Mario Combo : Voici le makossa new look

Avec «The Mirror», le chanteur signe un come back plus langoureux et doté d’une orchestration de qualité.




Depuis l’année 1991 et leur participation à l’album «Tchokola» du célèbre violoniste français désormais installé aux Etats-Unis Jean-Luc Ponty, Yves Ndjock et Guy Nsangue Akwa nous ont souvent habitué à une association artistique de première main. Une association qui connu son paroxysme avec le sublime volume I «du Kamer All Star» goupillé par Manu Dibango en 2002. Mais avant, il y eut des prestations pour le moins remarquables comme l’atteste l’album «Visa» de la ravissante Nayanka Bell sorti en 1994 avec Boncana Maïga à la direction artistique. Ou encore les trois premiers albums de Gaby Fopa («J’ai mal», «Equinoxe» et «L’hiver au soleil»).

Une association donc longue et fructueuse que ces deux ambassadeurs du jeu de corde du Cameroun ont poursuivi avec ce nouvel opus de Mario Combo intitulé «The Mirror» sorti des écuries Bright Moon productions. Association qui a été magnifiquement mise en musique par Ebény Ngambi, celui-là même qui s’était fait remarquer au début de cette décennie comme l’un des chanteurs du projet de la «Bible du makossa» porté par Bobby James de Nguimé et Edgar Yonkeu.
Mais ce qui frappe par dessus tout dans cet opus de 10 titres est le chant de Mario Combo. Un chant de velours propre à vider des têtes stressées et qui incite au repos après un dur labeur, qu’il soit physique ou intellectuel. Une voix qui porte magnifiquement les rythmes de l’espace sawa avec son florilège de danses. Et c’est là qu’il faut trouver la justification du titre du projet. Car le miroir que nous présente Mario Combo est celui de notre quotidien fait de hauts et de bas, d’amour et de trahisons, d’hésitations et de bravoure.

C’est ainsi qu’il explore avec une certaine dextérité, notamment dans la maîtrise du chant, le bolobo, l’essewe ou encore le ngosso. Mais à contrario du makossa de la belle époque, l’arrangeur a voulu cette fois mesurer les cuivres. Qui coulent tout en langueur au point d’accompagner le chant dans un tempo tout aussi mesuré. Et c’est là tout le génie d’Ebeny Ngambi qui ne va pas plaire aux puristes de cette musique urbaine, mais qui a au moins le mérite d’en donner une autre coloration, une autre lecture. Ceux-ci regretteront un peu la tonalité ainsi que les épices et les chœurs tout en force des années 80. Nul doute qu’avec cette option qui n’oublie pas au passage les percussions (salut à Valéry Lobè qui vient de mourir), c’est un autre pan du makossa qui se met en place. Fort déjà de ce qu’avait proposé le «Kamer All Star».

Dans le même temps, et il faut le dire, l’artiste ne s’enferme pas dans son espace originel. Il déploie, sans doute avec l’appui de la forte équipée de ce projet, son génie créateur jusque dans la tanière du high life (Dimbea Mba) et du merengue (Mahel) en passant par le bikutsi (Essele mba). Pour finir avec un «Teme Jale» dansant qui exhale un parfum sud-africain sans doute apporté par le bassiste Doumbé Djengué qui a longtemps servi aux côtés de la défunte Myriam Makeba et qui avait déjà participé à l’album «Visa». Sans doute le meilleur titre de cette aventure où la part belle est faite à l’amour pour ce qui est des thèmes.
Au total, un album qui ne demande qu’à être écouté, et bien écouté. Un album qui inspire la nostalgie tout en aiguisant l’oreille du mélomane quant à l’avenir qui semble prometteur surtout avec ce «Teme Jale». Qui insiste le mélomane à se lever pour esquisser ces pas de makossa qui germa dans les esprits des Manfred Ebanda et autres Nelle Eyoum. Un makossa qui n’a pas fini de s’adapter à la mondialité.

Repères
Mario Combo
Titre : The Mirror (10 titres)
Brightmoon Productions
A écouter : Teme jale, Mahel, Essele Mba

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Parfait Tabapsi


mboasawa

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