Festival : Le «Féo Kague» chante «Cocorico»

Le nouvel an du peuple Toupouri a été célébré samedi dernier à Douala.

 

L’esplanade du collège Saint Michel dans la capitale économique a une fois de plus été pris d’assaut par les ressortissants de la communauté Toupouri et les badauds. Ces derniers sont venus assister à la grande fête traditionnelle du peuple Toupouri. Cette fête est marquée par un rituel de sacrifice du coq. Le roi de la basse cour a d’ailleurs été immolé aux aurores, samedi 11 décembre par le chef spirituel des Toupouri de Douala. Après l’avoir immolé, l’animal est visiblement tombé du côté droit. Puisque les festivités ont débuté à l’heure indiquée ; 14heures. «Lorsqu’il tombe à droite, grande est la joie du chef de famille, car sa prière a été exhaussée», apprend-on. Mais, si c’est le contraire, cela veut dire que les esprits ne sont pas satisfaits et il faut recommencer l’acte.
 La célébration de cette 1 3e édition du «Féo Kague», fête du coq en la langue de Molière, a été marquée par une exhibition du «Gourna». Le «Gourna» est la danse la plus célèbre de ce peuple de guerrier. Des chorégraphies sont tant exécutées par les hommes, les femmes que les enfants. Les danseurs sont facilement identifiables par leur accoutrement spécial.

Les shorts décorés à l’arrière par des peaux de bêtes parsemés de cauris donnent un autre design à ce vestimentaire. Les femmes ont quant elles des serviettes nouées autour des hanches et des soutiens-gorge pour protéger leur sein.
Des objets culturels qui permettent d’identifier ce peuple. Munis chacun d’un bâton, les danseurs se laissent mouvoir au rythme des tam-tams. «Je suis une Toupouri. Je danse parce que je suis fière de l’être contrairement à celles qui ont honte de leur origine», indique dans une aisance, Jacqueline Maïkorada, une danseuse. Son pas de danse accentué attire tous les regards. «J’ai appris à danser au village. Et ça fait cinq ans que je le fais ici», explique-t-elle.
La cérémonie a également été marquée par des compétitions de lutte et le maniement du bâton. Des démonstrations qui ont levé la représentante du gouverneur de la région du Littoral, Rachel Senkong habillée en «kaba» du Feo Kague, le sous-préfet de Douala IIe, Mouhamadou Bachirou et le directeur régional des brasseries du  Cameroun. La société brassicole, sponsor de la fête, a remis aux quatre vainqueurs des trophées.

Cette fête du coq est célébrée dans plusieurs régions. Car, elle permet à ceux qui ne résident pas à l’Extrême-nord de vivre aussi ce grand moment. «Mais la cérémonie traditionnelle célébrée ici est différente de celle célébrée au village. Le rituel d’immolation du coq est différent», précise notre confrère Joseph Olinga dont l’épouse est toupouri. Le coq est un animal symbolique pour ce peuple. «Le coq est un facteur d’unanimité entre les fils Toupouri», confie Paul Tapka, président du comité d’organisation du «Féo kague».
La symbolique de cet événement remonte à plusieurs années. Le chef spirituel appelé «Wandore» immolait toujours un coq de retour de chaque bataille. Ce sacrifice visait à rendre grâce aux ancêtres pour avoir protégé son peuple pendant son absence. Ainsi, pendant 30 jours, ce peuple doit observer le carême. Pendant cette période, les violences sont interdites.
Par ailleurs, il est interdit de jouer au tam-tam. Deux semaines après l’entrée en carême, commence la préparation du bil-bil ; cette boisson fermentée faite à base de mil. Laquelle a été abondamment dégustée le jour de la célébration. «Je demande au peuple Toupouri de rester serein, d’avoir confiance et de vivre en communion», a exhorté Paul Tapka. La communauté Toupouri de la capitale politique remet le couvert de ce même concept samedi prochain à Yaoundé.

Sandrine Tonlio


mboasawa

3713 Blog des postes

commentaires