
C’est dans ce jeu de timbre, de véritables volte-face que ce chanteur va conduire le mélomane tout au long de cet album. A peine âgé de 20 ans, il parle aux Teenegers dans le titre "Ngeme". Il puise dans le camfranglais, dans un style qui lui est propre, et envoie un message aux jeunes. "Tu ne peux pas t’asseoir et l’argent vient te trouver là là là. C’est pour cela qu’on doit se débrouiller sinon le ngeme va nous kill dans notre propre countrie", chante-t-il. Les amoureux du Flamenco sont servis dans "Mi amor". Dès lors, on rentre dans la partie énergique et dansante de l’opus. Lequel est déjà considéré comme un tube, et qui coule avec ses tranches relevées de lambada. "Bunya" est, en fait, une chanson qui s’inspire d’un titre de Angélique Kidjo avec laquelle Achalle a travaillé pour mettre les ingrédients qui permettraient aux Camerounais de se retrouver. Un peu de duala, des lignes de guitares de makossa, des tam-tams, des voix colorées… Voilà la recette qui a permis la fabrication du titre "Bunya", actuellement fredonné partout au Cameroun.
A côté de cette chanson, il y en a d’autres qui ont bercé l’enfance de Denis Achalle et qu’il a voulu reprendre en mettant du sien, pour nous faire redécouvrir ces chansons comme si on les écoutaient pour la première fois. "Mama’s day" est une reprise de Myriam Makeba, le rythme Zulu est resté intacte, les percussions et les montées de voix un peu rauques, à la Tina Turner. C’est la même sensation dans le titre "The love you save" de Quincy Jones. Et le titre "Whithout Love", qui s’inscrit fortement dans le registre de Tracy Chapman. Achalle, s’est exprimé sur cette livraison en français, anglais, duala, zulu, bassa, etc. Le lauréat du concours national de la chanson use de cette aisance linguistique pour apporter un plus dans ses chansons, qui subissent de grosses influences de la world music.
Ce premier album est suffisamment abouti, parce qu’il a connu la participation de professionnels comme Marco Mbella, Joly Priso, San Fan Thomas, Boby Nguimé, Arthur Manga, Blaise Chegue et les chœurs de Gaelle Wondje, Prosper Essola et Nono Flavie. Une bonne brochette de dinosaures de studios, qui reconnaissent que ce qui les a guidés, c’est la rigueur et la recherche de la perfection de celui qu’on surnomme affectueusement "Petit monsieur", et qui est entré dans les petits secrets du piano et de la guitare. En somme un album rassemblant des influences makossa, soul, slow, lambada, flamenco, bootle dance, raggae, etc., que Denis Achalle a décidé de résumer dans le vocable "Feelings".
Repères
Album : Feelings
Auteur : Achalle Denis
Sortie : 17 juin 2007
Producteur : 2Sop&Co
Nombres de titres : 14
A écouter : Have faith, Bunya, Ngeme, Feeling insecured, Mama’s day, Love is blind, Si je chante.