Discours sur le développement


Le philosophe Ebénézer Njoh Mouelle a commis, en 1970, un essai dont l’actualité continue d’interpeller, 41 ans après.


 
A la parution du livre « De la médiocrité à l’excellence » en 1970, l’essai du professeur Ebénézer Njoh Mouellé a tout de suite détonné. D’abord parce qu’il remontait les bretelles à l’intellectualisme consensuel de l’époque des décolonisations récentes de l’Afrique. Ensuite, parce qu’il venait bousculer les certitudes des premiers théoriciens du développement endogène. Enfin, parce qu’il proposait une théorisation simple et pratique de la problématique du développement en Afrique. 
 
Dans un style passé dans la postérité, alchimie de simplicité et de raffinement, Ebénézer Njoh Mouellé aborde les notions de développement, de pauvreté, de richesse, de bien-être, de bonheur et de liberté avec la justesse de son érudition. Loin des formules sophistiquées dont font habituellement usage les philosophes, l’auteur de «De la médiocrité à l’excellence» met la main dans le cambouis. En observateur averti, Njoh Mouellé s’abreuve à la source de l’expérience vécue par son auteur, de l’actualité contemporaine remise au goût du jour dans la deuxième édition, mais aussi, de nombreuses sources documentaires dont il fait abondamment usage pour étayer son propos. Le lecteur emballé par le verbe fluide du philosophe trouvera l’illustration de la théorie qui lui est proposée par un exemple parlant. En neuf tableaux qui constituent le plan du livre, l’auteur essaye d’expliquer toutes les théories qui ont une corrélation avec le développement. 
 
Processus essentiellement dynamique, le développement est une notion confuse qui embrasse des évocations connexes. Pour démêler l’écheveau, Njoh Mouelle épingle le changement, fustige le snobisme, explique la médiocrité, met en garde contre la modernité, pose les conditions du bien-être et du bonheur, lance les fondations de la liberté, toutes choses qui ne sont possibles que dans une appropriation par les personnes pour qui le processus de développement est mis en place. Au bout de l’exercice, « l’excellence est la situation ou la condition de celui qui s’échappe d’une cellule où se presse et s’étouffe une foule de personnes pour mieux respirer, au-dehors et dans la solitude, l’air de la liberté ».
 
Depuis la parution du livre en 1970, de l’eau a coulé sous les ponts. Le livre a été inscrit aux programmes scolaires des classes de philosophie des lycées et collèges au Cameroun et ailleurs en Afrique. Entre-temps, l’auteur n’est pas resté lui-même dans une posture de simple prescripteur.  Devenu acteur politique, le philosophe s’est essayé à la politique. Le 11 juillet 1990, il est nommé secrétaire général du Rdpc, où il passera 18 mois, avant d’être débarqué le 22 mars 1991. Mais, son livre réédité en cette année 2011 inspirera encore les théoriciens d’un développement ancré dans la culture africaine. Au moment où les tentatives de modélisation et de standardisation économiques sont en décrépitude à travers le monde.
 
Jacques Bessala Manga
 
Ebénézer Njoh Mouellé
De la médiocrité à 
l’excellence 
Essai sur la signification 
humaine du développement
 Editions Clé –Yaoundé 2011 (4ème édition)
188 pages
Isbn : 978-9956-0-9200-0

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