Le taux de croissance d’une économie comme la nôtre doit être élevé, plus de 7% par an et sur une longue période, pour entraîner une véritable réduction de la pauvreté de masse. Au Cameroun, le taux de croissance prévu dans le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) depuis avril 2003 n’a pas été atteint. En effet, alors que les experts prévoyaient un taux de croissance annuel moyen de 6 à 7% entre 2004 et 2015 pour pouvoir réduire le taux de pauvreté de moitié en 2015, la croissance réelle a plutôt connu une décélération depuis 2002, passant de 4,2% en 2002 à 4% en 2003, puis à 3,5% en 2004 et 2,8% en 2005. Elle a été de 3,2% en 2006 et elle était prévue à 2,9% en 2007. C’est pour cette raison fondamentale et pour bien d’autres que les autorités camerounaises ont entrepris la révision du DSRP d’avril 2003, en vue de l’élaboration d’un nouveau DSRP dit de seconde génération. Celui-ci couvrira la période quinquennale 2008-2012. Son élaboration suit un processus participatif, intégrant dans toutes ses étapes tous les acteurs de réduction de la pauvreté. Le 7 mars dernier à Yaoundé, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Louis Paul Motaze, a présidé la cérémonie de lancement des consultations participatives en cours dans les 58 départements du Cameroun et aux autres lieux retenus par les équipes ayant identifié les groupes à consulter.
Ces consultations sont organisées par des équipes constituées de facilitateurs et rapporteurs issus des administrations publiques et de la société civile. Elles sont menées auprès des groupes-cibles préalablement identifiés et constitués des représentants des administrations publiques, du secteur privé, de la société civile, du syndicat et des couches les plus défavorisées de la population. Au total, sept mille personnes environ issues des administrations publiques, du secteur privé, de la société civile et surtout des couches les plus vulnérables de la population seront consultées.
Ces consultations donnent lieu à des échanges d’informations entre les représentants des autorités et ceux des populations à la base sur : les réalisations du gouvernement et autres partenaires au cours de la période de mise en œuvre du DSRP (2003-2007) ; le bilan des populations sur cette mise en œuvre ; les propositions des populations pour améliorer les stratégies et politiques retenues dans le premier DSRP ; les propositions d’idées de projets et programmes prioritaires (des populations) susceptibles de contribuer efficacement à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la croissance. Il s’agit plus concrètement de recueillir leurs suggestions d’amélioration des politiques menées dans le cadre de la mise en œuvre du DSRP et leurs idées de projets ayant un fort impact sur la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la croissance économique.
Pourquoi est-ce que le gouvernement a-t-il décidé de réviser le DSRP d’avril 2003 ? La mise en œuvre de ce document a-t-elle permis d’atteindre les résultats escomptés en termes de réduction de la pauvreté chez les populations les plus défavorisées ? Quelles ont été les insuffisances relevées ? Que faire maintenant pour rectifier le tir dans le DSRP de deuxième génération en élaboration ? Que faut-il attendre des consultations participatives engagées ? Sur quels aspects faudra-t-il maintenant mettre un accent particulier pour atteindre des taux de croissance élevés afin d’espérer réduire de façon significative la pauvreté de masse ? Telles sont les questions centrales qui fondent le dossier que nous vous proposons.
Rousseau-Joël FOUTE
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