Je m’interroge pour savoir pourquoi on n’aurait pas fait une belle "Fête de la Solidarité", de "l’Union des peuples et des Terres du Kamerun" ? Soit… Certes, j’avoue être ignorant de ce que les "Blancs" ont fait de mon pays et c’est pour cela que je cherche à comprendre non seulement l’origine et la trajectoire de chaque concept mais sa finalité sociologique ou politique. Je sais par ailleurs que le concept de "l’Unité Nationale" planté dans nos mémoires et nos cœurs comme des dogmes religieux ne laisse personne indifférent à cause des troubles sociaux qu’il occasionne ou ceux de conscience subséquents à sa "magie" et à son "intouchabilité". Je pense néanmoins que ceci résulte en principe à cette passion qui a excédé la raison…
A cet effet, je crois le moment venu pour que les uns et les autres souscrivent humblement à l’assainissement de nos rancoeurs politiques pour qu’enfin nous nous affranchissions de tous ces déviationnismes intellectuels stériles et préjudiciables aux peuples frères du Kamerun. Evidemment, ce qui fait que parfois j’ai l’indulgence coupable de penser que "l’Unité Nationale" est, soit l’œuvre machiavélique du colonialisme occidental qui rêve depuis toujours de tuer notre humanisme culturel en détruisant de fond en comble nos valeurs sociétales et nos clans tribo-ethniques, soit une élucubration politico-intellectuelle fondée sur "l’existentialisme" français avec ses relents poétiques ou révolutionnaires afin de renforcer le "nationalisme" communautariste du parti unique déjà en place ; lequel "parti unique" ambitionne (malheureusement) avec le slogan-concept "Unité Nationale", réaliser "l’Unité" des peuples et territoires démembrés arbitrairement par la conférence de Berlin à partir de 1883 ; chose impossible à cause des diversités culturelles et des systèmes politiques différents des deux "Kamerun" ; S’agit-il d’un "piège politique" ou d’une "vétille sémantique" pour ébranler nos cœurs comme le "chant des patriotes" ?
En effet, dans ces labyrinthes de l’histoire politique du Cameroun, comment établir avec autorité la nature vraisemblable de ces concepts empruntés à d’autres cultures sauf aux nôtres ? Pour la "République" qui nous ballotte partout, s’agit-il "d’Unité Nationale" ou "d’Union Nationale" Hélas ! nous voilà bloqués net, devant cet épais brouillard… idéologique sinon perdus par l’illusion de ces concepts envoûtants mais souvent dangereux par certains de leurs aspects politiques, juridiques ou scientifiques ; s’agit-il de rêve utopique ou de réalité politique ? A près d’un demi siècle "d’indépendance", j’avoue n’être toujours pas capable de donner une définition convenable de "l’Unité Nationale". C’est pourquoi, parfois, j’assimile sa philosophie politique à l’activisme politique ou alors au "Romantisme révolutionnaire" de ces jeunes cadres africains des années soixante ; ces jeunes universitaires sans formation adéquate versés à la fonction publique pour servir de "conseillers techniques" au président Ahidjo ; mais vibrant cependant de toute leur âme pour une Afrique recomposée et souveraine. Jusque-là, si rien n’a marché, à qui la faute ? Dans ce cas et dans ce contexte de "dévalorisation" généralisée de la conscience africaine, comment pouvait-on incriminer ces jeunes élites noires d’être incapables de résister à la perfidie ambiante et à la mauvaise foi des maîtres de la colonisation ? Comment dis-je, pouvaient-ils faire face à ces fameux "conseillers techniques" européens chargés d’inculquer et de conduire (de gré ou de force) le "néocolonialisme" africain ? C’est aussi ce qui explique que "l’Unité Nationale" ait été un exutoire politique et idéologique pour ces conseillers techniques occidentaux qui s’amusaient à soupeser et à confondre la rationalité irréelle de ces jeunes cadres placés à des postes hautement sensibles de la République ; tel fut également le cas des leaders politiques eux-mêmes, divisés et affaiblis par les pervers de la "guerre civile" d’indépendance voulue, organisée et soutenue par la volonté des colons français. Sans toutefois sous-estimer les insuffisances idéologiques et intellectuelles des uns et des autres ainsi que l’inadéquation entre le discours et les instruments de navigation politique.
Cependant, "l’Unité Nationale" comme concept patriotique de qualité n’en demeure pas moins ambigu, flou et diffus ; surtout avec une ambivalence qui annihile sa dynamique de rassemblement au point de croire que la rationalité qui l’a créé a besoin aujourd’hui de preuves logiques pour se justifier et s’affermir comme "valeur".
Malgré ses énigmes conceptuels et tout ce qui précède, "l’Unité Nationale" est toujours perçue par l’ensemble des partis politiques comme l’instrument patriotique de dissuasion par excellence et fait pour un "consensus national" ; une sentinelle de conscience pour tous et pour chacun qui rappelle en permanence aux uns et aux autres que le Kamerun est "un et indivisible" ; pourtant, la réalité semble être autre chose aujourd’hui ; c’est dire qu’il y a une autre réalité que nous ne voulions pas voir ; celle de notre "diversité culturelle".
