Carole Bakotto : Sur les traces de Richard Bona



La jeune chanteuse explore sa langue peu usitée en musique dans l’Afro jazz.


 



Demain soir, les mélomanes habitués des spectacles du centre culturel français (Ccf) de Yaoundé pourront peut-être découvrir une chanteuse camerounaise. Non pas parce qu’elle vient d’entrer dans le circuit musical camerounais. Mais, parce qu’elle n’est pas une habituée des hits parades locaux depuis la sortie de son premier album, «Mbombo» il y a plus d’un an. Carole Bakotto, danseuse appréciée est aussi une chanteuse, qui semble surfer sur plusieurs voies, selon les compositions. Dans sa chanson principale, «Mbombo», l’on croirait entendre la Capverdienne Cesaria Evora ou le célèbre duo des années 70, 80 Claudette Et Ti Pierre. Musique langoureuse, qui la rapprocherait plutôt des îles.
Et pourtant, Carole Bakotto se défoule bien sur la piste à travers des rythmes très enlevés et une voix similaires à celle d’une autre Camerounaise, Sally Nyollo. Carolle Bakotto ne classe pas sa musique dans un registre précis. Afro Jazz, World music, «groove bombastic» pour la reprendre, l’essentiel est que chacun y trouve son compte. Soit sur une piste de danse avec des rythmes soutenus pas sa langue maternelle, soit en écoutant tout simplement des berceuses.

La native de Minta, comme le célèbre bassiste camerounais Richard Bona chantede tout. De la gratitude maternelle (Igneu), de la solitude (Itam), s’insurge contre les commérages (Maya Nime), est triste après un rêve déchu (Mellendo), parle de la magie d’une grand-mère (Mbombo) son homonyme Bakotto dont elle a hérité le nom. Elle chante aussi pour les enfants (Mona), écolo à la limite à travers la forêt qui danse (Nga Nkoukouma). Et pourquoi ne pas aussi être heureux en chantant en parlant de l’amour (Tu m’avais dit) ?
La petite fille du chef de village (Nioe), finaliste du concours Mützig en 2001, concours qui propulsa la carrière de Longuè Longuè étale à travers ce premier album son expérience acquise, d’une part dans les cabarets de la ville de Yaoundé, avant de s’envoler pour l’Europe ; d’autre part, à travers ses «prestigieuses collaborations».

Ainsi, l’on retrouve dans son carnet de chasse l’Ivoirienne Monique Seka, Jay Lou Ava, Justin Bowen, Talla André Marie, Jean Pierre Essomè et bien d’autres. Jamais sans sa trousse de beauté même au vestiaire avant le spectacle, Carole Bakotto estime être beaucoup plus créatrice de son propre style que consommatrice des tendances. D’ailleurs, celle qui sait aisément allier chant et danse semble imposer sa langue maternelle dans la musique : le Bamvelé parlé dans le département de la Haute-Sanaga (Nanga-Edboko, Minta) dont elle est originaire et qui est très peu utilisé, abandonné même par les originaires de cette partie du pays, qui préfèrent chanter en langue Ewondo, langue véhiculaire du Centre, à l’instar d’Aïe Jo Mamadou. La plupart des chansons de Carole Bakotto sont interprétées en cette langue. Ce qui ne dénature pas ses chansons. Plutôt !

Justin Blaise Akono

 


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