L'artiste enrage presque, lorsqu'on évoque avec lui la situation actuelle de la musique camerounaise. "Ça ne va pas. L'industrie du sexe semble prendre le dessus sur les messages didactiques. De plus en plus, les artistes camerounais optent pour la facilité. Pour ne prendre que l'exemple du Bikutsi, à mon avis, il n'y a pas eu de succès en tant que tel depuis Nkodo Sitony. Et cela est bien dommage pour notre carte d'identité culturelle", lâche-t-il, visiblement amer. Depuis près de dix ans, Thierry Fouda est pourtant en plein dans le monde du show-biz, après une autre décennie passée à écumer les cabarets.
Son premier album, "Akelenkongo" (circoncision), commis en 1997 ; autant que les suivants, "Mbalmayo" (2001) et "Afoulan Ntangan" (en hommage à sa feue mère), ne furent pas des succès retentissants. Soit. Mais, rien ne semble plus arrêter celui qu'on surnomme le shérif sur la place parisienne, où il est établi depuis quelques années.
C'est d'ailleurs depuis la capitale française qu'il a goupillé, "pendant deux ans", le quatrième album de sa carrière. Un authentique cocktail explosif, pour rester dans le langage martial, qui comporte six titres, qui s'écoutent déjà dans certaines discothèques de Yaoundé et Douala. Arrivé au Cameroun depuis quelques jours, Thierry Fouda entend ainsi assurer la promotion de cette œuvre musicale, qui, à la première écoute, ne manque pas d'originalité.
Dans le fond, des titres comme "Onguene Oyanguema" (m'attends-tu toujours ?) ou encore "Elle et moi", devraient ravir les préférences des mélomanes. Le premier, qui est une série de questionnements sur un amour à distance, est chanté dans un pur Bikutsi. "Face à la difficulté, l'insensé s'enfuit, le sage se réjouit…", fredonne l'artiste. Le style, dans une certaine mesure, rappelle de vieux briscard comme Messi Martin, Ange Ebogo Emérant ou Salla Bekono, que Thierry Fouda considère d'ailleurs comme ses modèles. Quant à "Elle et moi", il s'agit d'un amour que l'auteur exprime à la cadence du Merengue. "La magie ne peut rien face à la volonté de Dieu", indique-t-il, pour marquer, paraît-il, sa forte croyance au destin.
Hommages
Mais au-delà du chant, l'album de Thierry Fouda séduit par la qualité des arrangements. Ici, Tchoungui Tebate, concepteur, arrangeur et réalisateur de l'œuvre, fait étalage de toute sa classe aux côtés des "légionnaires de Paris". Parmi ces dinosaures des studios, on reconnaît les harmonisations de Daly Kimoko, Achilo et Olivier Tshimanga, qui ont mis leur doigté à contribution à travers les guitares solo et rythmique. Tanus Foé et Ndongo Mairy assurent les chœurs. Une certaine Natacha Biso s'y mue en animatrice. Un assemblage plutôt réussi de sonorités et de textes, qui donnent, par exemple, davantage de relief à un titre comme "Mbanda Eding", un langoureux Merengue que Thierry Fouda a composé en duo avec Tchoungui Tebate.
Dans son nouvel album, Thierry Fouda rend par ailleurs hommage à deux de ses compatriotes, qui, de l'avis de l'artiste, "contribuent au rayonnement du Cameroun à travers le monde". Il s'agit du très populaire footballeur Samuel Eto'o Fils et… du président de la République, Paul Biya ! Intéressé ? L'artiste s'en défend. Dans un ton essentiellement laudateur. "Eto'o Fils, c'est le maître à jouer, c'est le maestro, c'est la classe…", clame-t-il dans sa chanson. Et le chef de l'Etat dans tout cela ? "Un grand homme pour l'Afrique. La restitution de la péninsule de Bakassi au Cameroun est, à mon avis, une réussite de plus pour le Renouveau…", indique Thierry Fouda, qui restera dans son pays jusqu'au 2 janvier 2007, pour essayer de faire passer ses nombreux messages. Des spectacles de l'artiste sont ainsi prévus, en principe, les 15 et 16 décembre prochains au Centre culturel François Villon de Yaoundé.
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mboasawa
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