Dans ces conditions, qui oserait toucher d’une manière quelconque à ce "dogme" sacro-saint de la politique nationale ? Qui aurait le courage ou alors, l’outrecuidance de dire que "l’Unité Nationale" est une coquille vide, un concept mort parce qu’ayant perdu sa substance idéologique et mobilisatrice ? Un concept fantôme qui fait peur et hante les consciences par son hérésie dogmatique pour avoir mis le Kamerun (à tort ou à raison) dans l’impasse de l’irréel ? Plus grave, oubliant que les preuves d’hier raffermissent la constance d’aujourd’hui ? Et sachant que ces "idéologues" nourris amplement au "libéralisme" de l’Europe avaient négligé (par aliénation culturelle) que nos ethnies, tribus et leurs clans respectifs représentaient dans "l’oralité africaine" des "micros-Etats" souverains qui n’avaient que faire de l’arbitraire de la démocratie et celui des découpages administratifs coloniaux…
Unité de vie
Ceci me donne l’occasion de préciser que si "l’Unité Nationale" pouvait être perçue comme une valeur absolue et productive, ça serait certainement dans les clans bantous et semi-bantous où "l’Unité de Vie" est "l’unité" absolue ; l’unité sans contraire et sans fractionnement, c’est-à-dire là où l’on observe la "loi absolue" de l’unité du nombre un ; la totalité des divisions dans sa perfection ; ce en quoi on pourrait envisager l’emploi du concept "Unité" sans la moindre hésitation ou pondération. En effet chez les bantous avec leurs clans et tribus, "l’Unité de Vie" est si forte et si présente qu’elle laisse penser par ailleurs que tout dérive de "l’Unité" qui est naturellement le nombre originel "Un" ; englobant l’univers et son sacré aux fins d’exclure toute pluralité…
Mais quelle aberration politique ! lorsqu’on sait de façon irréfutable que la (soi-disante) "république" du Cameroun est un mosaïque tribo-ethnique de peuples et de clans et par conséquent ne peut souffrir davantage la matérialité de cette dangereuse aporie qui résume (tant bien que mal) l’unité des contraires en symbolisant le nombre "Un" ? lequel nombre "Un", sous le subtil voilage de "l’Unité Nationale" impulse à son tour et tout naturellement les fondements idéologiques et politiques du "Parti Unique" ; l’autre aberration diabolique à l’endroit des civilisations de "l’oralité africaine" ayant pourtant ses "droits à l’existence" et sa "loi de la diversité" qui fondent son humanisme civilisationnel…
Aujourd’hui je comprends moins bien qu’hier quand bien même que c’est vrai que tous, nous savions que le "Parti Unique" était aussi la principale fabrique de la "Pensée Unique" ; comme c’est aussi vrai qu’après la "défaite" de "l’Upc", ledit "Parti Unique" s’est fortement mécanisé en véritable "gestapo" ; semant partout, la peur et l’effroi ; puis dans l’ombre, d’arbitraires incarcérations ; ça, nous le savions tous…
Malgré ces souffrances et ces blessures, est-il raisonnable sinon compréhensible qu’aujourd’hui nos peuples, à "l’Union vitale", riche, solide et plurielle continuent à propitier ce "concept" qui est pourtant à l’origine de nos fantasmes politiques ? de se soumettre aussi docilement qu’innocemment au principe ambigu de "l’Unité Nationale" alors qu’il est cause de l’échec de "l’Union" et du "Fédéralisme" envisagé par les "Anciens" ?
En fait, qui se moque de qui ? Sachant que l’histoire coloniale et néocoloniale ont semé, certes, à des périodes différentes, dans nos cœurs et nos esprits, des enseignements douteux, cruels, peut-être même inappropriés comme celui relevant de "l’Unité Nationale" ; totalement impropre à la consommation de notre "civilisation orale", ancrée dans sa logique de la "diversité culturelle", ses différences phénoménologiques parce que fondées essentiellement sur des valeurs culturelles de l’imaginaire des peuples de "l’oralité africaine" ? Je voudrais que l’on m’explique, en plus des handicaps techniques, constitutionnels, de cultes et de religions et parce que cette mosaïque tribo-ethnique qu’est le Kamerun, demeure une réalité que nul ne peut nier ; comment dans ces conditions, ce "concept" étranger idéologiquement à nos propres préoccupations pourrait longtemps résister à ces diverses pressions sans se briser ? ou alors ne pas devenir improductif ? Etait-ce donc par magie ou par miracle que "l’Unité Nationale" allait transformer ces réalités sociologiques en nombre "UN", parfait et sans contraire, comme "l’Unité" ?
Voilà pourquoi, à près d’un demi-siècle de "liberté" retrouvée, se dresse toujours devant nous cet épais brouillard ; cette négation de "l’Union" qui nous empêche d’avancer sereinement dans notre espace de civilisation en proclamant le "Fédéralisme" ou l’union de nos aïeux, plutôt que cette "République importée" qui nous pose tant de problèmes…
Ainsi, vouloir se servir vaille que vaille du concept de "l’Unité Nationale", c’est vouloir ignorer qu’il découle du "Parti Unique" ; par conséquent qu’il demeure la pièce maîtresse de la "Pensée Unique" dans son élaboration des stratégies de l’inefficacité, du sur-place ou de l’inertie active.
