Un slameur s’avance en éclaireur sur la scène. Les autres le rejoignent après que le guet soit effectué. Arrivés sur la scène, ils dérobent progressivement tous les objets qui s’y trouvent, tout en prenant la précaution de ne pas se faire attraper. Cette chorégraphie basée sur des gestes et des mimiques évoquant une bande de voleurs, sert d’entrée aux acteurs du spectacle. Le premier intervenant, Mara, déclame ensuite texte, qui porte sur la vie dans les ghettos. «Moi je vis à Mvog-Ada…» est la première phrase qu’il énonce. Celle-ci soulève immédiatement la foule. Tour à tour, 21 autres personnes vont se suivre sur les planches. Il y a par exemple Amiel, le «Docteur de mélancolie» qui, à travers son slam affirme que «l’amour est un plat auquel tout le monde veut goûter, mais personne ne veut apprendre à le cuisiner».
Comédie musicale.
L’on aura aussi retenu le passage de D3, le mathématicien de la caserne, qui explique que bÇ en mathématique est la résultante de bxb, mais qu’en français, «bÇ équivaut à Belle et Bête». Une déduction qui soulève l’indignation du public féminin.
L’originalité de ce spectacle est sa forme de comédie musicale. Les acteurs évoluent dans des contextes divers tels qu’une salle de classe, une caserne de voleurs, un atelier de peintre entre autres. L’effet théâtral du spectacle slam est accentué par les jeux d’éclairage qui varient selon l’intensité des paroles prononcées.
Pendant que certains slameurs dévoilent leur récit en a capela, d’autres sont accompagnés par un pianiste. L’amour, la corruption, la dictature, la vie dans les ghettos, la drogue et l’art sont les thèmes qu’ont abordés les conteurs des mille et une vies.
De l’avis des spectateurs, le concept “les contes des milles et une vies‘’ a tenu la promesse des fleurs. «Le titre du spectacle a été bien travaillé. Il n’a pas été accrocheur pour rien. Moi par exemple, j’ai eu ma dose de fou rire pendant cette soirée. Par ailleurs, il y a quelques leçons de vie que j’ai retenues», a confié Clémence Atanga, une spectatrice.
Pour d’autres personnes la Caserne d’Ali Bavard était l’occasion de découvrir le slam, encore embryonnaire au Cameroun. François Bibi, étudiant et poète s’étonne de savoir que les Camerounais s’intéressent au Slam. «Je connais très peu de choses en ce qui concerne le slam. Par ailleurs, je pensais que le slam était un art pratiqué seulement en France. Ce spectacle m’a permis de me faire une idée concrète de ce que c’est et de découvrir qu’il y avait des personnes talentueuses et rodées dans ce style musical», a-t-il avoué.
Selon «Stone», l’organisateur de ce spectacle, la Caserne d’Ali Bavard est un projet qui se prépare depuis 9 mois. «C’est depuis le mois de février que nous avons débuté les ateliers de slam dans les locaux du Ccf», souligne-t-il. Pour les acteurs du spectacle, une seule représentation ne suffit pas à montrer la dimension entière du Slam. Il faudrait que les ateliers de Slam aient une suite.
Rowina Nguimbis (Stagiaire).