Il est en quelque sorte au groupe Macase ce que Patrick Saint Eloi est au groupe Kassav. Son timbre vocal a pendant des années, apporté la fibre sonore efficace à la bande à Corry Denguemo et autres Ruben Binam et Serge Maboma. Henri Okala, puisqu’il s’agit de lui, a décidé de tenter une aventure solo. Après trois ans de recul vis-à-vis du groupe Macase, mais surtout trois ans de travail ardu, il vient de sortir son tout premier album. « Zen » est le titre de cette galette de huit titres, qui pourrait occuper dans les prochains jours les esprits des amoureux de la musique. « Cela m’a pris du temps. Je suis un peu stressé de voir ce que le public dira. J’ai travaillé pour ce public. Je souhaite qu’il en soit heureux. Et j’espère que ceux qui ont cru en moi seront satisfaits », clame Henri Okala.
Le premier titre de l’album est « Belle africaine ». L’ensemble des paroles constitue une hymne à la femme africaine.
Pour sa beauté, sa générosité, et sa magnanimité. On est en fait dans une espèce de soukous bien déchaîné, qui rappelle quelque peu la musique d’un Georges Seba ou alors d’un Pascal Lokua Kanza, lorsque ce dernier plonge dans les sonorités de la rumba congolaise traditionnelle. Henri Okala conduit le chant de bout en bout. Henri Okala fait de sa voix un instrument de délire qui met les cœurs en fête, dans une symphonie qui vogue, crée une certaine frénésie, distille le bonheur et du plaisir à profusion. L’artiste dans cette chanson dialogue longuement avec le public, un peu comme dans un concert qui se déroule dans une foire commerçante. On retrouve la même sensibilité vocale dans la chanson « Zen » qui signifie « le chemin »chez les pahouins. L’artiste exhorte les âmes de bonne volonté à choisir le chemin de la vertu. Celui de la raison et de la dignité. « J’irai vers ce chemin là-bas pour y danser » lance –t-il en langue fang. Le piano est mis en rivalité avec la voix stridente et suave de Henri Okala. La guitare solo surgit quelque temps après pour imposer son cri si fort qu’on pense naturellement au jeu scénique d’un Jimmy Hendrix ou encore du vénérable King, Elvis Presley. Dans cette aubade, la guitare basse joue les arbitres. Le tout donne une parfaite symbiose agréable aux oreilles.
En fait, l’ensemble des créations mélodieuses de ce premier album de Henri Okala se situe dans cet esprit de faire de la musique un sujet saisissant. Henri Okala ne s’est pas trop éloigné de la même tendance que son groupe Macase. Il est resté artiste, et surtout chanteur. Il exécute le chant qui est pour lui champ de la vie. Un chant qui est aussi désir d’évasion en direction d’un monde autre que le nôtre. Un monde vide de rancœur et de laideur. Alors, en écoutant cette musique de Henri Okala, il faut avoir présent à l’esprit que le bonheur est palpable. Immédiatement. Et s’il vous vient l’envie de danser, allez y.
Henri Okala: « Avec Macase ce n’est pas fini… »
Quelles ont été les conditions de réalisation de cet album ?
Il a fallu que je fasse un break avec le groupe Macase, et que je me retire de la scène afin de mûrement préparer mon projet. J’y ai mis tout mon cœur, tout mon temps et toutes mes économies. Il fallait faire un travail de haute facture. Surtout qu’à cause de la piraterie qui mine notre métier aujourd’hui, les producteurs ne prennent plus du tout de risque. Ce travail m’a ainsi pris trois ans. A un moment donné, cela n’était pas évident. Mais heureusement j’ai rencontré mon partenaire de « Thru color » qui a cru en moi. Ensemble nous avons été jusqu’au bout du projet. Permettez moi ici de dire merci au ministère de la Culture du Cameroun, et surtout à madame Ama Tutu Muna qui m’a donné un grand coup de pouce qui m’a permis de tout finaliser.
Sur le plan artistique, où est ce que Henri Okala se situe désormais musicalement parlant ?
Je suis dans la même tendance qu’hier avec Macase. Sauf que désormais je suis plus ouvert en tant que chanteur, auteur compositeur et arrangeur. Je reste ouvert à tous les projets sérieux.
Peut on dire qu’avec Macase c’est fini ?
On ne peut pas dire qu’avec Macase c’est fini. Nous avons tous bâti ce groupe ensemble. Ce groupe a fait la fierté de beaucoup de camerounais et a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui comme musiciens. Un jour peut être nous nous remettrons ensemble pour de nouveaux projets.
Par jean.francois.channon