Sa conviction s’appuie sur le fait que nul n’est au dessus de la loi. Pour lui, lorsqu’il y a des irrégularités constatées dans la conduite d’une procédure, il est tout à fait normal de recourir au droit, même si c’est un magistrat qui est mis en cause. « Cette plainte va réveiller beaucoup de Camerounais qui vivent injustement les violations de leurs droits. Au-delà de la plainte que je porte, c’est une sorte de rappel à l’ordre de ceux qui sont appelés à dire le droit. Et je souhaite que justice soit faite non seulement dans mon cas, mais que les autres victimes voient les torts qui leur sont causés trouver réparation », explique en substance Lapiro de Mbanga. Ces récriminations contre ceux qui sont appelés à dire le droit, surtout ceux des tribunaux près les cours du Moungo ne datent pas d’aujourd’hui. Comme préalable, le requérant a désaisi ces tribunaux de toutes les affaires qu’il y avait portées.
L’affaire des émeutes de la faim de février 2008 pour laquelle Lapiro de Mbanga a été condamné à trois ans d’emprisonnement ferme avec des dommages de 280 millions de Fcfa à payer au ministère des Finances et à la Société des plantations de Mbanga, Spm, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et a amené le détenu à saisir les juridictions compétentes. Pendant le déroulement de ce procès éclair, comparé aux autres procès qui trainent des années durant, il estime que ses droits ont été violés. Pour lui, les dépositions de certains témoins dans l’affaire ont été altérées, pour le charger. « Le juge Ntyame Ntyame Michel a altéré dans sa substance les déclarations de Eyambe de Mbelle en ce sens que, il a écrit dans l’acte de jugement que Eyambe de Mbelle a déclaré que le 27/02/2008 se trouvant à la sous préfecture de Mbanga, il a vu les émeutiers introduire une moto dans l’immeuble du Centre divisionnaire des impôts ; qu’en voulant y mettre le feu, ils ont été chassés par la police. Pourtant, ce même magistrat a écrit ceci dans les notes d’audiences concernant la déclaration du même témoin : le 27/02/2008 se trouvant à la sous préfecture de Mbanga, il a vu les émeutiers introduire une moto dans l’immeuble du Centre divisionnaire des impôts. Ils y ont mis le feu pour incendier l’immeuble », peut-on lire dans la plainte avec constitution de partie civile adressée au président de la Cour suprême par le plaignant. Et de poursuivre dans sa plainte que « malgré ce changement délibéré de témoignage, le président du tribunal Ntyame Ntyame Michel a écrit dans l’acte de jugement que le témoignage de Eyambe de Mbelle est sans ambigüités, témoignage qu’il a qualifié de preuve accablante contre moi ». Pour le requérant, cet acte du magistrat est réprimé par la loi et mérite d’être sanctionné. « Monsieur Ntyame Ntyame Michel a volontairement fait un faux dans l’acte de jugement en altérant dans sa substance la déclaration du témoin Eyambe de Mbelle tel qu’il l’a fait au cours des débats et consigné dans les notes d’audiences et ce qu’il a écrit dans l’acte de jugement. Parce que la loi pénale s’impose à tous, je porte plainte pour abus de fonction, favoritisme et faux dans un acte ».
Faux témoignage
Et Lapiro ne s’est pas arrêté là. Il a fait servir une citation directe à Pierre Moulima, le directeur des ressources humaines de la SPM, qui a par son témoignage, fait retenir des charges contre lui. Dans cette citation, Lapiro énumère toutes les « déclarations mensongères » du cadre de la SPM et s’appuie sur les articles 74, 164 et 172 du Code pénal camerounais pour invoquer les déclarations mensongères, faux témoignages et refus d’innocenter. Toutes choses qui viennent relancer ce procès qui est loin d’être clos, le requérant étant décidé à aller jusqu’au bout, jusqu’à ce que justice soit dite. Pour lui, c’est un moyen pour les Camerounais de ne plus accepter que leurs droits continuent d’être bafoués et que les différentes irrégularités et violations de droits de l’Homme cessent pour que les procès soient « désormais » équitables. Une juste cause lorsqu’on sait que les conventions internationales que le Cameroun a ratifiées disent en matière de normes dans les prisons que « toute personne qui prétend avoir été soumise à la torture a le droit de porter plainte devant les autorités compétentes qui procéderont immédiatement et impartialement à l’examen de sa cause », le terme torture désignant ici tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aigües, physiques ou mentales sont intentionnellement infligées à une personne.
Robert NGONO EBODE
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RAPPEL
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Procès : Lapiro de Mbanga acquitté par la justice
Par robert.ngono.ebode | Jeudi 25 mars 2010 | Le Messager
Grand soulagement pour Lambo Sandjo Pierre Roger ce mercredi 24 mars 2010. Doublement accusé en 2004 pour destruction de barrière, et coups et blessures à Mbanga, la Cour d’appel du Littoral a prononcé l’acquittement pur et simple en faveur du chef du quartier XII de Mbanga. Le concerné considère ce verdict comme une première grande victoire. Pour celui qui s’est récemment opposé à une demande de grâce présidentielle formulée par le COMICODI, «c’est un procès en sorcellerie. Je ne comprends pas comment deux affaires qui se sont passées à des moments différents, avec des personnes différentes et pour des motifs tout aussi différents sont consignées dans une seule et même plainte. C’est comme s’ils s’étaient jurés d’en finir avec moi».