C’est aussi pourquoi les cris de détresse et les flots de larmes des hommes et des femmes de ma génération qui espéraient le Kamerun "autrement", n’y changeront plus rien…
Néanmoins, je dois continuer à clamer (selon moi) que "l’Unité Nationale" de la "Pensée Unique" si crainte, si protégée et si respectée autrefois à cause de son "mysticisme politique" et son "intouchabilité dogmatique" a cessé de produire le patriotisme et de subjuguer nos consciences et notre intelligence ; puisqu’elle est devenue l’objet vulgaire de l’oligarchie politique qui se l’approprie, la manipule et la confisque pour de viles besognes ; tantôt s’en sert n’importe comment et n’importe où ; tantôt pour assouvir une vision étriquée d’un "nationalisme" étroit, sans vigueur et sans envergure idéologique comme le font encore ces hommes et femmes politiques égarés, en perte de vitesse ou affaiblis par des luttes fratricides inutiles et préjudiciables à ce Kamerun qu’ils prétendent (la main sur le cœur) aimer et servir éternellement. Dès lors, quoi de surprenant que de constater que dans ces "cercles" vieillissants, la version éculée de "l’Unité Nationale" a pris part et dimension dans des débats de salon et d’intellectualisme frelaté ; enfin, partageant avis et opinions bourrés de mentalités prélogiques semblables à celles de ces "indigènes" espérant tout de la venue du Christ Sauveur pour tout changer…
Je ne pense faire aucune révélation historique en disant que malgré leurs différences idéologiques, tous les Partis politiques ont eu recours au concept de l’Unité Nationale ; soit pour des raisons de politique politicienne, soit pour le Parti au Pouvoir de s’en servir pour effaroucher les "oppositions" en leur donnant "mauvaise conscience" sur certains aspects de leur stratégie de lutte ; globalement, ils ne se sont pas privés de l’utiliser comme un "slogan" à lessive aux vertus miraculeuses.
C’est pourquoi une telle "dévaluation" de cette "Unité Nationale" me laisse perplexe quant aux missions qui lui étaient dévolues et les hommes chargés de les conduire. Aujourd’hui j’ai peur que d’aucuns ne pensent qu’en fait de "Réunification" et de "Fédéralisme", il s’est agi de purs "mirages idéologiques" qui ont conduit (même) le "Parti des Patriotes" dans des frasques d’un plongeon profond sans fond ; en faisant de lui, un "Parti" comme les autres, pris dans le tourbillon de la complaisance innocente ; de l’inconscience, voire de l’entêtement pour ne pas dire de "l’aveuglement" politique primaire.
Du coup, ce "parti historique" a cessé de s’alimenter à la diversité culturelle de ses peuples en allant puiser au tréfonds de ses convictions ancestralistes comme l’envisageraient les premiers "martyrs du Kamerun" uni ; parce que unique et sans contraire à l’image du nombre un, parfait…
A cause de cette "démobilisation intellectuelle" qui prend à bras le corps les jeunes générations sans leur permettre de faire une "halte méditative" aux fins d’interpeller leur conscience et leur intelligence sur les combats à venir ; c’est-à-dire les combats relatifs aux "droits à l’existence", à l’éthique de l’Ordre et de la Liberté ; à la justice et à la Paix que véhicule "l’écologisme intellectuel" du XXIème siècle ; j’ai peur d’avoir peur. J’avoue ma peur parce que ceux des "patriotes politiques" qui devraient essuyer nos larmes de frayeur pour nos rassurer et faire en sorte que le Kamerun ne connaisse à jamais d’autres "wagons plombés", semblent hélas ! bien préoccupés à se justifier inopportunément de ce qu’ils sont pour avoir été ce qu’ils n’ont jamais été, et c’est ainsi qu’ils se donnent en spectacle horrible avec leurs luttes stériles et interminables qui rappellent celles de cette race de crustacés à grosses pinces qui, dès qu’ils se rassemblent quelque part, se mordent cruellement afin d’avancer à reculons…
En effet, je suis d’autant inquiet et perplexe que l’harmonie parfaite qui existe entre "l’Unité Nationale" et "l’Intégration Nationale" fasse oublier aux uns et aux autres qu’il s’agit là de deux purs produits du "Parti Unique" longtemps disqualifié par la "Démocratie plurielle". Par conséquent ces "concepts nébuleux et toujours en service au Kamerun ne peuvent que phagocyter tout ou partie de la République, quelle qu’elle soit ; à l’instar de celle de la France monarchique qui traîne depuis les institutions de 1792, ses problèmes de souveraineté avec l’Alsace Lorraine ; les Basques des Pyrénées et de manière plus aiguë, le peuple Corse (de France) qui réclame son indépendance ; comme il n’est pas sans intérêt de souligner les "dictatures" de Salazar, du Duce Mussolini ou de cette "Grèce des colonels" qu’on assimile aux "Républiques" démocratiques.
