Amiral. S. : Un maître danseur sur le plancher

En séjour à Yaoundé, le chorégraphe a formé plusieurs jeunes Camerounais.
Justin Blaise Akono

Cheveux et barbe teints à la Dennis Rodman, l’ancien basketteur américain, du chanteur du même pays Cisqo ou, souvent, du footballeur français Djibril Cissé, Amiral S. n’est pas passé inaperçu pendant toute la durée du premier festival de musiques urbaines tenu à Yaoundé la semaine dernière. Le jeune Camerounais, toujours entouré d’une vingtaine d’adolescents esquissant des pas de danse, quel que soit l’endroit, a animé un atelier de danse de hip hop du 12 au 14 juin dernier. Une danse particulièrement spectaculaire à laquelle s’intéressent les jeunes. "C’est un mouvement devenu de plus en plus populaire, même si les parents pensent que c’est un danse pour les voyous ", lance-t-il. Proscrite dans les milieux dits corrects, sa coiffure en dit d’ailleurs long.

Ses tenues aussi. Elles illustrent à souhait sa profession de danseur : longue culotte, grand tee-shirt floqué sur un autre tee-shirt, casquette, qui tente souvent de cacher cette coiffure de star. Même le discours est influencé par le hip hop. Les phrases qu’il débite sont saccadées dans un langage familier, "propre au milieu". Un discours généralement laconique caractérise le formateur de danse hip hop. Amiral.S est incrusté dans ce domaine depuis dix ans. Philippe Onguéné, de son vrai nom, a pour spécialité le Break et "la danse debout". Le Franco-camerounais est arrivé en Hexagone en 1987 à l’âge de six ans. "C’est par des émissions de télévision que j’ai été attiré et j’ai suivi des cours de danse", se souvient-il. Il y a deux ans, il dit avoir arrêté de danser, " pour des raisons personnelles ".

Infatigable
Amiral.S travaille aujourd’hui à la mairie de Seine et Marne dans la région parisienne comme médiateur urbain à travers son association Mel-races (mélange des races). Il donne des cours de danse hip hop aux jeunes de plus de six ans. Le fruit d’un parcours ayant commencé au Lycée de la même ville en 1997. " J’ai fait pas mal de battles à mes débuts. Après j’ai intégré une compagnie de danse, "Articulation", de Zaza Disdier, pour la création "Rêves de vie". On a tourné en France. Puis, je me suis mis à organiser des battles de danse", tente-t-il de retracer son parcours.

Quatre heures de danse quotidienne, Amiral.S dit vivre de cet art. Il organise des compétitions de danse hip hop appelées là-bas des battles. Il prend aussi régulièrement part à la "Battle of the year", la coupe du monde de danse hip-hop, ainsi que le championnat du monde de Montpellier. Une expérience qui a permis à Amiral.S d’apporter des réponses à certaines questions que se posent les jeunes venus à l’atelier, sur les différents styles de la danse hip hop. D’ailleurs, Amiral.S, qui se souvient être revenu au pays natal trois fois seulement, rêve de voir ses jeunes "frères" Camerounais prendre part à la coupe du monde de danse hip-hop. "Pour le moment il n’ y a que l’Afrique du Sud qui sort du lot. Et si le Cameroun peut être la prochaine équipe à participer à cet événement, se sera vraiment super", a-t-il souhaité.

mboasawa

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