Album : Les Negro Beat se souviennent des héros


Ce jeune trio vient de mettre sur le marché du disque son premier album.


 



Le beat du groupe des jeunes Wallass, Cyclone et Negro, à la première écoute, n’est pas nouveau. Entre a capella de la première chanson à la Reggæ Muffin du milieu de la décennie 1990 propulsée par les chanteurs des Caraïbes tels que Tonton David, Shabba Ranks, Shaggy, etc. en passant par le Raggae pur, l’on découvre des jeunes qui explorent dans l’album «Saï Mbock» les danses traditionnelle du pays Bassa, qui ne sont pas forcément l’assiko.
Rythmes qu’ils classent dans le registre de Dance Hall. «Il renvoie en même temps au Raggae, à la Ragga, à la Soul, au Rap», explique Wallass, qui reconnaît que cet album, visiblement soutenu par la boîte à rythme de son arrangeur Ruben Binam, chef d’orchestre du groupe Macase invite plus à l’écoute qu’à la danse. Quoi de plus normal s’il doit imposer à ses jeunes poulains l’identité de ce groupe.

Mais, Wallass, Cyclone et Negro, qui ont préféré un rythme peu populaire, disent vouloir mettre en avant le message. Et chaque chanson traduit ainsi leur vécu ainsi que celui de la société qu’ils pensent peindre. La première plage, Djam djéss retrace leur parcours, leurs souffrances depuis la création du groupe en 1994 alors qu’ils étaient à peine adolescents et surtout, au moment où personne ne croyait en eux.
En somme, «il faut persévérer», conseillent-ils dans la deuxième chanson. Ces jeunes du département du Nyong et Kellé qui voient le train passer tous les matins peuvent proclamer leur bonheur d’avoir été désenclavés. Mais, ils se souviennent aussi de «ces promesses fallacieuses des Blancs au moment de poser les rails. Ils avaient promis à nos parents que ceux-ci ne paieraient jamais le train», rappelle Wallass, sans regret.

Loin de se décourager, les jeunes lancent un appel aux Africains pour le développement. Ils rendent déjà hommage à ceux qu’ils considèrent comme les héros africains qui ont été contre les indépendances dans la cinquième chanson, I Nguéda Kwan. Ils citent entre autres Félix Moumié, Ruben Um Nyobé, Hamilcar Cabral, Sékou Touré, Patrice Lumumba, Thomas Sankara. Ils pensent que ceux-là ont été contre les indépendances tronquées de l’Afrique. Le trio définit ainsi sa position par rapport à l’histoire du Cameroun en particulier et de l’Afrique en général. L’on n’attendrait pas moins d’un rappeur.
Mais, ce qu’on attendrait, c’est l’originalité. Mais, dans cet album, l’on retrouve des sonorités déjà entendues. Notamment la version Bassa de «Un Africain à Paris» de l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly. Ou le beat des Bantou Pô Si dans la troisième chanson. Néanmoins, les Negro Beat se démarquent de la pratique devenue courante de citer les noms des personnalités dans les chansons. «Il ne faut pas faire la musique pour plaire à quelques personnes. Mais, nous avons choisi de ne pas faire de dédicaces car, c’est de notre carrière qu’il s’agit», explique Cyclone pour qui «cet album doit être écouté partout dans le monde». Question, en priorité, de vendre la culture camerounaise.

Justin Blaise Akono

 


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