Le Tchad regorge plus d’une cinquantaine de groupes rebelles. Sous d’autres cieux, on aurait parlé de partis politiques. Mais la différence, ici, c’est que ces groupes sont dirigés par des militaires. Presque tous armés, ils évoluent à côté des 83 partis classiques composant le paysage politique du pays. L’Organisation non gouvernementale Human Rights Watch, dans un rapport publié récemment, a répertorié treize groupes rebelles, présentés comme les plus importants. Mais de toute évidence, les factions et les regroupements se font tous les jours au gré des intérêts. Aujourd’hui, l’on peut retenir trois grands regroupements, ceux-là mêmes qui se sont mis ensemble au sein d’une Alliance pour effectuer une tentative de coup d’Etat : l’Union des forces pour la démocratie et le progrès (Ufdd) de Mahamat Nouri, le Rassemblement des forces pour le changement (Rfc) de Timan Erdimi et l’Ufdd-fondamental (Ufdd-f) de Abdelwahid Aboud Makaye.
Les hommes qui conduisent ces groupes rebelles sont, pour la plupart, d’anciens dignitaires des régimes ayant gouverné ou qui gouvernent encore le Tchad. Mahamat Nouri est ancien ministre de la Défense, membre de l’ethnie Goran du sous clan des Anakaza. De cette ethnie est aussi issue l’ex président Hissène Habré. Timan Erdimi, ancien directeur de Cotontchad (à peu près l’équivalent de la Sodecoton au Cameroun) compte, avec son frère Tom Erdimi, ancien chef de cabinet de Déby et coordinateur du développement pétrolier du Tchad, parmi les dirigeants du Socle pour le Changement, l’Unité nationale et la Démocratie (Scud), un groupe formé par les déserteurs des forces armées et du gouvernement tchadien. Tom et Timan sont surtout des neveux de Idriss Deby. Le Scud a finalement fusionné avec d’autres groupes.
Venus d’ailleurs ?
“ Les rebelles sont soutenus par des hélicoptères soudanais et des Antonov de l’armée soudanaise ”, a déclaré le général Abadi Saïr, préfet de la région d’Adré à 800 km à l’Est de la capitale, cité par le quotidien français le Nouvel Observateur.
Pour ce préfet, il ne fait pas de doute que l’agression vient de l’extérieur. Si le Soudan est indexé en premier, c’est parce que Khartoum a toujours été accusé par Ndjamena de soutenir les rebelles tchadiens, et leurs prêter son sol pour les entraînements. Dans son rapport, Human Rights Watch (Hrw) indique que l’un des mouvements rebelles, l’Alliance nationale de la résistance (Anr) est un “ groupe de l’opposition armée tchadienne basé au Darfour et actif dans la partie Est du Tchad, fondé en 1994 par Mahamat Garfa, membre du groupe ethnique Tama et ancien Chef d’état-major des forces armées du Tchad. ” Evidemment, le Soudan récuse ces accusations. Mais certains analystes estiment que les faveurs du Soudan pour les rebellions tchadiennes sont une réplique à Idriss Deby qui, lui, soutient aussi les rebelles du Darfour contre le gouvernement du maréchal Omar Hassan El Béchir. Il s’agit principalement du Mouvement de libération du Soudan et du Mouvement pour la justice et l’égalité.
Pour le moment, il n’est pas confirmé que le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (Mdjt), principal mouvement rebelle dans le nord-est du pays, dirigé à l’origine par l’ancien ministre de la Défense Youssouf Togoimi, de l’ethnie Goran, est partie prenante dans les combats. “ Ce dernier a lancé la rébellion armée contre le gouvernement de Déby en 1998, opérant tout d’abord depuis sa base de pouvoir dans les montagnes du Tibesti au nord. Togoïmi est mort en septembre 2002 et c’est Aboubakar Choua Dazi qui lui a succédé. En décembre 2003, le Mdjt et le gouvernement ont signé un accord de paix qui a été rejeté par la tendance dure du Mdjt. Le Mdjt a été associé au Fuc en 2006, mais il ne semble pas avoir participé aux hostilités contre l’Etat tchadien”, indique Hrw. Le Tchad, pays aux 250 généraux, est dans un engrenage duquel ses dirigeants peuvent difficilement le soustraire aujourd’hui. Mais on garde l’espoir pour les générations à venir.
mboasawa
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