Ils venaient de tenir un Congrès national dans la cité balnéaire. Leur encadreur bien portant a aussi péri dans les eaux. Trois corps seulement repêchés jusqu’ici.
“ C’est l’inconscience des gens et leur obstination à ne pas suivre les conseils qui ont conduit au drame de dimanche dernier. C’est triste pour tout le monde et d’abord pour les familles de victimes ”. Stephen Ndié est l’un des personnels d’accueil de Mile 6 beach, la plage municipale de Limbe. Située à proximité du camp de la Sonara, cette aire de baignade a endeuillé plusieurs familles le 25 novembre 2007 : “ Les sourds-muets sont arrivés très tôt le matin, vers 7 heures. Je leur ai dit que l’entrée est payante, 500 Fcfa par personne. La grande majorité des handicapés n’a rien voulu entendre. Et comme ils étaient dans un premier temps plus d’une quarantaine, ils sont passés en force. Seule une quinzaine d’entre eux a accepté de payer ”, confie-t-il avant de poursuivre : “ Vers 9h30’, un groupe de Chinois est arrivé lui aussi sur la plage. Et pendant qu’ils jouaient dans l’eau, l’un des Chinois ou plus exactement une Chinoise, commençait à se noyer. J’ai plongé pour la ramener à la surface. Pendant ce temps, d’autres personnes handicapées, membres du groupe des sourds-muets, ont rejoint leurs camarades. De telle sorte que vers 11 heures, au moment où on entend certains sourds-muets crier, on constate qu’ils sont un certain nombre à avoir disparu ” Mais, peu de gens sont convaincus à cet instant qu’ils se sont noyés : “ Nous avons, avec les deux maîtres nageurs présents, ramené les baigneurs sur le bord afin de procéder à une vérification sérieuse des identités. ”
Trois corps sans nouvelle
Au total, ce sont six personnes, parmi les soixante-quinze (75) membres de l’association nationale des sourds-muets, qui avaient disparu : “ Un vent de panique s’est emparé des handicapés et ils ont pour la plupart quitté Mile 6 beach en laissant leurs effets sur place ”, raconte encore Stephen Ndié, la voix tremblotante, avant de préciser : “ Nous sommes allés alerter les forces de l’ordre. Mais, c’est seulement vers 16 heures, le même dimanche, que les premiers corps ont commencé à être rendus par l’eau. A ce jour, mardi 27 novembre, trois des six corps ont été repêchés et restitués aux familles. Ils n’avaient pas la moindre goutte d’eau dans les poumons ”, conclut Stephen. Il s’agit des corps de Wafo Ndetatsin Blaise, l’un des deux encadreurs de l’expédition, Beke Franklin Marcel et Mve Philippe. Les corps de Amos John, Lanso Stephen Fonyuy et Mlle Malago Géraldine sont toujours portés disparus.
Le responsable de la sécurité et de l’accueil de Mile 6 beach, Monika Ndié, était absent au moment des faits. Mais, compte tenu de ce qui lui a été rapporté, il ne doute pas une seule seconde de ce que : “ Les visiteurs qui viennent se baigner ne disent jamais la vérité sur le fait qu’ils savent ou pas nager. C’est pourquoi nous redoublons de vigilance dès qu’il y a beaucoup de monde. Malheureusement, les gens n’écoutent pas les conseils, ils n’en font qu’à leur tête. La prochaine fois, nous serons intransigeants.”
Ce drame pose avec gravité la question de la sécurité des aires de baignade au Cameroun. La plage de Mile 6, ouverte dans les années 1950, ne comporte aucune inscription sur les parties dangereuses pour la baignade. La famille de Wafo Blaise s’apprête à l’inhumer dès aujourd’hui, mercredi à Bafoussam, son village natal.
mboasawa
3713 Blog des postes