Vous venez de sortir un nouvel album intitulé «Nouvelle alliance». Quel est votre nouveau credo ?
La «Nouvelle alliance» s’interroge sur le rôle qu’a joué l’Eglise catholique, qui utilise l’image du Noir pour représenter le diable. Cet album de dix titres parle aussi des maris infidèles, qui pleurnichent quand leur amour s’en va alors qu’ils passent leur temps à distraire les revenus de la famille.
Dans quelles conditions a été réalisé cet album ?
Il a été préparé pendant quatre ans, entièrement enregistré au Cameroun et mastérisé en France. Contrairement à la mode, il n’y a pas de programmation. Mon album a été entièrement joué par les musiciens. Et, grâce à Internet, nous n’avons plus effectué le déplacement de Paris pour le mastériser. En fait, l’ordinateur nous donne la justesse et nous permet d’avancer.
Comment comprendre que votre album n’est pas estampillé ?
C’est du fait du conflit entre la présidente du conseil d’administration de la Socam et mon producteur Raymond Tchengang, qui est par ailleurs administrateur à la Socam. Et pourtant, elle avait fait la promesse à Raymond Tchengang de réunir autour d’elle tous les artistes camerounais. C’est pour cette raison que mon producteur a accepté de financer sa campagne électorale, afin d’aider les artistes camerounais. Elle lui a même confié que c’est Sam mbende qui bloquait la situation. D’où le rapprochement initié par Raymond Tchengang. Lors de son déplacement à Douala pour aller rencontrer Sam Mbende, Odile Ngaska était d’accord. Mais, revenue à Yaoundé, elle a rejeté tout ce qu’elle avait déjà accepté.
Est-ce la raison pour laquelle votre ?uvre n’est pas estampillée ?
Elle refuse d’estampiller mes ?uvres car je ne suis pas adhérant de la Socam et que je suis très proche de Sam Mbende, en plus des raisons évoquées plus haut. Mais, elle est ignorante des textes. Dans le droit d’auteur, l’artiste, le producteur, l’infographe, etc., sont tous concernés. L’un ou l’autre peut déclarer une ?uvre. Moi, je n’irai jamais à la Socam car c’est une société illégale. Et je me sens frustré du fait que quelqu’un qui n’est pas artiste vienne nous donner des leçons de savoir-vivre, de réconciliation pendant que les artistes eux-mêmes s’y opposent.
Quelles peuvent en être les conséquences ?
Depuis que la Socam existe et que madame la ministre est là, tous ceux qui sont identifiés comme proche de la Cmc ou de Sam Mbende sont mis à l’écart dans les différentes activités. En conséquence, mon oeuvre est en circulation sans être protégée. Les droits de tous les intervenants dans cet album, qui sont par ailleurs musiciens membres de la Socam ne sont pas aussi protégés. Mme Ngaska a tort de procéder ainsi. C’est par ignorance qu’elle a refusé d’estampiller mon album.
Avez-vous pensé à un recours pour corriger cela ?
Le producteur et les autres intervenants dans cet album devraient faire pression sur la Pca de la Socam. Pas moi. Je préfère qu’elle reste une société illégale, tant qu’elle ne servira pas les intérêts des artistes.
Et que pensez-vous de la fusion Socam / Cmc ?
C’est un projet réalisable. Et la Socam a intérêt à ce que la fusion ait lieu. C’est une bonne voie de sortie pour elle, car elle pose jusqu’ici des actes illégaux. Et Odile Ngaska le sait. Je voudrais interpeller ici la ministre de la culture et le chef de l’Etat camerounais. Qu’ils se penchent sur cette affaire. Mme Ngaska n’a pas fait de bilan financier de son premier mandat. Nous demandons un audit judiciaire avant toute réconciliation ; que tous les acteurs reconnus coupables de détournement de biens des artistes soient suspendus de la gestion des sociétés de droits d’auteur.
Propos recueillis par Justin Blaise Akono