Spectacle : Retour au village pour Patrick Noah

Le chanteur a donné un concert jeudi dernier au Centre culturel français de Yaoundé.
Justin Blaise Akono

 

"Dzal", le village natal, le pays, les racines. C’est par cette chanson que Patrick Noah, seul sur le podium et armé d’une guitare sèche a lancé son tout premier concert au Cameroun le 21 juin dernier, au Centre culturel français (Ccf) de Yaoundé, dans une salle bondée en dépit des nombreux autres concerts organisés dans un rayon d’un kilomètre et au même moment, dans le cadre de la célébration de la fête de la musique. Cette chanson reprise en chœur et fait partie de son premier album sortie en 2003 et qui a connu un certain succès au Cameroun. "Je connais bien la chanson. Mais, je ne savais pas précisément qui en était l’auteur", a confié, à la fin du concert, Aboubacar Ahmadou, un spectateur, alors que Patrick Noah a dit avoir été très ému par l’accueil du public.

Pendant deux heures, le guitariste a présenté l’Afro-musics, le fruit de la rencontre opérée entre les cultures africaines (de par leurs textes) et cubaines (sur le rythme) : des titres enregistrés avec le groupe Kiss Kiss Balafons en 1999, ceux de l’album "Dzal", des exclusivités et, surtout, les huit titres du dernier album, "Sapéria, sur les traces des ancêtres" enregistré à la Havane à Cuba avec le groupe Septeto Araison. "Cet album est avant tout l’histoire d’une rencontre aussi improbable qu’imprévue", a-t-il confié. Bref, une synthèse entre afro-cubain, afro-jazz, afro-brésilien, blues, afro-caribéen… "Ce courant cherche à explorer toutes les musiques d’origine africaine", a expliqué Patrick Noah.
Certains spectateurs avisés disent avoir souhaité retrouver la musique telle qu’écoutée à travers les disques. "Pour moi qui ne l’ai jamais écouté, j’ai l’impression qu’il fait la musique à thème, qu’il privilégie plus les paroles que les instruments", a estimé Jean-Pierre Mballa, un spectateur. "Si j’avais tous mes musiciens, ce serait une autre ambiance. Car, avec tous les instruments, c’est forcément quelque chose de dansant. J’avoue que les textes ont une part plus importante que la musique", a expliqué Patrick Noah.

Dans la communion avec son public, qui l’a adopté en l’accompagnant, et en jouant parfois les choristes, Patrick Noah a expliqué chaque fois le message que véhicule chacune de ses chansons. Sapéria, le titre principal du nouvel album est un hommage rendu à sa grand-mère. "C’est elle qui m’a initié à la culture Eton avec toute sa spiritualité, sa langue, son histoire et sa mystique", a-t-il expliqué. "A ban Moan" est une berceuse pour sa fille Julie Biloa. "Dulce embeleso", une ode à l’amour illustre, à travers la langue espagnole et le rythme salsa, la musique cubaine. Le pharmacien "exilé" en France depuis quinze ans a aussi abordé pendant ce concert, d’autres thèmes d’actualité tels que la politique d’éducation, le choix des études appropriées. "Aller en France n’est pas la meilleure solution. Il faut construire les écoles sur place. Je ne comprends pas pourquoi un pays aussi avancé en Afrique centrale comme le Cameroun n’a pas de faculté de pharmacie…", s’indigne Patrick Noah. Le chanteur a indiqué que sa musique véhicule un message principal : "que les Africains soient fiers de leur culture, qu’ils doivent continuer à nourrir et à partager".

mboasawa

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