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Musique : L'œil inquisiteur de Racine Sagath

Dans son nouvel album, "Mes yeux on vu", l'artiste s'ouvre à d'autres influences musicales.
Eugène Dipanda

Encore des histoires d'amour. Toujours des chroniques sensuelles entre hommes et femmes. Parfois entre parents et enfants et, occasionnellement entre amis… Des rapports qu'il faut entretenir, soigner. Des histoires qui n'ont forcement pas de lien avec le sexe. Mais celles cocasses, ponctuées de regrets, avec un soupçon d'ingratitude et une bonne dose de jalousie… Des histoires auxquelles se mêlent un peu trop souvent "ces gens qui s'occupent un peu trop de ce qui ne les regardent pas" et qui, comme le dit une sagesse populaire, mettent "le doigt entre l'écorce et l'arbre". Bref des histoires de tous les jours, vécues ici comme ailleurs. Des tranches de vies, en somme, au milieu desquelles vient se glisser la pandémie du siècle, le sida. Une sorte de contribution de l'artiste à la lutte contre la terrible maladie.

Variété
En raccourci, c'est le contenu de "Mes yeux ont vu…", le titre qui donne son nom au nouvel album de Racine Sagath. L'œuvre de Paul Bede Onye, du vrai nom de l'artiste auteur du très prosaïque "Ton caleçon fait quoi chez moi…", est en effet dans les bacs. Comme le célèbre refrain du tube "Nem-mintié", titre phare de l'album du même nom sorti en 2001 et qui a connu un franc succès en 2003, les textes de "Mes yeux ont vu" devraient suivre la même logique, à en croire les premiers échos enregistrés dans les discothèques et autres cabarets de Yaoundé.

Pour sa nouvelle livraison, son quatrième album solo en réalité, le chanteur que l'on savait cantonné au seul rythme bikutsi a tenté, avec un certain bonheur, d'explorer d'autres cadences. Dans cet opus de six titres mis officiellement en vente depuis le 20 avril 2007 et chantés en langue ewondo, en français et en anglais, il s'est donc ouvert à d'autres influences. Une évolution qui se traduit par des rythmes auxquels son public, pour l'essentiel les habitués des bars et dancings de nos grandes métropoles où se déguste sans modération le bikutsi, est très peu habitué. Notamment la bossa-nova, le zouk et la ragga. Dans ces deux derniers cas, l'artiste fait probablement un clin d'œil en direction du public relativement jeune. Plus réceptif à ce que, sous d'autres cieux, certains n'hésitent pas à qualifier de musique urbaine.

Si, d'emblée, on peut avoir l'impression que le chanteur ne change pas de registre, notamment en ce qui concerne les thèmes abordés dans ses chansons, on en appréciera surtout la qualité sonore. Le doigté de Talla Janot du studio Makassi, qui a connu ces derniers temps une rénovation, y est certainement pour quelque chose. Tout comme la vingtaine de musiciens et instrumentistes, à l'instar de Patou Bass (bass), Francisco Nyada (solo), Roger sagath (rythmique), Joe Ayissi (clavier), Serge Ottou (batterie) etc., dont l'expertise va au-delà de la sphère parfois un peu trop réductrice du bikutsi, et dont Racine Sagath s'est entouré. Un pari réussi grâce notamment aux fonds issus du compte d'affectation spécial pour le soutien à la politique culturelle du ministère de la Culture. Reste que les mélomanes apprécient au plus vite. Afin que "Mes yeux ont vu" ne tarde pas à décoller comme le précédent tube de Racine Sagath.

Repères
Titre de l'album : Mes yeux ont vu
Auteur compositeur : Paul Bede Onye alias Racne Sagath
Production : Prestige Media & Production
Nombre de titres : six
Rythmes : bikutsi, zouk, ragga, bossa-nova…
A écouter : "Mes yeux ont vu"; "Amour de jeunesse"; "Don't play with my love" (Zouk-Ragga).
Sortie officielle: 20 avril 2007

mboasawa

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