Patrice Minko’o alias Koppo, artiste camerounais devra encore ronger son frein. Le hip hoppeur dont les chansons sont prisées par les jeunes, n’a pas pu emboîter le pas au groupe Macase (Prix RFI Musiques du monde 2001), Sally Nyolo (1997), Coco Mbassi (Prix Afrique-Gilles Obringer en 1996), Ottou Marcellin (1982)…ses compatriotes qui ont goutté aux délices d’un Prix Découvertes RFI. En effet, Koppo a été un des malheureux finalistes à l’édition 2010 du concours de musique organisé par La Radio France internationale (RFI) sous l’appellation Prix Découvertes Rfi. Patrice Minko’o alias Koppo, a été pour nombre de mélomanes l’une des révélations musicales de la scène artistique au Cameroun en 2004 avec un de ses titres à succès Si tu vois ma go, fredonné à temps et à contretemps dans les chaumières et autres espaces ludiques. Artiste au sens large du terme, Koppo explose aussi au cinéma, notamment dans le long métrage intitulé «La déchirure» produit par le cinéaste camerounais Alphonse Beni. La particularité de ce chanteur au talent fou est qu’il fait du hip hop à la sauce bien de chez nous, utilise une langue popularisée au Cameroun sous le nom de Camfranglais, un pidgin dans lequel s’entremêle et s’entrechoque linguistiquement le français et l’anglais. Comment mettre sous le boisseau la pertinence de la thématique qui estampille son œuvre ? Des thèmes d’une actualité brûlante, comme celui de l’émi-émigration achèvent de convaincre les plus sceptiques sur l’immensité du génie créateur d’un hip hoppeur aux dents longues.
Jeudi 16 septembre à Paris, le jury, présidé par le rappeur Passy a donc rendu un verdict implacable. Maurice Kirya, de nationalité ougandaise a coiffé au poteau le Kenyan Winyo et le Congolais démocratique Lexxus Legal. A côté de ce trio, d’autres artistes finalistes à l’instar de A.Y de Tanzanie, Bholoja du Swaziland, Elie Kamano de Guinée Conakry, Mao Otayeck de Côte d’Ivoire, Sandra Cordeiro de l’Angola, Smockey du Burkina Faso et Koppo du Cameroun, ont démontré aussi qu’ils étaient doués et bourrés de talents. Dans la même veine, l’édition 2010 du Prix Découvertes RFI a totalisé plus de 500 candidatures venues pour la première fois de l’ensemble du continent africain. Maurice Kirya, vainqueur de cette autre édition, engrange 7.000 Euros, un concert à Paris et à N’djamena au Tchad notamment le 6 novembre 2010 avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), bénéficie d’une promotion du lauréat assurée par la SACEM avec un réseau de festivals à la clef, une tournée en Afrique et une bourse d’aide au développement de carrière dont la valeur est estimée à quelque 11.000 Euros, en partenariat avec CulturesFrance.
Drapeau du Cameroun
Né en 1984 dans une famille de musiciens, Maurice Kirya subit les influences de sa génitrice, chanteuse de gospel, dès la tendre enfance. Il apprend à jouer de la guitare puis du piano, avant de se frayer sa propre voie en surfant harmonieusement sur l’afro-soul, le hip hop, le r’n'b et divers rythmes ougandais. Cette fusion personnelle est baptisée par son créateur «Mwoyo». De son premier album, «Misubbaawa » sorti en 2009, transpire cette donne. En rappel, RFI s’est donnée pour mission de découvrir de nouveaux talents dans tous les domaines de la culture. Organisé depuis 1981, le prix Découvertes RFI constitue pour les artistes d’Afrique, des Caraïbes et de l’Océan indien un appui déterminant au développement de leur carrière. Cette récompense est devenue une référence en matière de musiques du monde et offre au lauréat une reconnaissance internationale. Le prix Découvertes RFI est organisé en partenariat avec la SACEM, CulturesFrance, le ministère des Affaires étrangères et européennes et l’OIF. En tout cas, Koppo a fait flotter à sa manière le drapeau du Cameroun. D’où le mérite que l’on devrait lui reconnaître, même si au demeurant, l’artiste a mordu la poussière en finale !
Alain NJIPOU