avoir rompu le code d’honneur de la famille. On ne se moque, ici, ni de la stérilité, ni de la maladie, ni de la mort. Koko s’en moqua en faisant clairement allusion à madame J. Irène Biya. On ne dira pas de même de Messi Martin ou de Sala Bekono qui ont soulevé, dans leurs chansons, des problèmes cruciaux de moralité humaine et financière. (…) Louis-Martin Onguene Essono Copyright © PolitiqueAfricaine
L e Cameroun s’est rendu célèbre ces dernières années par ses multiples transgressions des droits de l’homme. Depuis l’indé- pendance en 1960, nombreux sont les Camerounais emprisonnés pour délit d’opinion. On a parlé de bâillonnage entre 1960 et 1982, car personne n’osait ouvertement contredire le pouvoir. Une loi de 1962, abrogée en... 1994, punissait sévèrement quiconque se rendait coupable de subversion. Malgré la répression, les artistes ont pu, à travers la musique et la chanson, exprimer leur opinion et prendre position contre le pouvoir. Je m’interroge sur cette liberté et sur l’évolution de la libre expression musicale depuis les bourrasques démocratiques de 1991. Je m’intéresse surtout à la chanson traditionnelle et populaire pour montrer que l’artiste du village a toujours bénéficié d’une totale liberté d’expression dans notre société.
Fonctions sociales et expression d6mocratique de la chanson traditionnelle : le cas du bikut-si
Chez les Beti du Cameroun, la musique et le chant représentent un moyen d’expression naturel, convivial et privilégié. Ils servent d’exutoire pour louer et célébrer, admonester et taquiner, railler et humilier, bercer et éduquer, contester et vider les rancoeurs. Les hommes chantent la victoire sur l’ennemi, l’insertion dans la vie sociale et la vie après la mort. Les femmes s’adonnent aux berceuses mais surtout au bikut-si, genre musical typiquement beti. Le bikut-si est le vecteur des messages acerbes destinés aux rivales, des mots doux ou aigres adressés aux partenaires. I1 véhicule des louanges aux héros, des tirades paillardes ou des complaintes conciliatrices aux amants, des conseils et des voeux aux enfants, des critiques pointues aux aînés ou aux dignitaires. Mbarga (1) et Ngumu (2) ont présenté la typologie de ces genres. Les femmes beti, privées de pouvoir dans la gestion sociale, hors du foyer, s’expriment préférentiellement au moyen des bikut-si qui allient créativité ou poésie musicalement déclamée et gestuelle rythmée. Par les claquements des mains ou les castagnettes, renforcés par de longues sirènes vocales, on approuve le texte débité par celle qui gère son (( tour de cercle n. Les femmes composent spontanément des textes et y consignent leur pensée avec une exceptionnelle maîtrise. A tour de rôle et au milieu du cercle, elles dansent et rivalisent d‘éloges, de taquineries ou de répliques. De l’événement d’actualité, elles prennent prétexte pour aborder tous les sujets et se font acclamer selon la richesse et la justesse de l’inspiration, et l’alignement des mots prononcés. Nama (3) et Mbarga analysent la stylistique et les formes poétiques des bikut-si, danse spécifiquement féminine.
Diverses interprétations définissent cette danse. Elle se conçoit comme un rigodon dont l’action _essentielle consiste à marteler rythmiquement le sol de ses pieds. Etymologiquement, le mot bikutsi constitue une synapse composée, non de trois comme le disent Nama, ou Nkili que reprend Mbia (4), mais de deux termes. La deuxième unité, si, signifie (( le sol )) ; elle est précédée d’un nom verbal dont le radical kud ou kut nomme l’acte de taper, frapper, cogner, battre ou marteler.
