Grâce Kama : La musique camerounaise est fiévreuse

Invitée au Massao, la chanteuse parle de la musique camerounaise et de sa carrière…
Propos recueillis par Eugène Dipanda

Qu'est-ce qui explique votre présence au Cameroun à ce moment précis ?
Je suis au Cameroun en ce moment pour participer au Festival international des voix de femmes (Massao). Je profite de cette occasion qui m'est donnée pour rencontrer mon public camerounais qui m'a toujours si chaleureusement accueilli.

Que représente le Massao pour vous ?
Le Festival Massao représente énormément à mes yeux. Je tiens tout d'abord à saluer l'initiative des organisateurs de ce Festival, et à les encourager dans ce dur labeur. C'est aussi pour cela que j'ai accepté d'y participer, afin d'apporter ma modeste contribution à cet édifice. Ce Festival met à l'honneur la gent féminine. Nous devons savoir que la femme a aujourd'hui démontré, je pense, ses capacités, aptitudes et compétences à assumer des responsabilités dans les secteurs économique, social, culturel, politique, etc. Elle a fait ses preuves et il faut aujourd'hui compter avec elle pour faire avancer les choses.
Ce Festival permet également de faire connaître notre culture, et aussi et surtout, de pouvoir échanger et communiquer avec des artistes, promoteurs d'évènements et journalistes venant d'horizons divers. C'est donc un événement très enrichissant, me semble-t-il.

Hormis le Massao, avez-vous un autre programme de spectacles pendants votre séjour au pays?
Lorsque je viens au Cameroun, je suis toujours sollicitée par les discothèques et certains promoteurs d'événements de la place qui apprécient bien mon travail, ce dont je leur suis très reconnaissante. J'en profite pour leur dire "Massoma" (merci). Je me suis produite le week-end dernier au Royal Palace à Douala. Je suis en négociation pour deux autres spectacles dans la capitale économique et un ou deux spectacles à Yaoundé. J'envisage également de tourner un clip vidéo dans notre cher et beau pays. Vous voyez donc, j'ai beaucoup de choses à faire ; et pas le temps de s'ennuyer.

Cela fait bientôt trois ans que votre premier album est sur le marché. Depuis lors, que fait exactement Grâce Kama ? Etes-vous déjà en chantier pour le prochain ?
Un artiste est toujours en chantier, me semble-t-il ; c'est l'éternel recommencement. A peine sortons-nous un album qu'il faut déjà penser au prochain. Il ne faut cependant pas se précipiter pour faire des choses. Pour ma part, je prends toujours tout mon temps pour faire les choses car je suis perfectionniste ; j'aime les choses bien faites ; ne dit-on pas "qui va lentement va sûrement" ?
A quand le prochain album? Cette question est maintenant récurrente et m'est posée systématiquement par les médias lors de mes prestations dans de nombreux pays. Cela me flatte énormément car je me dis que, si le public réclame un nouvel album c'est qu'il a bien apprécié le précédent. Je ne veux donc pas décevoir mon public ; je me dois de lui offrir un album au moins équivalent au précédent, sinon meilleur.
J'ai commencé, c'est vrai, à travailler sur le prochain album et les choses avancent bien. Je dirais par conséquent que c'est pour bientôt, le prochain album de GK. Je réserve d'ailleurs une grande surprise à mon public ; car j'ai un très grand projet pour le Cameroun dans lequel collaborent deux grandes sociétés françaises. Mais, je n'en dirai pas plus pour le moment.

Quel est le regard que jetez-vous sur le niveau de la musique camerounaise aujourd'hui? Pensez-vous qu'elle a des chances de renaissance après la déferlante des musiques étrangères comme le fameux "Coupé-décalé" ?
J'ai l'impression qu'il s'est installé dans notre pays un manque de confiance en soi pour notre musique, qui m'inquiète vraiment ! Il est grand temps de nous ressaisir et sauver notre musique avant qu'il ne soit trop tard. Arrêtons de faire du suivisme. Je le dis haut et fort et je pèse mes mots. Nous avons une musique tellement belle, tellement diverse, tellement riche pour que nous nous permettions de suivre des musiques tendancielles.
J'ai l'habitude de dire, et cela n'engage que moi, que c'est bien le coupé-décalé, mais c'est beaucoup mieux le makossa. Je le pense vraiment. Je suis très ouverte sur le monde. Seulement, on ne peut pas être plus royaliste que le roi. Il nous appartient à nous, et à nous d'abord, de promouvoir notre culture. C'est une lourde responsabilité qui nous incombe et que nous devons assumer, sinon que lèguerons-nous à notre progéniture ? Notre musique a encore tout l'avenir devant lui ; c'est à nous de l'imposer comme le font les autres. Il n'y a pas d'autre solution.
Je constate que la musique camerounaise est aujourd'hui fiévreuse, et nous en sommes les responsables. Mais, elle a des chances de renaître si chacun y met du sien, aussi bien nous artistes que nos responsables culturels et politiques. Il y va de la survie de notre culture…

mboasawa

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