« Celui qui écoute attentivement cet album n’aura plus un regard apitoyé sur la personne handicapée ou alors ne va plus regarder la personne non voyante avec mépris comme c’est souvent le cas ». Vœu de l’artiste Coco Bertin, exprimé le mercredi 25 août dernier au siège du Club des Jeunes Aveugles réhabilités du Cameroun (CJARC) à Ekié à Yaoundé. C’était à l’occasion de la présentation de son troisième opus intitulé « Surprise ». Cet album qui vient après « Cécité » (1999) et « Victoire » (2005) comporte dix titres avec pour chansons phares : « le coq a chanté » et « La vie a des surprises ». Ici, l’artiste s’appuie sur son expérience personnelle pour interpeller son auditorat aussi bien français (90%) qu’en langue de la région de l’Ouest. « La vie a des surprises, jamais on ne sait de quoi est fait le lendemain. Le riche d’aujourd’hui peut-être le pauvre de demain… Il ne faut pas se moquer du plus faible », chante celui qui a connu la cécité à 15 ans alors « qu’on n’avait pas rendez-vous ».
Pour les premières personnes à l’écouter, cet album est plein de gaité à travers notamment ses mélodies et ses rythmes rapides. Justifier par le type d’instruments affirme Lazare Etoundi. « Dans les premiers albums, c’était la guitare sèche. Cette fois-ci, on retrouve la guitare électrique avec le solo d’accompagnement, la basse sans oublier les batteries. On y retrouve du Makossa avec un zeste de Kwassa-kwassa, du soukous qui justifie le caractère entraînant du rythme ». Un rythme si engageant que le critique n’a pu s’empêcher de se trémousser sur sa chaise pendant la séance d’écoute. Ne va-t-on pas tellement danser qu’au finish ne soit occulté le message que veut passer l’artiste aux citoyens du monde et à la jeunesse camerounaise qu’il convie au travail ? « Cela peut se concevoir ainsi. Mais en réalité, les critiques ont souvent pensé que l’emballage de la musique c’est-à-dire le media est également le message. L’emballage par la gaité va d’abord entraîner la masse qui après va chercher à savoir ce que dit la chanson…c’est un hameçon distiller dans l’appât de façon à ce que tôt ou tard le message passe », rassure Lazare Etoundi.
Pour sa part, François Bingono Bingono, expert en communication traditionnelle soutient que c’est « cette variété thématique, stylistique musical [slow, Tchamassi, etc. Ndlr] qui va constituer la force de Coco Bertin ». Et d’ajouter : les qualités techniques d’enregistrement sont appréciables. Il aurait craint un rejet du public si l’artiste avait enregistré dans un studio sommaire. Ce qui vraisemblablement n’a pas été le cas. Le critique n’oublie pas le critère sociologique qui en Afrique veut que « l’africain aime toujours avoir des accointances avec celui qui vient présenter quelque chose ». Coco Bertin qui compte beaucoup d’amitiés au Cameroun comme à l’étranger bénéficie à son avis de ce critère subjectif. Des points pour cet entrepreneur social qui sacrifie le produit de la vente de cet album à l’éducation coûteuse de la personne non voyante. Un aspect que les pirates devraient examiner avant de se lancer dans cette activité criminelle. Pour l’instant, l’album est vendu à 2000Fcfa au siège du CJARC. En fonction des termes de discussion avec des partenaires de la distribution, il pourra coûter 2.500Fcfa. En même temps que son livre « A la poursuite d’un rêve », la « Surprise » de Coco Bertin arrangée par Georgio K. sera dédicacée le 9 décembre prochain au Hilton Hôtel de Yaoundé. « Owouooooo… Owé ! »
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