Par quelque bout qu’on le prenne, l’ombre de Sergeo Polo plane sur «Viens me bercer», le premier album de Paolo Eyoum. Au delà d’être producteur et un des auteurs compositeurs des 7 titres de l’album, on retrouve «le président de Deido à Paris» aux chœurs et lead vocal sur un titre (‘’Bwalo nkondo’’), en duo sur deux titres (‘’Hermine Sallé Ekollo’’ avec Eyoum Paolo) et (‘’je t’aime, tu m’aimes’’ avec Nono Flavie). Mais comme pour affirmer sa maturité, c’est bien Paolo Eyoum qui ouvre cet opus avec le titre «Viens me bercer». Un makossa très enlevé où l’auteur affiche rapidement son caractère sentimental avec des câlins et des caresses à sa dulcinée. Les cinq autres titres qui suivent sont des makossa chantés en duala, ewodi et un zeste de français.
Paolo Eyoum qui, sur ses 37 printemps, revendique une vingtaine d’années de cabarets aux côtés de Sergeo Polo et autres Longuè Longuè, chante juste d’une voix mélancolique qui sait transmettre ses émotions à ses mélomanes. Les thèmes abordés tournent autour de l’amour, de quelques tranches des vies quotidiennes et des expériences personnelles avec un phrasé haché et un timbre vocal un brin rocailleux.
Précision importante. Les puristes, amoureux du makossa originel sont servis. Notamment sur les deux titres des anciens chanteurs de makossa repris dans l’album : «madiba ma oli» de Ngallé Jojo et «Nkondo bwalo» de Charly Djengue Essoki. Ce dernier titre est magistralement interprété par Sergeo Polo. De tout l’album «Viens me bercer», l’orchestration instrumentale et le jeu de guitare solo sont les plus aboutis dans ce titre visiblement dédié aux ressortissants du Nkam (Yabassi). Sergeo Polo profite pour faire une fleur à quelques élites de cette région dont les noms sont d’ailleurs cités en boucle.
Ce premier album de Paolo finalement de bonne facture est une galette qu’on peut consommer aussi bien dans les chaumières qu’en discothèques. Mais peut-on vraiment être surpris lorsqu’on jette un regard sur la fiche technique plutôt bien achalandée de l’album? Aubin Sandio, surnommé «le faiseur de star» dans le milieu show-biz du Littoral, est à l’arrangement et à la programmation. Des noms bien connus tels que Arthur Manga (bass), Eric Sefu (guitare), Michel Suerez (violon), Haoussa Drum’s (batterie), Emmanuel Bidjeke (prise de son) apportent chacun sa pierre à la construction d’un album qui devrait s’imposer, sans gros effort, s’il est accompagné d’une belle promo.
Un cocktail de belles voies aux chœurs (Nono Flavie, Gaëlle Wondje, Boby Mignon, Esther Essombe, et Sergeo Polo) complète ce casting. Toutefois, on déplore la prolifération des noms des personnalités lancés tout au long de l’album qui ne se porterait pas moins mal avec ce vice qui colle décidément à la peau des musiciens camerounais. Les amoureux du slow vont également souffrir de l’absence d’une musique douce, langoureuse et envoûtante qui est pourtant le cachet de son mentor Sergeo Polo. Des limites qui n’enlèvent rien à cet album dont la pochette en carton solide et abondamment illustrée témoigne du sérieux du producteur qui émerge Paolo Eyoum de la marre aux incuries dans lequel patauge plusieurs artistes camerounais.
Fiche technique
Artiste : Paolo Eyoum
7 titres +un instru
Genre : makossa+ un zouk
(je t’aime, tu m’aimes)
Guest star : Nono flavie
Sortie : août 2009
Production : Sergeo Polo
(Sp Association)
A écouter : «viens me bercer», «nkondo Bwalo», «Je t’aime, tu m’aimes».
Eric Roland Kongou
mboasawa
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