Arrestation :
Paul Eric Kingué a été interpellé et gardé sur ordre du procureur de la République de Nkongsamba.
L.K
A l’image de la fulgurante montée en force du mouvement de protestation contre la vie chère qui a paralysé certaines villes du Cameroun, les choses sont allées très vite pour le maire de Penja-Njombé. Paul Eric Kingué a été interpellé vendredi dernier, 29 février, à son domicile à Penja. «Quatre voitures Pick-up de l’armée sont arrivées et l’ont amené sans que l’on nous dise la destination finale», affirme une jeune femme rencontrée au domicile du maire Rdpc élu au terme des dernières élections couplées du 22 juillet 2007. «Qu’on ne vous induise pas en erreur. Le maire n’a pas été enlevé. Je l’ai interpellé sur ordre du Procureur de la République auprès du tribunal de Grande Instance de Nkongsamba avec ordre de perquisition. Il est actuellement en garde en vue à Nkongsamba. J’ai quatre jours renouvelables une fois pour l’entendre», indique le commandant des groupements de gendarmerie du Moungo. Ce dernier déclare que «plusieurs chefs d’accusation pèsent sur le maire. Parmi ceux-ci, il y a le motif d’obstacle sur la voie publique, pillage en bandes, destruction».
De source proche de l’enquête, le maire aurait été aperçu en compagnie des manifestants à plusieurs endroits. Voilà pour les motifs largement répandus. Rien donc à voir avec ses déclarations sur les antennes de Canal 2 International. Au cours d’une émission spéciale sur la crise que traversait le Cameroun, le maire avait annoncé que les émeutes avaient fait six morts à Loum et deux morts à Penja-Njombé.
Mais avant d’arriver à cette situation où l’amalgame s’est finalement mêlé, le maire de Penja-Njombé traînait déjà quelques casseroles, de l’avis de certains conseillers. Les relations étaient devenues très tendues entre lui et certaines autorités administratives du Moungo et de l’arrondissement de Penja-Njombé. Au sein du conseil municipal, certaines langues se délient déjà pour dénoncer la gestion de la mairie.
Et pourtant, Paul Eric Kingué ne manquait pas d’arguments pour sa mairie. « Je suis l’un des rares élus au Cameroun qu’on n’a pas parachuté et dont la victoire n’a surpris personne», avait-il déclaré à Mutations en septembre dernier dans un entretien. «Il s’agit pour moi, pendant les cinq prochaines années, d’identifier les différentes taxes communales directes et indirectes dont doit jouir Njombè-Penja, dans le but d’optimiser les revenus de la commune dont j’ai la charge. Il se pourrait qu’à ce jour, les taxes communales soient reversées à la commune sans une base de calcul réelle reposant sur la loi. Le plus urgent pour moi c’est, dans les prochains jours, de commettre une expertise fiscale locale qui permettrait que je me rapproche de mes partenaires sociaux (Php, Caplin, Spm, Aes-Sonel, Camwater), afin qu’ensemble, nous recalculions les différentes taxes dues à la commune. Nous allons nous atteler, après avoir optimisé nos recettes, à les sécuriser. Après cette étape donc, commenceront les investissements à apporter. Car, avec peu de moyens, il est à craindre que les attentes de la population ne soient pas comblées à leur juste mesure», indiquait-il.
Le cas de Loum
Combien de personnes ont finalement été tuées dans l’arrondissement de Loum, au cours des confrontations entre les populations et les forces de l’ordre le mercredi 27 février dernier ? « Six », s’était empressé de déclarer, le même jour, sur Canal 2 International, le maire de Penja-Njombé, Paul Eric Kingué. Quelques jours plus tard, précisément dimanche 02 mars, les fidèles chrétiens catholiques de la localité vont apprendre de la bouche du prêtre un autre bilan très lourd : quatorze morts. «Certains ont déjà été enterrés», a confié à Mutations une habitante de la localité. Les tentatives de recoupement, au téléphone, de l’information auprès du sous préfet de cet arrondissement se sont avérés vaines. Par deux fois de suite, l’autorité administrative a simplement raccroché au nez du reporter de Mutations.
mboasawa
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