Le retour des dépouilles en terre camerounaise samedi a été un moment de vive émotion.
Triste soirée. Les chants choraux montent en une onde mélancolique ce samedi soir. Une chape de chagrin implacable est tombée sur les cœurs et les visages des dizaines de personnes venues attendre le retour des corps. Elle les oppresse cruellement. Çà et là, dans la foule ainsi massée dans un espace de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, des photos des étudiants disparus sont visibles. Les membres du gouvernement venus accueillir la délégation revenant de Conakry, avec à leur tête le ministre des relations extérieures Henri Eyebe Ayissi, affichent une mine grave. Même la nuit, parée du plus sombre de ses manteaux, semble avoir revêtu la tenue de circonstance. Il a plu et la lune s’est voilée. Elle brillerait de son plus bel éclat que cela ne changerait sans doute rien à l’atmosphère ambiante.
Puis vient le premier moment tragique au cœur de cette tragédie. Des étudiants camerounais venus de Guinée descendent de l’escalier avec gerbes de fleurs et photos des disparus. Une vague de chagrin déferle sur la foule. Ceux qui n’arrivaient pas encore à y croire reçoivent là la funeste confirmation. Elvis, Nadine, Claire, Boris, Manou et tous les autres, nés entre 1980 et 1990, sont bien morts. La chorale poursuit son office. Ensuite vient l’instant du contact visuel avec les cercueils. C’est un autre choc. Du tarmac s’élève un second concert de lamentations. Le vent qui souffle, s’enroulant autour des pieds par volutes glacées, ne sèche pas les larmes. Mais, pour consoler les cœurs, aider les esprits à traverser l’épreuve, il y a le service interreligieux. Musulman, protestant et catholique. Les hommes de foi prient le Tout-Puissant, dans son infinie bonté, d’accueillir ces âmes et de leur accorder le repos. S’ils sont auprès de Dieu, alors ils sont au meilleur endroit qui se puisse imaginer.
Au cours de la cérémonie, le ministre guinéen de l’Education nationale et de la Recherche scientifique, le Dr. Ousmane Souaré, prend la parole pour annoncer une nouvelle. Le conseil de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry, où les onze disparus poursuivaient leurs études, a décidé de leur attribuer des parchemins. Ainsi, des certificats de satisfecit ont été décernés aux étudiants les plus jeunes, et des diplômes de fin d’études aux plus avancés. « Vous n’êtes pas seuls dans la douleur. Ces jeunes avaient des collègues, des amis, mais aussi des parents en Guinée, où ils étaient intégrés ». C’est vraiment une grosse perte. Triste soirée.
AN
mboasawa
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