Parce que ces exemples des "Républiques" n’épousant pas partout les mêmes socles culturels sont souvent les causes des difficultés pour élaborer des constitutions adéquates fondées sur les réalités sociologiques, je voudrais très humblement inviter nos universitaires de toutes les disciplines à s’impliquer davantage à l’étude et à la compréhension de ces concepts qui n’appartiennent ni à notre culture ni à notre civilisation ; que la brèche ouverte par cette modeste réflexion serve de stimulant pour la maîtrise des tenants et des aboutissants d’une société en construction, qui se veut moderne et en phase avec "l’écologisme intellectuel" du XXIème siècle.
Je dois reconnaître cependant que l’approche relevant de "l’Union" et nécessaire pour confectionner une société multiculturelle en perspective, devrait pas occulter les raisons historiques qui ont poussé les responsables politiques de l’époque à choisir la "République Unie" plutôt qu’une autre structure de l’Etat-Nation. C’est conséquemment à ce choix de la "République" avec ses concepts impérieux tels que "l’Unité" et "l’Intégration" pour une "mosaïque de peuples", que je continue à croire que le "Kamerun politique" a été bel et bien piégé…
Parce que ces "Colons blancs" ont toujours rêvé disloquer notre structuration sociale traditionnelle, la formule de la "République" était celle la plus indiquée pour se faire, je pense que c’est une évidence plausible car non seulement nos clans et nos ethnies représentaient en fait des "mini-Etats" qui ne pouvaient admettre en leur sein ces "concepts" destructeurs mais également capables de soumettre définitivement nos valeurs sociétales et nos peuples fortement diversifiés à la "Pensée libérale" et à la "Démocratie" plurielle de l’Occident. S’agissant des peuples bantous et tous ceux appartenant à l’oralité africaine, attachés à la diversité culturelle avec leur polythéisme religieux, à "l’Unité vitale" qui les différencie par rapport aux autres groupes ethniques et à leur civilisation, ces "blancs" ne pouvaient leur fourguer que "l’Unité Nationale" avec la "République intégratrice" que "l’Union" pour ne pas dire le "Fédéralisme". C’était la meilleure façon pour ces "colons" de faire éclater en profondeur les fondements ancestralistes de notre civilisation orale et les faire remplacer par de folles exigences de la "République" (Unie) avec sa Démocratie plurielle qui n’a de cesse d’embourber nos peuples dans des institutions ténébreuses et insaisissables.
Je continue à croire que ces "Blancs" ont posé d’autres pièges moins grossiers et plus raffinés intellectuellement pour nous tenir en laisse perpétuellement…
C’est pour cela que j’ai peur de regarder en face nos faiblesses et nos insuffisances intellectuelles. Même lorsque je sais que les peuples de l’oralité africaine ont une meilleure connaissance de "l’Univers global" et de sa "Loi de la Diversité", je les invite malgré tout à aller se ressourcer à "l’Ancestralisme" afin de "refonder" leur humanité.
Après quoi, proclamer la "vérité historique" qui voudrait que chaque peuple ait le droit, l’autorité et la liberté d’être souverain en se choisissant son propre mode de gestion politique en rapport avec ses données sociologiques et ses critères de civilisation ; des critères de valeurs culturelles endogènes qui soulignent en cas de besoin, leur spécificité à satisfaire l’impératif existentiel des peuples de l’oralité africaine y compris leur désir inné de vivre l’ordre et la liberté ; de se prêter chaque fois qu’ils en ont envie, à la libre pratique de leurs cultes et religions pour retrouver Dieu créateur des Univers (mortel et immortel).
Fédéralisme politique
En effet, ce faisceau d’éclairage et d’éléments de comparaison permettent de comprendre que si les précurseurs du "nationalisme" camerounais ont pu s’égarer au regard des concepts utilisés et qui, d’ailleurs n’étaient que des perspectives politiques et non une fin en soi, leur désir de réaliser "l’Union" était matérialisé par un scrupuleux respect à conserver intacte la nature des Etats en question, et la personnalité juridique que linguistique de chacun dans la plus stricte observance des règles du jeu égalitaire. Avec le temps, je peux deviner pour dire que ces indicateurs politiques n’étaient que des vecteurs porteurs de messages pour réaliser le premier stade de "l’Union" ; le second étant aussi le stade définitif ou "l’Union" des Etats tribo-ethniques (pour le "Fédéralisme politique") se ferait par affinités culturelles poussées jusqu’à "l’Unité de Vie" des groupes en question…
C’est ainsi qu’il serait hasardeux de fédérer les anglophones du Nord-Ouest à ceux du Sud-Ouest parce que ne possédant pas les mêmes valeurs culturelles ; quand bien même les deux groupes ethniques auraient l’anglais en commun…
Dans ces conditions, le "Fédéralisme" aurait pour signification la reconstruction des territoires claniques démembrés ainsi que le regroupement de leurs peuples respectifs ; il ne pouvait s’agir que de rassemblement par affinité culturelle et "d’Unité de Vie" ; en lieu et place de celui obéissant à l’arbitraire du découpage administratif et politique que nous impose aujourd’hui la "République" et la "loi du nombre" ; devenues les seules références (aveugles) de la "démocratie importée".
