Après les émeutes
Depuis l’appel à la guerre lancé par le ministre Mama Fouda, les allogènes sont de plus en plus sur le qui-vive dans le Mfoundi. Un meeting populaire du Rdpc est programmé aujourd’hui à 13h à Yaoundé.
Depuis hier, mercredi 5 mars 2008, le préfet du Mfoundi, Joseph Beti Assomo, conduit une vaste caravane à travers les 7 arrondissements de son unité de commandement. Officiellement, cette descente sur le terrain consiste “ à sensibiliser les populations contre les mouvements d’humeur spontanés. Et surtout contre l’insécurité. Le préfet veut mettre en place des comités de vigilance pour prévenir les casses ”, confie un employé de la préfecture du Mfoundi. Le préfet du Mfoundi aurait été instruit par sa hiérarchie. Celle-ci, indique-t-on au ministère de l’Administration territoriale, “ ne se serait pas remise de voir que Yaoundé qui jusque là s’est toujours désolidarisé des manifestations et mouvements sociaux hostiles au régime s’en soit mêlé tel que l’on a vu récemment ”. Beti Assomo doit donc “ ressusciter les comités d’auto vigilance et les associations d’indics qui doivent prévenir l’administration au cas où il y aurait des fauteurs de troubles dans la capitale.”
Difficile pour l’instant de savoir si la démarche du préfet se situe dans la même logique que celle de certains membres de l’élite du Mfoundi. Lundi dernier, sous la houlette du ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, des “ forces vives du Mfoundi ” ont commis une déclaration. Les signataires invitent “ fermement les prédateurs venus d’ailleurs, de quitter rapidement et définitivement notre sol. Car ils n’y seront plus jamais en sécurité. Qu’ils disent à leurs commettants que les forces vives du Mfoundi ont de nouveau revêtu la tenue de combat de leurs ancêtres. ” Face à une telle intention guerrière, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, dont le nom se trouve parmi les signataires de cette déclaration, a rendu publique une mise au point dans laquelle il déplore “ le ton quelque peu belliqueux de ladite déclaration ”. Toutefois il n’en pense pas moins. Puisque, affirme-il, les populations “ ont l’impérieux devoir de veiller, chacun à son niveau et selon ses moyens, au même titre que les familles autochtones, sur les biens et la sécurité de la ville qui les héberge. ”
Ces deux positions sont actuellement analysées dans les différentes associations de ceux que l’on appelle les allogènes qui vivent dans la capitale. Un membre d’une communauté originaire du nord explique : “ Nous attendons cette descente du préfet sur le terrain avec impatience. Il doit nous expliquer ce qui sous-tend ce discours xénophobe que nous entendons ces derniers jours autour de nous. Nous avons l’impression qu’à Yaoundé, des instructions ont été données pour que les autochtones épient chaque jour les allogènes. ”
Une chose est certaine : le pouvoir tient à contrôler Yaoundé. Toutes les mesures qui sont prises en ce moment et qui viennent de la haute hiérarchie du pays viseraient ainsi à créer ce climat de terreur auprès de tous ceux qui auraient l’intention de venir défier le pouvoir de Paul Biya à Yaoundé. Si la déclaration aujourd’hui honnie est cautionnée par le gouvernement, ce serait probablement dans la logique classique de diviser pour mieux régner. Dans ce jeu dangereux pour la paix, le Rdpc tente de se positionner comme faiseur de paix. Le comité central va organiser un grand meeting à l’esplanade de l’Hôtel de ville de Yaoundé. Ce sera l’occasion de parler de paix et de sécurité dans le pays. Mais d’avantage de vigilance à Yaoundé et dans le Mfoundi.