Substantivée, la base verbale kud est précédée du préfze (bi) qui signale la classe et le genre du mot dans la langue. Bikut-si est donc un terme au pluriel. Son singulier, rare, est ekut-si. Le pluriel s’impose par l’itération de l’acte de marteler le sol. Sur la foi de ses informateurs, Nama écrit qu’on martelait ainsi le sol pour éloigner les bêtes féroces, pour manifester sa colère, ou enfin pour montrer la vigueur des Beti.
Le terme désigne la danse, la musique et le texte. Les textes varient selon le thème choisi ou surtout le genre exécuté. Abega(5) distingue trois types de bikut-si. Le premier est création, poésie et chant ; le deuxième, plus narratif, raconte les exploits des héros du clan et s’assimile à la nouvelle ou au roman. Le troisième, enfin, est célébration d’un événement ponctuel. I1 est le mode le plus répandu et celui qui court jusqu’à aujourd’hui. Autrefois affaire des seules femmes, les bikut-si aujourd‘hui sont chantés aussi bien par les femmes que par les hommes. Les messages et les thèmes sont les mêmes. Mais le choix des exécutions artistiques des femmes se justifie pour deux raisons.
La fonction élogieuse est essentielle, car 25 9’0 des bikut-si diffusés sont dithyrambiques. Les femmes louent leur mari ou le héros, exaltent leur beauté, vantent leur force physique ou leur virilité. En politique, l’éloge des femmes magnifie le pouvoir et celui qui l’incarne. Pour Modo (8), qui date cette pratique à 1966, (< la chanson politique, notamment la chanson de louange, s’est véritablement développée après l’indépendance, et surtout après l’instauration en 1966 par Ahidjo du parti unique D.
significatifs :
Tu iras toujours en avant
Toujours, Paul Biya, nous te suivrons
La voie que tu as choisie est celle que nous emprunterons
Dieu t’a choisi pour nous guider Papa Paul oh, qui donc nous détournera de ta voie?
La fonction cathartique
S’ils louent leurs chefs, les Beti refusent l’idolâtrie et la torture. Comme code de la société, la chanson libère les refoulements et vide les rancoeurs. On danse frénétiquement au rythme des claquements, se cassant le dos et les reins sous le martèlement du sol, pour accuser haut et fort. Parfois, la réplique de la cible est immédiate. Puis revient l’ordre souhaité.
dans Mission Terminée :
Dites-moì chères soeurs qui m ’écoutez,
Dites, mes soeurs, comment nomme notre langue Ces femmes, salamandres aux gryfes crochues, Femmes qui, bien que répudiées, expulsées, honnies S’obstinent à rester, servir, supplier, Dites-moì si ... ces femmes, ne sont pas appelées la colle Comme ce nom leur sied.
Aujourd’hui, la radio diffise les revendications et la satire que lancent les villageois qui ont intégré la notion de démocratie, c’està- dire la possibilité de parler sans avoir peur. Alors se débrident l’inspiration et la parole. Fort de la tradition et de la nouvelle forme de parole, on interpelle le pouvoir pour dénoncer vivement et nommément les tares sociales et leurs auteurs ; toujours clairement, jamais plus allusivement, mais courtoisement et directement. D’où l’absence des métaphores et la clarté des messages dans les bikutsi actuels. C’est là, me semble-t-il, la principale originalité des chansons populaires de nos jours.
Parole tenue, pas celle du président. D’oh leur amertume à mesure que s’égrainent les années. Ce sont ces déceptions qui sont présentées ici. Le président héritait, en 1982, d‘un pays économiquement fort. Malgré les avertissements de la communauté financière internationale, les Camerounais, jusqu’en 1992, ne se sentaient pas concernés par la crise économique. Puis, les paysans furent durement frappés, le cacao se vendant très mal. L’argent disparut. Les enfants des paysans désertèrent l’école, le ventre vide. On en vint à regretter Ahidjo sous le règne de qui l’argent coulait à flot. Biya en fut tenu responsable. Dans une mélodie funèbre et lugubre, les femmes de Nkol-Afeme se désolent et explosent : Se brade le manioc alors que la viande de boeuf est intouchable
Paul Biya où est l’argent ? Mais où donc s’en est allé l‘argent ?
