Bien au-delà de son sourire intarissable, René Zogo Menyé, de son nom d’artiste Zogo d’Ewondo, retient l’attention par la teneur de son discours. Surtout, lorsqu’il se met à parler de son idée sur la lutte contre la piraterie. Elle tient en fait en une technique de vente, que l’artiste est en train d’expérimenter sur la distribution et la vente de trois de ses plus récents albums. Le principe semble direct et simple, sur un mode unique de distribution du producteur au consommateur. L’échange peut être direct, par correspondance ou sur commande. Ainsi, l’artiste, à travers le label Cameroun France Musique, une association culturelle qu’il a créée et qu’il dirige, pense pouvoir contourner les nombreuses manipulations qui conduisent souvent à la duplication frauduleuse des produits. Les ventes sur commandes sont effectuées sous le contrôle d’un huissier et en prime, tous les albums (K7, DVD ou CD) sont dédicacés. Une cerise sur le gâteau, qui n’est certainement pas pour déplaire aux véritables mélomanes. Tout comme la musique même de l’artiste, qui est du moins assez bien connu des générations 70 et 80.
Car, aussi surprenant que cela puisse paraître, Zogo d’Ewondo compte bel et bien 15 albums à son actif. Le premier ayant été édité en 1971. En fait, ils n’ont jamais été promu ni vendus au Cameroun. Pourtant, certains reconnaîtront tout de même le titre Nga Tara, un classique mi Ekang, mi Bikutsi, qui en 1997 a remporté le prix des auditeurs RFI. Ou alors Kekeke, un des autres titres qui seront bientôt en promotion sur les médias camerounais. Bien mieux, l’artiste prévoit une série de concerts à partir de ce week-end, au cours desquels le public de Yaoundé pourra redécouvrir celui qui, à la fin des années 60, agrémentait déjà les soirées des fêtards de la capitale. A ces occasions, de manière exceptionnelle, des albums seront vendus et dédicacés sur place. En plus, l’artiste annonce une collecte de 50% des fonds issus de ces représentations et des ventes, pour l’achat de médicaments et l’acheminement vers des hôpitaux, dans le cadre de la lutte contre le Sida. Une autre partie, selon lui, est destinée au reboisement de certaines régions du Cameroun, menacées de désertification… Sans réserve, par rapport à la capacité des pirates à déjouer les artistes, ou sur le peu de culture du spectacle des Camerounais, nous retenons déjà cette volonté de bien faire, que le quinquagénaire affirme avec force conviction…
CT
mboasawa
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