Toutes ces incongruités idéologiques ou politiques nous aident à mieux saisir combien l’usage des concepts "République", "Unité Nationale" ou "Intégration Nationale" sont loin de rassembler (pacifiquement) sous le même toit de la "République Unie", ces groupes ethniques différents aux phénoménologies différentes. C’est aussi expliquer que le choix de la "République" n’était pas innocente des objectifs qu’elle se fixait malgré les "Accords de Foumban" qui voulaient le "Fédéralisme" ; sournoisement la "République" aidée par "l’Unité Nationale", et l’Intégration Nationale ne pouvait que phagocyter l’une ou l’autre partie du Kamerun. C’est malheureusement pourquoi aujourd’hui, les Camerounais s’insurgent contre cette réalité irréelle qui, en réalité ne représente dans la conjoncture actuelle qu’un mirage factice ; celui de "l’Union" et du "Fédéralisme" tant recherché et tant attendu dès la "Réunification" devenue effective.
En effet, il nous faut admettre que c’est la "Fête du 20 mai 1972" sans pour autant qu’elle nous livre les raisons de ses travers ; de ces échecs aussi bien idéologiques que politiques avec son caractère impérieux, coercitif et désobligeant qui laisse pantois les observateurs de la classe politique nationale ; dès lors que sa philosophie suppose : "taire ou supprimer une moitié de sa totalité"…
Je dois ajouter dans cette réflexion qu’à mon humble avis, c’est encore la "problématique de l’Unité Nationale" tissée par des cerveaux étrangers qui, refusant "l’Union" des peuples du Kamerun sous la forme du "Fédéralisme", nous a piégés une fois de plus avec des "anachronismes politiques" du genre : "République Fédérale" ou République Unie" pour enfin consacrer la "République" du Cameroun, avec sa "Fête nationale du 20 mai"…
J’ai besoin qu’on m’instruise un peu plus sur les mobiles historiques qui ont milité pour que toutes les phases politiques de notre pays après "l’indépendance" se rapportent au concept de "l’Unité nationale" ; qu’on me dise qu’elle manière deux systèmes politiques qui diffèrent par le fond et la forme ont pu réaliser l’alchimie juridico-culturelle pour se retrouver dans la "République" ?
Je crois qu’à partir de l’épluchage de ces énigmes ou amalgames pour ne pas parler de confusion sémantique entre les concepts "Union" et "Unité", je comprendrai mieux les valeurs idéologiques ou politiques qui ont déconstruit le Cameroun.
C’est pourquoi sans état d’âme et sans que quelqu’un jetât la pierre à autrui, aux fins uniquement de bâtir notre "mémoire collective" refondée, de rendre d’abord un hommage mérité à ces grands martyrs oubliés de "l’UPC", comme à ces innocentes populations embarquées dans ces "wagons plombés" ; ensuite, et pourquoi pas ? Une réelle reconnaissance aux "illustres patriotes" de notre histoire politique qui ont fait ce qu’ils ont pu tels que les présidents Ahidjo, Foncha, Soppo Priso, Endeley, Muna, Assalé, Moumé Etia et bien d’autres encore pour avoir contribué par leurs actes, à instruire ce "regroupement patriotique" de l’époque…
Néanmoins nous devons reconnaître que la "problématique de l’Unité nationale" n’a pas créé des conditions positives qui permettent la réalisation de ce "regroupement patriotique" ; par contre dégageait un autoritarisme unidimensionnel qui faisait peur et se situait, parfois à la limite du chantage politique. D’où son incapacité idéologique, éthique et morale de conduire d’abord cette mission "d’unir" nos territoires et nos peuples séparés par la colonisation ; ensuite "d’uniformiser" les structures administratives autant que peut se faire avec la conscience ébranlée de ces populations multiculturelles. Dès cet instant, il ne peut s’agir de confusion entre les mots "Unité" et "Union" même lorsque leur frontière sémantique est difficile à tracer ; mais plutôt d’une volonté préméditée d’utiliser le concept "Unité nationale" ; c’est-à-dire un "tout" sans contraire de par sa nature ; son intégrité originelle, entière et parfaite ; enfin unique comme le nombre "UN" ; donc ne possédant point de caractéristiques favorables pour réaliser "l’Union" ou le "Fédéralisme". Cependant, en observant les attributs du concept "Union", nous constatons qu’il possède plus de caractéristiques favorables que "l’Unité" qui favorise le rassemblement. Autrement dit, toute "Union" est possible à partir de deux unités quelles qu’elles soient.
Pour ce qui est de la confusion sémantique, la meilleure illustration relève de notre propre continent (l’Afrique) où l’on vient d’interrompre pour son Assemblée Générale, l’appellation de l’"Oua" (Organisation de l’Unité Africaine) en lieu et place de son nouveau concept "Ua" (Union Africaine) ; appellation plus pertinente et plus conforme à la fois, à la sociologie multiculturelle de l’Afrique et aussi relative à la différence des systèmes politiques qui la composent. A cela, je crois que ce changement de concept n’est ni fortuit, ni fantaisiste mais relève d’un pragmatisme politique louable et objectif ; d’une exigence d’ordre et de liberté pour chaque Etat d’envisager sereinement sa participation dans la construction des "Etats-Unis d’Afrique".