Qu’as-tu donc fait de l‘argent?
Papa Paul Biya, pourquoi abandonnes-tu Espoir de Renouveau ?
II nous faut vivre décemment papa Paul, il nous faut avoir des
[crédits,
Espoir de renouveau est à la traîne. Pourquoi donc? pourquoi
[n’avons-nous pas de crédit ?
P. Biya, prévoyant la crise, se réfugia (se préc;Pita) à Étoudi,
[croyant que nous mourrons
Alors, si tu as quelque peine, rends-toi chez ton père, il te sauvera
Si le sel venait à te manquer, ma soeur, pourquoi pleurer ? rends- [toi chez Paul
Si le savon, les remèdes, l’huile, etc. venaient, ma soeur, à faire [défaut, il y a ton père.
Papa Paul, as-tu donc oublié le (département du) Dja et Lobo
Penses-tu encore à la route de Bengbis, de Zoétélé, de Nkol-ovos,
[de Nkilzok, $e Mvagan,
Te souviens-tu de la route entre Sangmélima et Ebolozua
Penses-tu au dispensaire de Nden que tu avais promis?
(La ville d’) Obala, M. Biya, est abandonnée
La route, laissée par nos parents, est aujourd’hui crevassée
L’eau manque dans la ville qui ploie sous des tonnes de saleté,
[qu’en penses-tu, Biya ?
(…)
Le groupe Espoir du renouveau exhorte Biya à gouverner franchement, à veiller à la construction du pays et à punir les destructeurs. Sa charge est indigne d’une opposition irresponsable et sans projet de société qui prône sans cesse haine et destruction, séparatisme et désobéissance civique.
Les casseurs ne peuvent pas construire le pays,
les voleurs et les brûleurs de banques sont incapables de construire
Les coupeurs de route ignorent comment construire le pays,
Que fais-tu, ah Biya, pour que se construise le pays?
Nous, nous voulons un pays fort, riche et uni,
Unissons-nous pour le bonheur de notre pays
Pourquoi regardes-tu le pays se détruire
As-tu les yeux pour ne pas voir ? je te le demande, ah Paul Biya.
(…)
Un groupe de Ngumu, dans la province du Centre, demande clairement au président Biya de bouger et de répartir judicieusement le gâteau camerounais, car se crée une société inégale de priviligiés et de défavorisés : ceux qui bénéficient de tout et ceux qui manquent de tout, les (( on est venu les accompagner B...
(…)
Ces propos sont-ils entendus ? Nul ne sait. Mais on est sûr de l’évolution de la manière dont le peuple présente aujourd’hui ses problèmes. Autrefois, les bikut-si utilisaient des métaphores allusives obscures. Ahidjo, par exemple, n’avait jamais été que (( le pasteur de Iù-bas )) et les colons, (( la peau de kaolin, les longs nez )> ou des (( iternels risidents D. Les mots d’alors étaient laconiques et sybillins. On eût dit qu’ils ne concernaient en rien le fait évoqué. On parlait alors de la langue de bois. Nul n’osait ouvertement s’attaquer à l’autorité établie.
Forcées d’accepter l’instauration de la liberté d’expression, les autorités tolèrent l’intensité de la critique sociale, la portée de ces revendications se limitant à la seule zone couverte par les stations FM du centre et du sud. Soit près de 60 kilomètres à la ronde.
Ecole ilormale supérieure, Yaoundé
Le titre original de cet article de Louis-Martin Onguene Essono est “La démocratie en chansons :
les bikut-si du Cameroun” . Pour lire l’article en entire lire www.politique-africaine.com/.../064052.pdf
Copyright © Louis-Martin Onguene Essono, Yaoundé - Cameroun | 10-04-2013