Martial Thierry Tsoungui : Un exemple d'intégration culturelle

Directeur artistique du Tibesti, il a conduit tout récemment ce groupe musical tchadien à Douala lors du Kolatier.
Dippah Kayessé

C'est en 1964 que le jeune Martial voit le jour à Yaoundé. Outre l'école qui le fascine, cet enfant, depuis son bas age va s'intéresser aussi à la musique. Il va d'ailleurs faire partie de quelques clubs de musique dans les établissements scolaires où il a usé ses fonds de pantalon. En 1986, élève au lycée Leclerc de Yaoundé, il décroche le baccalauréat série D. "La joie est à moitié vécue puisque la même année je rate l'entrée au Cuss de Yaoundé", déclare le jeune homme qui rêvait d'une carrière de médecin. Inscrit en faculté des sciences- département de chimie à l'Université de Yaoundé, il va refaire sans succès le concours du Cuss. Puis, un jour il entend parler des filières centrafricaine et tchadienne. "J'ai opté pour le Tchad car cette année- là [1990] on ouvrait à N'djamena la faculté de médecine", se souvient-il. Sur le terrain, les réalités sont autres, la nouvelle faculté reçoit uniquement les nationaux. Martial déçu, s'inscrit en faculté de physiques où il obtient en 1994 une licence dans la discipline.

Au Tchad, la vie est dure. Thierry doit jongler entre insécurité, bruits de bottes et le quotidien. Pour joindre les deux bouts, il va se donner au football sans suite. Un tour au centre culturel français (Ccf) de N'djamena, Thierry découvre le groupe Ikoun en répétition. Il tient les baguettes de la batterie et séduit par la même occasion tout le monde. "Je retrouvais ainsi la joie de jouer après le secondaire. J'ai beaucoup évolué au sein des clubs de musique", fait-il remarquer. Admis, son séjour dans le groupe sera de courte durée car ne maîtrisant pas les rythmes du pays. Imprégné finalement de ces rythmes, Thierry intègre un nouveau groupe, en 1993, Biwon. Avec ce groupe, il compose la musique d'un film tchadien du cinéaste Serges Kuelo. Mais, pour une histoire de rémunération à tête chercheuse, le groupe vole en éclats.

Thierry rejoint pour quelque temps seulement l'association Tapages nocturnes qui évolue au ccf. Parti de là, il recrute des jeunes gens piqués par le virus de la musique pour constituer plus tard le groupe Tibesti. Lequel voit le jour avec un effectif de neuf instrumentalistes. "Au Tchad, le Tibesti représente le massif montagneux le plus haut. Avec ce nom, nous rêvions donc d'un groupe au dessus de tous les autres", poursuit-il.
Autre objectif, promouvoir la culture tchadienne par la musique: le Sai, le Dala, le Ngouna… En 1997 avec l'aide du ccf, le Tibesti sort des bacs son tout premier album de 8 titres et intitulé Ndil (Esprit). La même année, Thierry Tsoungui et son groupe sont malheureux finalistes au Grand prix découverte Rfi. En 2002, avec d'autres groupes camerounais, gabonais, guinéen, centrafricain, le Tibesti est sollicité par Pierre Akedengué pour sortir une compilation, dénommée Eléké.

Fort de ce deuxième succès, beaucoup d'éléments décident de voler de leurs propres ailes, fragilisant ainsi le groupe. C'est Thierry Tsoungui qui va recoller les morceaux. Désigné directeur artistique du Tibesti, Thierry va donner une nouvelle âme au groupe et rétablir la sérénité. Les prestations du groupe Tibesti lui valent quelques tournées en France et dans certains pays africains. En 2005, Thierry accompagne son groupe en tournée en Roumanie après avoir éclaboussé de son talent les organisateurs de spectacles lors du Kolatier, son édition de 2004 au Cameroun.

Installé depuis plus de 15 ans au Tchad, Thierry Tsoungui y vit avec son épouse camerounaise. Laquelle lui a donné trois beaux enfants tous nés au Tchad, leur seconde patrie: Christian (10 ans), Raissa (7 ans), Abib Boris (1 an). Pour leur éducation et la survie de la famille, Thierry anime des ateliers de musique et donne des cours d'éducation musicale à N'djamena. Satisfait de cette intégration, son prochain challenge en terre tchadienne, la sortie prochaine du troisième album du groupe, en guise de confirmation.

Mutations

mboasawa

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