Dans ce "regroupement" des peuples et des Etats de l’Afrique, pourquoi le "Kamerun" (l’Afrique en miniature) ne pourrait-il pas s’inspirer du concept "Union" pour effectuer son Fédéralisme ? A-t-on vraiment meilleure formule qui rassure et sécurise les partenaires de l’alliance sans se servir de "l’Union" ? C’est pourquoi je continue à croire que de tout temps, le Kamerun a été piégé par la mauvaise foi et l’intelligence occidentales ; qu’en aucun cas, on ne pouvait parler de "l’unité nationale" et sa "fête du 20 mai 1972", sans invoquer le "complot idéologique" qui se propose toujours et encore de détruire nos valeurs ancestrales et notre civilisation. De ce point de vue, pourquoi aurais-je encore des réserves à parler de cette "Fête du 20 mai 1972" qui consacre à la fois, notre "indépendance" et l’échec d’un concept injuste et inapproprié qu’on voudrait à tout prix légitimer ; il s’agit bien de ce "20 mai 1972" qui symbolise hélas ! "l’Unité" retrouvée et masquant à peine, l’énorme fourberie coloniale qui organisa l’Afrique et le Kamerun en plusieurs morceaux méconnaissables. Je voudrais que quelqu’un m’explique les mobiles qui sous-tendent la "Fête nationale du 20 mai 1972" ; désormais, "fête de l’Indépendance" mais également "fête" éclectique et macabre parce que, non seulement, elle rappelle brutalement et en profondeur la période sombre de la colonisation et les faits mémorables à tous ceux qui feignent d’ignorer les amputations de territoires et des populations que le Kamerun a subies ; met également à nu les combines et les manigances coloniales franco britanniques qui sous-tendent le fameux "Référendum" édicté par la "Société des Nations". Pour parler vrai, la "connivence coloniale" englobait les décisions et les partages de la "conférence de Berlin" dès 1883 jusqu’à la fixation des zones d’influence respectives de la France et de l’Angleterre le 18 avril 1916. Si le "Kamerun nazi" avait vécu par la résistance et le sacrifice suprême de nos illustres héros, l’empire britannique prit la tutelle de notre pays et celle du Nigeria aussitôt la "conférence de la paix" de 1919 jusqu’au 20 juillet 1922.
En effet, l’objet de cette intrusion dans l’histoire coloniale de notre pays se veut un modeste éclairage qui permette de mieux saisir le "jeu colonial" dans la confection de ses stratégies "d’attribution" des "indépendances" fictives et les mécanismes organisationnels de contrôle qui mettent en place des structures éphémères sans consistance juridique, ni culturelle, ni politique ; c’est le cas du "Référendum", voulu et organisé sous l’égide de la "Société des Nations" à l’initiative mutuelle franco-britannique. Lequel "Référendum" avait pour objectif criminel de soustraire (arbitrairement) une partie du territoire et des peuples du Kamerun au bénéfice du Nigeria (ancienne colonie britannique). Ni "l’Upc", ni "l’Unc" ne pouvaient éviter cette opération de dislocation et de soumission (coloniales) initiée par la "Société des Nations" en connivence avec la France et l’Angleterre colonialistes. Après cette opération (Référendum) il fallait aller plus loin en créant et en mettant entre les mains néo-coloniales, des concepts de destruction massive parce qu’inappropriés et non maîtrisables par ceux "choisis" pour s’en servir ; inéluctablement ce "Référendum" était une plaie et une meurtrissure pour tous les patriotes de notre pays ; mais il fallait faire avec parce qu’impuissants de faire autrement…
Artifices patriotiques
La "Réunification" était attendue parce que voulue et pensée par la "Société des Nations" ; bref, sa maîtrise et les "concepts y relatifs n’étaient pas l’affaire des "patriotes" mais celle de "ceux" qui tiraient et faisaient danser nos "marionnettes".
En filigrane, on pouvait deviner la suite du "grand manège de Foumban", avec ses "artifices patriotiques" : "Unité Nationale", "Intégration Nationale" et la "République Unie" afin de compléter la panoplie néocoloniale des inepties politiques ; auquel cas, il fallait faire la fête ; la fête de "l’Unité" ; la "fête du 20 mai 1972" pour parachever le système néocolonial français. C’est d’ailleurs cette "impasse politique" tissée de longue date par ces "blancs" et qui ne nous offrent pas la moindre alternative (parce qu’on ne peut pas faire du bon avec du mauvais) qui me procure la nette conviction que toutes ces "approches dites unitaires", qu’il s’agisse de la "Réunification", du Fédéralisme ou de la "République Unie" participent d’un "leurre colonial" puissant. Un "leurre" enveloppé précocieusement par un jeu subtil confié aux mains noires néo-coloniales afin de le transformer en véritable "bluff politique" ; lequel "bluff politique" à son tour, devait rechercher une crédibilité et une autorité nationales qui étaient jusque-là, entre les mains de l’Upc défaite, se réconcilier avec une opinion publique qui lui était hostile et méfiante à cause des méfaits dus à la répression et à l’arbitraire administratifs de l’époque…
Aujourd’hui, la conscience ébranlée, j’en appelle à celle de nos brillants universitaires de continuer à mieux explorer la "problématique de l’unité nationale" ; d’aller en profondeur dans ces investigations afin de rassembler les éléments de réflexion probants et sans appel sur l’origine de cette "fête du 20 mai 1972" et ses perspectives probables pour l’avenir de nos institutions.
