Pourquoi les artistes changent de nom

Les mobiles ont pour nom : inspirations divines subites, caprices de stars, statut matrimonial oblige, déception amoureuse, baptême des aînés…...

Février 2010. Coup de tonnerre ! Le séjour au Cameroun de Clarisse et son jules Valéry vire au vinaigre. Selon le site Internet Kaï Walaï, le mignon Valéry aurait été arraché par une autre «petite». Du «Taper dos» comme disent les Ivoiriens. Et pan ! Clarisse Valéry a vécu. Le couple vole en éclats. La séparation amène la chanteuse à plier bagages. Une nouvelle aventure s’ouvre. Un Italien dont le petit nom est Mucho fend le cœur de la créatrice du Wopso. Le Français est viré. Son nom d’artiste (jusque-là Clarisse Valéry) prend des coups. Désormais, fans, mélomanes et mordus de la culture doivent s’arrimer à une nouvelle donne. La star à la voix de stentor, aux tenues plurielles bigarrées et chics dans ses vidéogrammes, s’appelle dorénavant Clarisse Wopso. Exit Valéry ! Clarisse Wopso est la nouvelle appellation contrôlée. La Soucoupe du Wopso, Akaupomaire, excusez du peu, sont… aux calendyes grecques ? A voir !

Autour des années 1985- 1987, Adolphe Claude Alexandre Moundi s’introduit sur la scène discographique avec pour nom d’artiste Petit Pays. Un album, Ancien Parigo dont le titre phare est Salamalekum lui ouvre les portes du succès après un premier jet artistique labellisé ça fait mal. Petit Pays enchaîne des albums à succès et se voit pousser des ailes. Jusque là autoproclamé Avocat défenseur des femmes, Petit Pays devient tour à tour Le Turbo, Le Turbo d’Afrique, Omega, Le Maestro, Le Neveu de Jésus et finalement Rabba Rabbi. Une juxtaposition de noms qu’il scande fièrement d’ailleurs dans nombre de ses titres. Pourquoi Rabba Rabbi ? Petit Pays ne va pas du dos de la cuiller. «Je suis le grand maître. Avant, il y a eu des grands. Dans mon domaine, je suis maître. Rabbi signifie en hébreux Jésus. Dans notre environnement beaucoup de jaloux vivent et moi je règne. Je regrette d’être né au Cameroun. J’en veux à Dieu de m’avoir fait naître dans ce pays où on ne respecte pas les gens. Je suis le grand maître. C’est-à-dire Rabba Rabbi» soutient-il sans fausse modestie.

Plaques d’immatriculation

Après le retentissant succès de son album A yé mock (je suis en prison en langue basaa) Belka Tobis (qui signifie la cuisse du pangolin en français facile) se bombe le torse. La star est quasiment dans un univers onirique. Le chanteur de charme comme on l’appelle dans certains milieux devient la Mega-giga-bio-planète-web star. La sortie de son album intitulé Trajectoire, un patchwork musical coloré dans lequel l’artiste surfe entre la rhumba, le makossa soft en passant par les mélodies langoureuses à l’instar du slow dont il a le secret. Suffisant pour que Belka Tobis ajoute une nouvelle corde à son arc onomastique. Il faut désormais l’appeler La Terasca. Frimeur devant l’Eternel, Belka Tobis fait étalage de toute sa palette de vantardise lors de la soirée de dédicace de son dernier bébé discographique, aux couleurs rose et noir à Douala Bercy.

Depuis plusieurs semaines, un véhicule de marque Volkswagen encore appelé Coccinelle de couleur verte fluo, arpente les rues de la capitale économique. Sur la plaque d’immatriculation avant un titre : Maréchal. A l’arrière, une autre appellation : Samouraï. Ne vous méprenez surtout pas. Il s’agit bien de la voiture de l’artiste musicien Din Din Ferdinand alias Maréchal Papillon. A la faveur de la sortie dans les bacs de son 13eme album intitulé Piler le mil, Maréchal Papillon, L’homme fort…, comme on l’appelle également, est devenu un Samouraï. Pourtant, Din Din Ferdinand lorsqu’il fait ses premiers pas sur la scène discographique grâce à Guy Lobé au sommet de son art, choisit pour nom d’artiste Papillon. Avec Femme sans ambition, Cacao Café, des albums à succès, Papillon monte en grade. Il faut désormais l’appeler Maréchal Papillon et aujourd’hui Samouraï. Naturellement, Maréchal Papillon, Samouraï, est un guerrier camerounais qui mène une lutte acharnée contre le piratage des œuvres musicales.

Changement de grade

A l’image de Maréchal Papillon, Njohreur, transfuge des Sans Visas de Petit Pays, roule dans une grosse cylindrée. Une Hunday Sonata de couleur marron vernis. La plaque d’immatriculation avant est estampillée Mba Nu Tiger. Celle fixée à l’arrière dudit véhicule porte le nom Njohreur. Approché par le reporter de Le Messager, l’un des créateurs du Zingué, avec le célèbre titre Le Mari d’autrui est sucré, chanté en duo avec Sergio Polo, qui se fait, par ailleurs, appeler Le Président des Deido à Paris, est sans ambages. «J’ai constaté que dans la musique, plusieurs personnes arborent des titres, parfois ronflants. Je me suis interrogé. Qui suis-je dans ce bataclan ? Je me suis donné l’appellation Mba Nu Tiger, qui signifie en français je suis le tigre» Le tigre de la musique camerounaise ressemble étrangement à son collègue Devis Mambo.

C’est encore une histoire de carrosse. Devis Mambo, ne se le cache pas. Sa Mercedes Elégance de couleur grise est estampillée Le Paquebot. L’auteur des Mélodies du Graal, 7eme porte est donc un navire. Pour la petite histoire, Devis Mambo explique que l’appellation Le Paquebot vient d’un grand artiste camerounais nommé Vincent Nguini. «Quand je chantai autour des années 1994-1995, Vincent Nguini a trouvé que je le faisais avec fluidité et finesse. Il m’a appelé alors Paquebot».

D’autres artistes à l’instar de Pandé Star, Valséro, Benji Matéké… sont rentrés dans la danse. Pandé Star est désormais Samouraï. Valséro, simple soldat ayant rédigé une Lettre au président de la République est monté en grade. Les fans, mélomanes doivent lui servir du Général. Général Valséro, après le single Répond, son dernier album Autopsie, consacre son changement de grade. Benji Matéké, avec sa Kousine, un des titres phares de sa dernière galette musicale a grandi. Son nouveau nom de baptême est Big Benji. Le tigre proclame-t-il sa « tigritude » ? Seuls les artistes ont la réponse.

Alain NJIPOU

 


mboasawa

3713 Blog posts

Comments