C’est ainsi que sans escorte rapprochée et accompagnée de son épouse, il a fait quelques pas à la Place du gouvernement de Bonanjo, salué au passage par des admirateurs. Jugé à Mbanga en 2004, Lapiro de Mbanga avait été acquitté et il a fallu que le ministère public fasse appel à la Cour d’appel du Littoral. «La partie civile a dit qu’elle avait été montée pour dire certaines choses bien qu’étant convaincue de mon innocence. C’est pourquoi le jugement de ce jour s’est passé sans témoins, d’ailleurs il n’y en a jamais eu. La justice commence à faire son travail», s’est-il satisfait.
Marcel Kingoun et Philémon Bobe qui avaient accusé «Ndinga man» viennent d’essuyer un coup de revers même si certaines langues à Mbanga avancent qu’ils seraient montés par une grosse légume du coin qui aurait des comptes à régler à Lapiro de Mbanga. Ne pouvant pas l’affronter directement, il aurait choisi l’option de passer par ces derniers. Concernant son rôle dans les émeutes de février 2008, le célèbre chanteur se dit déterminé. «Par rapport aux émeutes de février 2008, je proclame mon innocence. Je suis né à Mbanga comme Ernest Ouandié. Je vais payer le prix qu’il faut afin que les tribunaux cessent d’être des guillotines pour des règlements de comptes politiques». Alors qu’il est presque impossible de le rencontrer en prison, le chef du bloc I de la Spéciale 18 est serein. «Même si les conditions de détention ne sont pas comme je l’aurais souhaité, je ne vais pas demander cette grâce, même si de temps en temps, on coupe la lumière à la prison»
Justice: Des Américains s’engagent à faire libérer Lapiro de Mbanga
Par mathieun.njog | Mardi 10 novembre 2009 | Le Messager
Le 6 novembre 2009, alors que le président Paul Biya et ses thuriféraires célébraient le 27e anniversaire de son accession au pouvoir, comme deuxième président du Cameroun, Freedom Now, une organisation non gouvernementale (Ong) américaine de défense des droits de l’Homme adressait une lettre d’engagement au fin d’offrir gratuitement ses services de représentativité dans la défense des intérêts de Lambo Sandjo Pierre Roger, dans le procès où il est poursuivi par le ministère public, la société des plantations de Mbanga et le ministère des Finances. Les infractions pour lesquelles il est reconnu coupable et condamnés sont : «Complicité de pillage en bande, destruction de biens et attroupement sur la voie publique.» Une condamnation du Tribunal de grande instance (Tgi) du Moungo assortie de 3 ans d’emprisonnement ferme ; et en dommages et intérêts : 200 millions Fcfa à la Société des plantations de Mbanga (Spm) et 80 millions Fcfa au Ministère des Finances (Minfi). Condamnation confirmée par la Cour d’appel du Littoral le 24 juin 2009. Convaincu de son innocence et insatisfait par cette décision, le chef du quartier 12 de Mbanga, de son nom d’artiste Lapiro de Mbanga a , attaqué cette décision auprès de la Cour suprême. Il attend toujours que l’affaire soit enrôlée.
Ce qui donne encore une chance à l’Ong Freedom Now pour user des voies judiciaires. Car cette constitution apparaissait aux yeux des observateurs comme tardive. Mais Maran Turner, le directeur exécutif se veut confiant dans sa correspondance. «Freedom Now assurera la représentation de Lapiro de Mbanga, a titre bénévole,…et dans le but de mettre un terme à [sa] détention arbitraire et d’obtenir sa libération.» Pour ne pas paraître comme une vendeuse d’illusions, l’Ong Freedom Now précise les services qu’elle s’engage à fournir au bénéfice de Lapiro de Mbanga et les conditions y afférentes de sa représentation. A cet effet, Maran Turner indique que ses services comprendront la représentation juridique auprès des autorités, commissions et tribunaux internationaux, régionaux et ou nationaux. Tout en précisant dans le cas d’espèce que si «Lapiro de Mbanga est représenté par un juriste local dans une procédure qui a lieu dans son pays, Freedom Now peut, si cela lui semble opportun, agir en collaboration avec ce juriste ou collège de juristes [sollicité].»
Action bénévole
Dans cette perspective, le directeur exécutif de cette Ong indique que : «dans le cadre des poursuites, Freedon Now concevra et mettra en œuvre une stratégie de représentation et de défense», avant d’ajouter que : «Les stratégies de défense varieront selon les circonstances et pourraient inclure notamment la sollicitation du soutien des responsables gouvernementaux, la coordination avec des organisation non gouvernementales locales et internationales, la fourniture d’informations et de documentation aux medias, ainsi que la collaboration avec des organismes internationaux.» Freedom Now indique qu’elle ou tout cabinet d’avocat sollicité ne percevront aucune rémunération à titre d’honoraire, ni remboursement de frais relatifs à la prestation de services offerts, de la part de l’accusé, y compris les frais de photocopies, télécopies, et communications téléphoniques. Leur engagement étant entièrement bénévole.
Tout en ne conditionnant sous aucune forme sa représentation, Freedom Now exige que Lapiro de Mbanga ou l’un de ses proches, signataire de cette constitution, garantisse que l’accusé n’a ni commis, ni incité quiconque à des actes de violence pendant les émeutes de fin février 2008 pour lesquelles il est condamné. Freedom Now représente un grand nombre de prisonniers dans le monde et regroupe en son sein des imminences tels que Mgr Desmond M. Tutu, co-président d’honneur de cette Ong avec l’honorable Vaclav Havel.