S’il n’y a pas lieu de condamner les uns ou les autres sur le "passé politique" du Kamerun, la "mémoire collective" de notre expression a besoin cependant de repères historiques qui ne souffrent d’aucune distorsion partisane pour, non seulement, "refonder" nos mœurs politiques mais de relater sans passion ni haine les événements de tous ordres et leurs effets collatéraux dévastateurs et pénibles suite à la lutte pour "l’indépendance" avec ses "wagons plombés" destinés aux populations rebelles et particulièrement aux patriotes de l’Upc et leurs sympathisants… C’est ainsi qu’aux fins de recrédibiliser ces "indigènes" choisis par (la mère patrie), la France, pour s’essayer à "décoloniser" le savoir ancestraliste tout autant que son "nationalisme" et sa volonté panafricaine de créer "l’Union" ; ce fut une stratégie intellectuelle finement mise en place par les "Partis Uniques" aux ordres de la "France variable" pour renforcer l’hégémonie coloniale de l’Occident au Cameroun.
C’est pourquoi, aujourd’hui encore, je suspecte l’empire colonial franco-britannique d’avoir ourdi de longue date ce "complot intellectuel" complexe et totalitaire en nous forgeant des "concepts" dangereux et inappropriés qu’ils ont cessé d’utiliser pour leurs propres communautés nationales respectives. Bref, ces occidentaux savaient que "Décentralisation" n’était pas "Fédéralisme" et que "Unité nationale" n’avait rien de commun avec "Union nationale" pour des peuples différents qui voulaient cependant vivre ensemble. Dès lors, de quelle "Unité nationale" et pour quelle "Réunification" ou "Fédéralisme" pouvait-on envisager ou espérer des "assises historiques" de Foumban ? Sans oublier que le Kamerun de nos aïeux, par le funeste jeu de la colonisation, venait de perdre une partie de ses terres et de ses enfants au bénéfice de nos voisins immédiats : le Nigeria, le Gabon, la Centrafrique ou la Guinée Equatoriale ; son "unicité" et son indivisibilité avaient perdu ipso facto ses positions géostratégiques, géopolitiques et sa puissance économique naturelles, dans l’Afrique Centrale. Désormais ses paysans, ses cadres et ses intellectuels campaient autour et aux alentours d’une "idéologie" nationaliste bancale avec des dogmes surannés, pareils à ceux abusivement utilisés (au Printemps de Prague 1968) par "Dubcek" ; non seulement confondant les systèmes politiques de l’époque mais oubliant surtout que dans la dialectique communiste (qui était la sienne), la "Démocratie" est incompatible avec la "dictature du prolétariat". Ainsi, sans exagération, il s’agit ici de comparer deux "idéologies carcérales" : celle du "Parti Unique" camerounais et celle du "Parti Unique" Tchécoslovaque, appelé Parti communiste…
Aujourd’hui, comme hier et peut être demain, des générations de Camerounais vont continuer à s’interroger sur la "problématique de l’Unité Nationale" sans avoir des éclairages suffisants sur son "mysticisme" politique que d’aucuns ont cru nécessaire d’entretenir tout simplement pour s’interdire un "sacrilège idéologique" qui épouse par précaution politique, l’attitude prudente des gens qui disent : "faisons ce que nous pouvons et non ce que nous voulons"…
Attitude que je peux comprendre compte tenu du contexte politique de l’époque, de l’outillage intellectuel et idéologique de nos leaders engagés à promouvoir des modifications constitutionnelles ; "tout" et tout de suite en utilisant le concept de "l’Unité Nationale" comme "clé magique". Ce fut invariablement le cas pour "l’Upc" comme pour "l’Unc" de se servir de ce "slogan" aux fins (malheureusement) d’un partage inégal et fort regrettable du "pouvoir politique" dans le Cameroun "reconstitué".
C’est d’ailleurs à partir de cette logique de l’irrationalité et de l’hypocrisie politique fondées sur "l’Unité" des peuples plutôt que celle relative à "l’Union" des peuples en correspondance à l’objectif de "Réunification" d’abord et ensuite à celui du "Fédéralisme" parce que notre diversité culturelle en est la principale raison, qu’aujourd’hui à cause de l’échec occasionné par "l’Unité nationale" plus personne ne s’aventure à préciser les missions historiques dévolues respectivement au gouvernement anglophone et au gouvernement francophone pour réaliser ces objectifs précités.
