Commémoration : Des intellectuels ressuscitent Mongo Beti



E.M. Owona Nguini et F Eboussi Boulaga ont animé un débat hier à Yaoundé.

07 Oct 2011




Il y a dix ans mourrait Alexandre Biyidi alias Mongo Beti, alias Eza Boto. Dans le cadre de la semaine d’activités à lui consacrées, deux intellectuels camerounais ont animé une conférence débat hier après midi à la Librairie des Peuples noirs. La librairie qu’a laissée le célèbre écrivain camerounais. Le politologue Eric Mathias Owona Nguini et le philosophe Fabien Eboussi Boulaga avaient alors comme modérateur Odile Dobner, la veuve de Mongo Beti.
C’est Fabien Eboussi Boulaga qui a l’honneur d’expliquer les circonstances de la tenue de cette conférence. «Nous ne sommes pas ici pour nous lamenter. Mais nous sommes là pour continuer le mode de vie de Mongo Beti, qui était lui-même l’illustration de la lutte pour la transformation. Comme lui, nous nous tournons davantage vers l’avenir», a-t-il précisé. La conjoncture s’y prêtant, le philosophe a profité pour faire le point sur la situation socio-politique du Cameroun pour se rendre compte que «les choses vont mal». Il s’est d’ailleurs posé une question : «Comment se fait-il qu’un régime si nul puisse avoir une telle longévité ?».

Fabien Eboussi Boulaga dont on connaît le franc parler a par ailleurs confié à l’assistance qu’il a mené une enquête pour s’enquérir des raisons pour lesquelles les jeunes s’intéressaient de moins en moins à la politique, sinon plus du tout. Entre autres raisons, le fait que les jeunes se disent que, «militer ne suffit plus. Il faut automatiquement faire partie des sectes et des réseaux mafieux pour aspirer à une ascension sociale».
Eric Mathias Owona Nguini à son tour n’a pas tari d’éloges pour Mongo Beti, auteur de la célèbre oeuvre littéraire «Ville cruelle». Pour lui, «cet écrivain était un homme dont la grandeur littéraire ne peut souffrir d’aucune critique». C’est d’ailleurs pour cette raison que ce dernier mentionne que
«L’écrivain ne saurait se limiter à l’art pour l’art, c’est d’ailleurs pour cela qu’il ne s’entendait pas avec des écrivains comme Camara Laye».
Il relèvera également que cet homme se battait pour l’égalité comme principale valeur de l’humanité et enfin qu’il fut un homme exemplaire sur le plan de la formation des mentalités. Il présentera également «Eza Boto» comme un promoteur «de la métaphysique de la réalisation, de l’esthétique de l’illumination, de l’éthique de l’indignation…», avant de conclure qu’en fait, «le parcours de Mongo Beti retrace en réalité l’expression du parcours de toute une civilisation».
Seulement, le politologue fait un constat : «Ce pourquoi Mongo Beti se battait est finalement en train de se mettre en place, le système politique actuel est entré en pleine décomposition». L’auteur de «Ville cruelle» est décédé le 7 octobre 1991 alors qu’il était âgé de 69 ans.

Aïcha Nsangou (Stagiaire)


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