Discothèque : La musicothérapie du Pélican du Mbam

L’album "Bitibak" est un mélange d’influences d’où émergent les sonorités de la culture Bafia.
Marion Obam

src="http://www.quotidienmutations.info/mutations/images/france_djibouti.gif" align="left" border=1>C’est un album qui ne s’adresse pas aux noceurs. Ce que propose Simon Nwambeben est d’abord une musique d’écoute qui parle à l’âme, à l’esprit. Le "Bitibak", le titre de l’album, chez les bafia est une décoction végétale contre la fièvre ou le paludisme. Tout est donc partie d’une volonté de guérir les maux de l’homme, les adoucir, mais aussi d’apporter de l’espoir dans une vie où la souffrance est très souvent présente que le bonheur. Alors, comme il n’y pas de thérapie spécifique à ces multiples afflictions, Simon a proposer aux mélomanes une infusion musicale. Ainsi son "Bitibak" peut se répandre dans le cœur de tous les hommes, sans distinction de couleur, de sexe ou d’âge. Traversant les continents dans un seul but : Etre un remède contre les maux de la terre…

Pour y arriver, il a transformé l’essence salvatrice des feuilles de papaye, goyavier, écorces de manguiers et autres plantes en partitions. La formation se construit sur une alchimie subtile des voix en s’appuyant sur une basse rythmique de percussions et de guitares entremêlées. Celui qu’on a connu à la "Terre battue" de Yaoundé comme étant le "Pélican du Mbam" a continué la préparation de sa potion en réussissant à faire chanter, sans accent, les français en langue bafia. Le "Bitibak" donne un métissage de voix africaine, voix française, un set de percussions venue de plusieurs coins du monde, une guitare, une basse et des rythmes traditionnels bafia comme le Dhom. Le mélange des timbres et d’influences pour une seule couleur. On y entre dans cet opus de quatorze titres par "Ikoum".

Comme tout au long des autres titres, ici, il appelle les hommes "Gueni Wem", " Mon frère ". Dans "Ikoum", qui signifie richesse, Simon exhorte ses frères africains à ne pas baisser les bras car " nos ancêtres nous ont laissé une richesse inestimable que sont les percussions." Une ballade où on retrouve justement des percussions comme le Mekeng, le Nkaï et un peu de Nyass. Un poignant hommage est rendu à "Daniel", ami d’enfance qui a souffert pendant de la méchanceté de l’homme et qui en est mort. Comme une menace Simon rappelle à tous ceux qui font du mal "qu’ils ne resteront pas vivre éternellement." Des berceuses comme Riwou, Awa et Dhounia qu’il a composé à l’âge de six ans nous recollent à l’enfance.
La souplesse du jeu de Simon Nwambeben qui tient aussi de la guitare en même temps qu’il porte le lead vocal, amène une certaine légèreté à l’ensemble quand ce n’est pas purement un aspect festif comme c’est le cas dans les titres Kisowa, Kodah’na et Nkourha Wo. La richesse linguistique de Simon ne s’arrête pas qu’au bafia.

Il propose deux titres en français : L’autre moi et l’espoir du désespoir. Il rajoute aussi le Bulu, le Duala, le Bafang, le Bassa à ses compositions, résultante d’un esprit ouvert et profondément ancré à la culture de sa terre. Pour offrir une galette d’une telle qualité, le pélican du Mbam a constitué à Nantes une équipe autour du projet " Bitibak1 ". Eva Paquereau et Sandrine Laverdure aux chœurs généreux et chaleureux livrant au passage une sensation d’aise comme après la dégustation d’un bon "Kepen". Tout cela soutenu par Samuel Lecomte aux percussions et Laurent Evini à la basse. Pour mettre tout ceci en musique, Simon Nwabeben a sollicité Ray Lema pour assurer la direction artistique. Au finish, une musique affranchie de tous les stéréotypes, une mélancolie caressante qui lorsqu’elle vous pénètre vous plonge dans un univers doux où la douleur est inconnue.

Repères
Album : Bitibak 1
Auteur-compositeur : Simon Nwabeben
Sortie : Mai 2006 à Paris, Avril 2007 Cameroun
Production : Daqui
Distribution : Harmonia Mundi
A écouter : Awa, Daniel, L’autre moi, Dhounia, Kisowa, Kodah’na, Dhom et Ndeh be nkeh.

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