C’est aussi pourquoi certaines élites et responsables politiques embourbés ou plutôt empêtrés dans cette irrationalité dogmatique du "Parti Unique" ou du "Marxisme primaire" cherchent refuge dans le chaos politique du pays en prenant comme prétexte nos divisions et nos malentendus chroniques ; oubliant cependant les divergences afférentes à notre "diversité culturelle" et à nos appartenances ethniques et claniques respectives qui devraient nous pousser à rechercher la formule "d’Union" ou le "Fédéralisme" comme l’envisageaient d’ailleurs nos aïeux au début du XVIIIème siècle. Aujourd’hui le Cameroun est bloqué parce que poussé dans l’impasse constitutionnelle. D’abord par ces "brailleurs" professionnels de l’ancien régime, à la mentalité figée mais vantant à grand vent une "Démocratie importée" dont ils n’ont que faire ! Ensuite il y a ces "braves" incultes "séparatistes" englués jusqu’au cou par des inepties politico-juridiques insensées et insoutenables pour une cause qu’ils savent déjà perdue…
Parce que le monde est multipolaire et fondé sous la "loi de la diversité" il n’y a pas de raison majeure qui condamne un peuple à la colonisation intellectuelle perpétuelle. A partir de cette vision humaniste de l’oralité africaine chaque peuple peut équitablement se sentir partenaire de l’autre en refusant tout assujettissement d’où qu’il vienne et quel qu’il soit. Je tiens à souligner cependant que cette conformité éthique et morale n’engage pas les choix et les préférences idéologiques, politiques ou philosophiques que les peuples seraient amenés à vivre ; quand bien même il serait souhaitable de voir les socles constitutionnels de ces peuples cimentés par la culture. En fait qu’il s’agisse de la "Démocratie" ou d’autres valeurs importées, que celles-ci subissent une onction de la culture locale ; ou qu’elle s’offre à une alliance interperméable caractérisant "l’Union" de deux cultures voisines capables de rapprochement et de cohabitation. Pour asseoir cette vision de "l’Union" dans la diversité des peuples et des cultures, je crois que l’exemple des Etats-Unis d’Amérique (toutes propositions gardées) est celui qui présente beaucoup de similitudes avec le Cameroun ; en moins, leur différence constitutionnelle ; le "Fédéralisme" pour les Etats-Unis et la "République" pour le Cameroun. C’est aussi pour que sans tomber dans les travers d’un plagiat agressif et dangereux, nous ne pouvons ni refuser d’entreprendre ce qui est bon pour nous, ni accepter ce qui est douteux, voire mauvais pour notre société en regardant (un tant soit peu) ce qui se passe ailleurs…
En réalité, parce que je n’ai jamais goûté au bonheur du "Fédéralisme" (sauf peut-être hors du Cameroun), il m’est bien difficile de relater ici ses bienfaits ou pas. Cependant je vis quotidiennement la "République" qui n’a cesse de montrer ses limites et ses contradictions en tous genres ; c’est pour cela que j’éprouve une certaine aversion pour elle et tout ce qui tient d’elle comme : "l’intégration nationale" ou "l’Unité nationale".
Colonisation intellectuelle
Parce que personne n’a le droit de nous obliger à poursuivre la "colonisation intellectuelle" que les "blancs" nous ont imposée et qui perpétue la déstabilisation de nos sociétés et nos valeurs ancestrales, je crois bon et nécessaire de dire parfois à ces "savants" occidentaux comme à cet orientaliste français Louis Massignon qui dicte au reste de l’humanité que : le "christianisme est Amour", "l’Islam est la Foi" et que le "Judaïsme est l’Espérance" sans dire mot sur la réalité des cultes et religions polythéistes qui précédèrent longtemps bien avant sa grille de lecture contemporaine que : "l’ancestralisme" est la vie. Par conséquent nous ne devrions plus admettre que quiconque dévalorise nos mœurs, notre culture et notre civilisation orale ; de nous faire croire que "Dieu" a eu tort de créer pour nous, des clans, des ethnies et des tribus ; ou de laisser penser à ces "intellectuels" qui ne jurent plus que par l’esprit du "cartésianisme" occidental que la rationalité est née ailleurs plutôt que dans l’Egypte antique nubie africaine. C’est aussi pour faire comprendre à ceux qui méprisent encore les valeurs de l’oralité que si la diversité sociologique occupe l’humanité aujourd’hui cela n’est pas un hasard ; mais le corollaire qui explique comment et pourquoi l’univers global est placé sous la "loi de la diversité" ; laquelle ne parraine ni le "tribalisme", ni la "République", concepts perturbateurs et anonymes dans la civilisation de l’oralité africaine.
Combats qu’il nous faut entreprendre avec persévérance, rigueur et lucidité parce qu’ils doivent nous extraire à la fois de l’aliénation culturelle, de l’impérialisme intellectuel occidental mais également de ses contingences historiques abominables ; j’entends par là, celles qui ont piétiné en permanence notre dignité, notre souveraineté et notre humanité sans que quelqu’un levât le petit doigt pour dire stop !...
Dans ces conditions et si elles sont contraires à la logique de "l’Union" ou du "Fédéralisme culturel", pourquoi donc tant bruire "l’Unité Nationale" ou alors "l’Intégration nationale" qui n’est rien d’autre que cette autre aberration idéologique ? et si l’une ou l’autre ne dérange personne et n’apporte rien à la "République" si ce n’est moins de "solidarité nationale" et la perte d’une perspective civilisationnelle pour le Kamerun ?
Excusez-moi ! j’allais oublier : "Union" ou "Unité" pour notre pays ? That is the question !...
* Les intertitres sont de la rédaction.
mboasawa
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