Les revenus améliorés des employés de l’Etat ne mettent pas fin aux différences importantes de traitement entre corps.
Jean Baptiste Ketchateng
" La rémunération mensuelle de base des personnels civils et militaires est, à compter du 1er avril 2008, revalorisée de 15%. " C’est la première des deux décisions à laquelle les fonctionnaires et assimilés vont directement être intéressés. Puisqu’elle parle de leur condition de rémunération et de traitement. Contenue dans un décret signé ce vendredi 07 mars par le président de la République qui "abroge toutes les dispositions antérieures contraires ", cette décision marque le traitement particulier des quelque 120.000 travailleuses et travailleurs de l’administration camerounaise.
Mais il faut y ajouter un autre décret portant revalorisation du taux de l’indemnité de non logement allouée aux personnels civils et militaires. Anciennement fixée à 12%, l’indemnité sera désormais calculée à 20% de la rémunération mensuelle de base. Comme l’augmentation des salaires, elle prendra effet dès le 1er avril prochain. Mais comme le souligne Jean Marc Bikoko de la Centrale du secteur public, une confédération de syndicats de la fonction publique, ces mesures favorables sont loin de rétablir une justice sociale ne serait-ce qu’entre les fonctionnaires.
" Pour un travailleur classé dans la catégorie " civil " qui entame sa carrière et se trouve à l’indice 530, indique un fonctionnaire, l’on verra que le bulletin de solde lui accorde environ 149.000 francs Cfa mensuels. Lorsqu’il sera en fin de carrière, à l’indice 1050 par exemple, il gagnera quelque 229.000 francs. Dans le même temps, un policier à l’indice 530 s’en tirera avec 213.000 francs et 360.000 francs au moment où il s’apprêtera à aller à la retraite. C’est à peu près pareil pour l’administration pénitentiaire et dans l’armée. Mesurez vous-même le gap ! "
Pour certains agents de l’administration en effet, tout le monde n’est pas sur le même pied d’égalité. Les policiers et autres " hommes en tenue " sont supérieurs aux ingénieurs, enseignants de quelque cycle qu’ils soient, médecins, etc. Aussi, pour Jean-Marc Bikoko, avant tout débat au fond, il s’agirait d’abord de rétablir les 75% des revenus amputés aux fonctionnaires en 1992 et 1993. Une mesure qui a réduit comme peu de chagrin les salaires aujourd’hui revalorisés des fonctionnaires, des contractuels d’administration, les agents de l’Etat, les décisionnaires et des hommes en tenue.
Pourtant, du point de vue du gouvernement, les mesures ainsi prises permettront d’améliorer le pouvoir d’achat des salariés de la Fonction publique. Tandis que des réaménagements de la fiscalité et des tarifs douaniers, d’ordre général, sont censés se répercuter sur le reste de la population non employée par l’Etat. Quoiqu’il en soit, le gap qui existait déjà entre les travailleurs camerounais en général, et entre les fonctionnaires et assimilés sur un plan particulier, ne va pas se réduire.
Aussi, peut-on se poser la question de savoir si le président de la République qui a pris ses décisions " après un rappel général du contexte économique et social de l’heure ", ne sera pas appelé à apporter plus des premières réponses à l’impatience qui se manifeste ". Tant il est vrai que 120.000 fonctionnaires ne représentent jamais plus qu’une part infime des ménages camerounais.