Inédit. Le staff du Centre culturel français (CCF) François Villon de Yaoundé n’oubliera pas de sitôt la date du 09 avril 2010. Non seulement parce que dans l’histoire de cet « antre de la culture », il est difficile de dire avec exactitude à quand remontait la dernière fois où un artiste camerounais avait fait le plein d’œuf de cette salle, mais surtout parce que l’euphorie que Charlotte Dipanda a suscitée avant même le début du concert proprement dit n’avait pas d’égal. En effet, vingt minutes avant l’heure fixée pour le début du show, une marée humaine avait déjà envahi l’entrée de ce « temple de la culture ». Brandissant tickets d’entrée et billets d’invitation, ceux-ci se sont vus recalés par les vigiles qui ont été obligés de renforcer leurs effectifs face à la pression qui se faisait déjà ressentir.
«Ouvrez nous cette porte. Nous ne pouvons pas acheter des billets deux jours à l’avance et être traités comme de vulgaires individus. Nous sommes venus voir Charlotte, pas vous écouter nous raconter des foutaises», hurlaient les fans en furie. Le responsable de la communication du CCF, Nadège Bourguignon appelé à la rescousse pour décanter la situation n’a eu d’explication que de dire aux fans que la salle est déjà comble et que le seul moyen envisageable était d’attendre le second concert prévu pour le lendemain (samedi 10 Avril 2010) à 14 heures. Toutes choses qui ont fait monter de plus belle l’adrénaline dans les rangs de ces spectateurs qui ont aussitôt bloqué de l’extérieur l’accès au hall du CCF. Déterminés à ce que personne n’entre si rien n’est fait pour arranger les choses, ceux-ci ont obligé Augustin Thierry Edjoa, l’ancien ministre des Sports et de l’éducation physique (MINSEP) et même certaines autorités invitées à rebrousser chemin. Il a fallu attendre une heure pour que par ordre du directeur du CCF, les spectateurs soient remboursés et priés de libérer les lieux.
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Emotion et plaisir ont toutefois rythmé les moments que l’artiste a passé sur scène. Devant un public qui est venu voir celle-là qu’ils ont connue petite aux côtés du regretté Jeannot Hens, ou encore écouté en cabaret, Charlotte a assuré. En fait, beaucoup brûlaient de savoir si finalement sa personnalité artistique s’est départie de son mentor Jeannot Hens. Charlotte Dipanda l’a prouvé en musique au long des 70 minutes qu’a duré le concert. Belle, vraie, pleine de grâce et de sensualité, l’artiste a conquis son public. Elle n’a pas que chanté pour elle, mais pour son public aussi. Drapée dans une robe sombre sans bretelles, Charlotte est apparue sur scène comme une de ces radieuses princesses grecques. Pour l’accompagner, l’équipe est au complet. Julien Pestre et Arthur Manga, aux guitares.
A la batterie, Petit Jean Abanda, pendant que Gaëlle Wondje assurait les choeurs. Comme à son habitude, c’est par une ballade douce en bakaka, sa langue maternelle, que l’artiste a fait son entrée. Très vite, le public s’est senti emporté. Puis s’en sont suivis les autres titres de l’album à savoir «Mbassam», «Eyaya», «Ala woné»… Tous exécutés avec la même frénésie. A la fin du spectacle, plusieurs fans sont restés unanimes sur le fait que le moment le plus émouvant, c’est lorsque Charlotte a repris au cours de sa prestation, «Longué», ce titre nostalgique et langoureux qui a bercé nombre de Camerounais. On n’a pas seulement écrasé quelques larmes. On a également remarqué avec ravissement que le travail de sa voix l’a mise au dessus des instruments.
De même que la communion avec le public qui en redemandait a été une réussite. Charlotte vient de confirmer son explosion. C’était donc vrai que ce spectacle n’était à manquer sous aucun prétexte. Quoiqu’on dise, les absents ont eu tord. Les fans de Bamenda, Buéa, Dschang et Maroua ont tout intérêt à commencer à pavoiser.